Dans le monde de Léa et Tom, les rues et les établissements scolaires ont des noms de femmes célèbres, et ce sont les hommes qui s’occupent des enfants. Comme dans toutes les écoles, on apprend que le féminin l’emporte sur le masculin, "parce qu’il est réputé plus noble que le masculin à cause de la supériorité de la femelle sur le mâle" . Il en est ainsi depuis la nuit des temps, et personne ne semble vouloir remettre en cause cet ordre établi. Pourtant, Léa et Tom voient bien que quelque chose ne va pas… Alors, ils se mettent à réfléchir, et détricotent ensemble les clichés de ce monde où règne la domination féminine.
Ce texte n'est pas un roman. Enfin pas au sens où on l'entend d'habitude. C'est plutôt une sorte d'essai filé ou de réflexion poussée sur un thème d'actualité, brûlant et au coeur de débats passionnés : l'égalité des sexes. Et de fait, la domination masculine, à tous les niveaux.
Pour un texte paru dans la collection Neuf à l'école des loisirs, je trouve ça vraiment audacieux mais en même temps tout à fait justifié et pertinent.
En imaginant un monde où la femme serait la figure dominante, Florence Hinckel nous fait une belle démonstration des grandes inégalités qui perdurent encore aujourd'hui, malgré tout ce qu'on peut en dire.
A travers onze courts chapitres comme autant de petites leçons, elle nous montre l'absurdité de ces différences et combien elles touchent tous les domaines. Par exemple, concrètement : Combien y a t-il de rues portant un nom de femmes? (dans Renversante, c'est pour les hommes puisque tout est inversé) Très peu. Pourquoi les héros de films, de livres, de BD ont, au cours de l'Histoire, majoritairement été des hommes? A travers les questions que se posent les deux enfants, on avance, on comprend, on explique et on réfléchit. C'est habile. Parfois compliqué à suivre et à transposer je l'avoue, mais très habile.
Dans son texte, elle ne fait pourtant que décrire des faits concrets et des situations dans lesquelles les femmes (les hommes dans Renversante) sont encore aujourd'hui enfermées.
Ce n'est pas moralisateur, ce n'est pas excessif. C'est juste la réalité. C'est assez perturbant.
Florence Hinckel réussit à nous faire comprendre beaucoup de choses en très peu de pages.
C'est simple, efficace et parlant. Après lecture, on ne peut pas nier la teneur du message porté par ce roman, ni son importance.
Je suis bluffée.
Ce texte mérite vraiment d'être lu par tous et toutes tant il est essentiel de faire évoluer les mentalités pour enfin atteindre une vraie égalité des sexes.
Les illustrations de Clothilde Delacroix interviennent à chaque début de chapitre, annonçant une idée qui va être évoquée dans les pages suivantes ou reprenant un passage à venir.
En noir et blanc, avec humour (et un côté dessin de presse), Clothilde Delacroix ajoute un vrai plus à ce petit roman. Son illustration est aussi un moyen de faire passer le message.
Et en fin d'ouvrage, retrouvez la frise des "grandes avancées" du mouvement masculin.
Edifiant.
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