J’ai déjà longuement parlé d’Annelise Heurtier dans un précédent article ( ICI : je vous prouve que je suis fan )
Je vais en remettre une couche avec ma lecture de Refuges.
Mais, ça y est. Je n’ai plus de romans à lirre de cette autrice que j'affectionne tout particulièrement … AH ! Il va falloir que j’attende la rentrée. Apparemment, il y aura de la nouveauté à ce moment là (un titre déjà : La fille d’avril).
Mais pour l’instant, je ne peux que patienter en repensant aux jolis moments que j’ai passés en compagnie de ses magnifiques romans.
C’est l’été. Mila, une jeune italienne de 17 ans, vient passer des vacances sur l’île de Lampedusa où elle venait étant enfant. Cela fait quelques années que ses parents et elle n’y ont pas remis les pieds.
Depuis le drame qui a touché la famille, la souffrance était trop grande et les souvenirs trop présents pour retourner sur l'île.
Mila espère pouvoir passer un maximum de temps seule pour explorer les beautés de Lampedusa mais aussi partir à la recherche de ses souvenirs d’enfance.
Quelques jours après son arrivée, elle rencontre Paola, la belle et charismatique Paola. La jeune fille la trouble. Paola accompagne Mila dans ses escapades. Petit à petit, Paola va l’aider à voir la vie autrement.
Au milieu du récit du séjour de Mila, d’autres voix se font entendre. Ce sont celles de jeunes filles et garçons venant de la corne de l’Afrique et plus précisément d’Erythrée et d’Ethiopie.
Amir, Saafiya, Amanuel, Meron, Pietros, Meloata, Gebriel, Awat.
Comme des milliers d’autres avant eux, ils ont décidé de fuir un pays qui les oppresse pour la promesse d’un ailleurs meilleur. Mais à quel prix ?
Tous les livres d’Annelise Heurtier m’ont fait le même effet : un choc voire un électrochoc.
Elle aborde, dans chacun de ses romans, des thèmes d’actualité, forts et sensibles.
Après l’anorexie, le handicap, le racisme, le travail au sein d’une association humanitaire (entre autres), Refuges parle ici des migrants.
Là encore, Annelise Heurtier confronte deux points de vue et deux mondes complètement opposés.
D’un côté, Mila, cette jeune fille, aveuglée par ses propres problèmes, ne voit pas ou ne veut pas voir ce qui se passe autour d’elle.
Pour elle, Lampedusa est un lieu idyllique et elle n’a pas conscience des événements dramatiques qui s’y déroulent régulièrement. Pour qu’elle ouvre les yeux, il va falloir l’intervention de quelqu’un. Mila se rendra compte que Lampedusa n’est pas que le beau paysage de carte postale qu’elle s’était imaginée mais que l’île est aussi le théâtre de tragédies humaines.
De l’autre côté, on a le récit de tous ses adolescents qui ont fait le choix de quitter leur pays. Tous en ont conscience : le voyage sera difficile, horrible peut-être même fatal. Mais rester dans leur pays n’est plus une option. Rester veut aussi dire souffrir ou mourir. Leur point commun à tous : une détresse immense. Les passages les concernant sont tout simplement poignants.
Annelise Heurtier sait encore une fois s’y prendre. Elle nous met face à la sombre réalité à travers des témoignages, des parcours de vie tous différents mais qui convergent tous vers un même but : l’envie de s’en sortir, l’envie de vivre.
C’est habilement construit, merveilleusement bien écrit et terriblement émouvant. (je me répète, je me répète mais c’est tellement vrai!)
Comme l’explique Annelise Heurtier à la fin de son roman, l’écriture de ce texte a été influencée par le drame survenu en 2013. Pour rappel : 366 migrants avaient trouvé la mort au large de l’île de Lampedusa. Elle a néanmoins situé l’action de son livre avant. Parce qu’avant ce drame, il y en a eu de nombreux autres dont on n’a pas forcément parlé.
C’est un sujet très peu traité en littérature jeunesse. Et il fallait tout le talent de cette autrice (des compliments, des compliments mais elle le mérite ) pour l’aborder avec justesse et réalisme, mêlant la beauté de l’île et l’horreur de ce qui se trame sur ses rivages.
Magistral ! Ce roman fait passer un message, informe et sensibilise sans devenir assommant ou complètement plombant. C’est juste, c’est émouvant. C’est beau.
Annelise Heurtier est décidément une vraie passeuse d’histoires qui nous pousse à sortir des sentiers battus, à regarder ce qui dérange et à nous ouvrir aux autres. (je l’ai déjà dit aussi mais tant pis)
MERCI Annelise Heurtier!
Et encore une fois, je ne peux que vous inviter à vous plonger dans la bibliographie de cette autrice exceptionnelle.
Pour ceux qui aiment les romans qui bousculent.
Pour ceux qui veulent voir la réalité en face.
Pour ceux qui veulent voyager.
Pour ceux qui aiment les belles histoires émouvantes.
A partir de 13-14 ans.
"Je le sais depuis que je suis tout petit : l’Europe, c’est la promesse d’une vie meilleure. Je suis fort, courageux.
La fatigue ne me fait pas peur.
Là-bas, je serai discret, laborieux, je ferai les travaux dont personne ne veut.
Je serai heureux de ce qu’on me donnera. Je n’irai pas pour prendre la place de qui que ce soit. J’irai parce que je suis né au mauvais endroit. J’irai parce que j’ai envie de vivre."
P.167
"Mila sentit un immense sourire fleurir à l’intérieur d’elle-même et il lui sembla que ce sourire, même lorsqu’il serait fané, persisterait en elle d’une manière ou d’une autre, comme l’empreinte d’une expérience à part, en dehors du monde et du temps."
P 214
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