Nos mains en l'air... Un titre poétique qui fait habilement référence aux deux héros de cette histoire.
Pour Victor, 21 ans, il fait écho à l’activité professionnelle très particulière de sa famille : les braquages. Si jusqu’à présent, le jeune homme s'est soumis à l’autorité paternelle en acceptant de participer à l’affaire familiale, il aimerait aujourd’hui faire autre chose de sa vie. Toute cette violence lui est devenue insupportable.
Pour Yazel, 12 ans, c'est une allusion à son handicap. Elle est sourde. Ses mains, elle les fait virevolter pour s’exprimer, même si elle n'utilise plus autant la LSF depuis qu'elle vit chez sa tante Odile, une femme froide et rigide. Yazel regrette tant que ce soit elle qui l'ait recueillie à la mort de ses parents...Faire son deuil aurait été moins douloureux si elle avait pu rester auprès de ses grands-parents.
Il n’y avait a priori aucune chance ou presque que les routes de Yazel et Victor se croisent. Et pourtant, Victor reçoit l’ordre d’aller effectuer un cambriolage dans une riche maison d'Angers. L’adresse indiquée est celle de Yazel. C’est le soir et la jeune fille est seule, dans son lit. Elle accueille Victor, le malfaiteur, avec une décontraction et un naturel qui le désarment.
De façon toute aussi surprenante mais spontanée, elle lui demande de l'emmener avec lui, loin de cet endroit où elle ne se sent pas chez elle. Victor, décontenancé par l'aplomb et l’étonnante personnalité de Yazel, est profondément touché. Il accepte.
Sans vraiment réfléchir aux conséquences, ils prennent quelques affaires, un peu d'argent à Odile, montent dans la Peugeot rouge de Victor, direction la Bulgarie pour y disperser les cendres des parents de Yazel.
Ce voyage improvisé et un peu fou est peut-être aussi le seul moyen de sauver ces deux âmes en peine.
“-Et toi, tu as peur? lui demande Victor.
Elle hausse les épaules l’air tranquille.
-On s’en fiche, c’est l’aventure!"
Nos mains en l'air est effectivement le récit d’une aventure hors du commun. Si le voyage imaginé par Coline Pierré peut sembler invraisemblable, on y croit pourtant tout de suite. Pourquoi ? Parce que Victor et Yazel, les deux acteurs de ce road trip pas comme les autres, sont vraiment attachants.
Enfermés dans une existence qui ne leur correspond pas, auprès d’une famille qui ne les comprend pas, ils sont clairement en manque d’amour. C’est très touchant de les voir, ensemble, apprendre à se connaître, être là l’un pour l’autre tout en tentant de trouver un nouveau sens à leur vie malgré l’absurdité de la situation dans laquelle ils se trouvent. C’est cette relation si particulière entre les deux héros qui donne toute son intensité à ce roman. Plus fort que de l’amitié, entre eux, c’est de l’amour, pur et vrai. Yazel et Victor, c’est une évidence, malgré toutes leurs différences.
L’autre aspect percutant de ce texte est la façon dont la surdité est abordée : avec un mélange de pudeur et de franc-parler. Comme Victor, auprès de Yazel, on en apprend énormément sur le sujet et sur ce que cela implique de pas entendre le monde qui nous entoure.
Avec Nos mains en l’air, l’autrice nous livre un roman plein d’optimisme, de générosité, d’humanité, de justesse, d’émotion et d’humour. Un beau voyage qui, pour moi, restera inoubliable.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires d'amitié envers et contre tout.
Pour ceux et celles qui rêvent de tailler la route.
Pour ceux et celles qui veulent en savoir plus sur le monde de ceux qui parlent avec leurs mains.
Pour ceux et celles qui aiment les belles histoires.
Pour tous et toutes à partir de 13-14 ans.
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