"L'infirmière Sylvie de l'UAT, elle dit souvent : "Le monde est une soupe. Et toi, Annie, tu es une fourchette. C'est aussi simple que ça." Ça veut dire on va pas ensemble, le monde et moi. Velma, c'est une grande cuillère et Maman, c'est carrément une louche. Parfois ça me rend triste, parfois ça va."
#CommeLeDisaitLaMistinguett...
Je l’attendais avec une grande impatience ce nouveau roman d’Emilie Chazerand.
Et le voilà : Annie au milieu. Un roman comme seule Emilie Chazerand sait en écrire. Un texte drôle, triste, osé, original, loufoque, touchant, unique.
Ce livre, c’est celui de trois personnages : Harold, Velma et au milieu, Annie.
Alternativement, on écoute les voix des trois membres de cette même famille.
Harold est l’aîné. Un garçon que tout le monde apprécie, qui donne le change et qui semble bien dans sa peau. Qui semble… Car Harold cache bien son jeu. Il aimerait qu’on l’écoute. Il aimerait dire ce qu’il a sur le cœur. Oui, mais il n’ose pas. Et puis, il y a Annie….
Velma, c’est la benjamine. Réservée, effacée, elle ne prend pas de place. Elle se sent invisible. Elle aimerait qu’on fasse plus attention à elle, parfois. Qu’on l’écoute aussi. Mais, il y a Annie...
Annie au milieu. Annie qui rayonne et qui retient l’attention. Annie pleine de vie. Annie qui a un chromosome en plus. Annie avec sa trisomie 21.
Annie est une héroïne à part. Sa voix fait vibrer ce livre, vraiment. Avais-je déjà lu un roman qui donne la parole à une personne atteinte de cette maladie génétique ? Jamais. Est-ce qu’Emilie Chazerand parvient à la faire sonner juste? Pour moi oui. Annie nous parle avec innocence. Elle nous fait rire sans que l’on ait envie de rire d’elle. Jamais. Elle est touchante.
Elle est aussi une grande fan de Dalida et ça, pour moi, c’est quelque chose (j'ai une passion secrète pour la chanteuse).
J’ai vraiment aimé l’entendre nous raconter (Annie, pas Dalida) sa famille, ses problèmes, ses joies.
Si Annie est au milieu, il y a aussi ce frère et cette sœur qui peinent à trouver leur place sur les côtés. Je les ai tout autant aimés. Difficultés personnelles, familiales, identitaires… leur vie tourne autour d’Annie mais pas que.
Et puis il y a toute une galerie de personnages épatants qui gravitent autour : la grand-mère imbuvable mais très cash qui balance à tous et toutes leurs quatre vérités (j’aimerais être parfois un peu comme elle, sans être aussi peau de vache), Dolorès, la coach de danse qui "tyrannise" la famille d’Annie ou encore le très touchant Hui Zhou (dont la mère s’appelle Bi…Jeu de mots qui fonctionne avec moi) ami d’Annie mais aussi bientôt de toute la famille.
La fratrie n’est pas livrée à elle-même. Il y a aussi des parents à l’origine de ses enfants. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils font ce qu’ils peuvent. Je les ai trouvés courageux. Ils m’ont fait réfléchir. Vraiment. Comment aurais-je réagi à leur place face à la maladie ? Peut-on juger leurs actes ? Non, bien sûr que non. Et nous ne sommes pas là pour ça.
Il y a un spectacle qui se prépare. Et on a très envie de voir ça.
Je suis totalement conquise (le mot est faible) par ce nouveau roman de cette autrice que j’aime tant. Sur un air de Dalida mais aussi d'Orelsan (grand écart parfait), Annie nous prend par la main, nous fait tournoyer, nous renverse le cœur et rire aux éclats en même temps. Un livre éclatant et inoubliable.
A lire absolument !
#PourQui?
Pour ceux et celles qui cherchent un roman pour rire mais aussi pleurer un peu.
Pour ceux et celles qui rêvent de faire partie d'une équipe de majorettes ou pas...
Pour ceux et celles qui aiment les livres qui osent parler de tout et qui le font bien.
Pour ceux et celles qui cherchent à rencontrer des personnes formidables.
Pour tous et toutes à partir de 14 ans.
#VosCommentaires