J’ai lu Summer kids sans savoir à quoi m’attendre. Je ne connaissais pas Mathieu Pierloot mais le titre sonnait bien et la couverture, pleine de promesses, sentait bon l’herbe fraîche.
J’ai eu la chance de recevoir ce roman en avant-première et de le lire dans la foulée, sans à priori, juste sur l’envie du moment.
C’est une fois ma lecture terminée (et adorée) que je me suis aperçue (avec joie) que c’était plus ou moins une suite et que je pouvais retrouver les personnages qui m’avaient tant charmée dans un autre livre paru deux ans auparavant : En grève ! De fait j’ai lu le deux, puis le un… mais cela n’a en rien gâché l’une et l’autre de ces lectures.
J’ai passé de très bons moments en compagnie d’Antoine, Medhi, Alice et Hannah. J’en redemande !
Antoine, Mehdi, Alice et Hannah forment une bande de copains soudée malgré leurs différences. Pour caricaturer, Antoine est l’intello de service, Mehdi le tombeur de ces dames, Alice l’adolescente au caractère bien trempé et Hannah, la jolie fille qui, l’air de rien, fait craquer tous les garçons.
Dans ce premier volet, les quatre amis vont se retrouver au cœur d’un mouvement social suite à la suppression de postes dans l’éducation nationale. Organisation, préparation, discussions et manifestation, chacun s'y implique à sa façon. Si pour certains l’engagement est réel, pour les autres, c’est surtout l’occasion de passer le temps, de faire comme les autres, de s’amuser ou de draguer…
On retrouve Antoine et les autres à la fin du lycée. C’est l’été qui suit l’obtention du bac. Antoine est au bord du gouffre suite à sa rupture (qu’il ne s’explique pas) avec Hannah, dont la relation débutait tout juste à la fin de En grève ! (oui, je vous parle de la fin mais ça ne gâchera pas votre lecture)
Et puis, il ne sait toujours pas ce qu’il va faire après l’été… Il ne s’est pas encore décidé, au grand dam de sa mère.
D’ailleurs, à la maison, les relations avec celle-ci sont tendues depuis qu’elle a un nouvel homme dans sa vie. Ce n'est pas auprès de son frère collé à son écran ou de son père aux abonnés absents que le jeune homme peut espérer trouver du réconfort;
De fêtes arrosées avec Mehdi et Alice en coups de blues, Antoine décroche tout de même (il ne sait pas trop comment) un job dans une maison de retraite.
Mais la déprime le guette…
Va-t-il se sortir Hannah de la tête ?
J’ai beaucoup aimé ces deux romans. Je les ai trouvés très rafraîchissants même si pourtant la situation des héros n’est pas toujours au beau fixe.
L’écriture de Mathieu Pierloot et le ton humoristique qu’il adopte permettent de désamorcer le côté dramatique.
Même si j’ai trouvé intéressant le côté militant du premier opus, j’ai vraiment plus été touchée par le deuxième.
Antoine traînant sa peine de cœur et son indécision dans les soirées, noyant tout son mal-être dans l’alcool, m’a émue.
Ne pas savoir quoi faire, être perdu, incapable de prendre une quelconque décision ou complètement anéanti par un chagrin d’amour… Qui n’a jamais vécu un tel moment dans sa vie ? Eh bien, je trouve que Mathieu Pierloot nous décrit cette détresse avec beaucoup de justesse à travers le portrait d’Antoine.
Sa peine de cœur m’a parlée comme son envie de comprendre le pourquoi de l’arrêt brutal de cette histoire dans laquelle il s’était beaucoup investi. Cette relation amoureuse avec Hannah sonne juste. D'ailleurs, toutes les relations qui se nouent et se dénouent m’ont semblé tout à fait réalistes et j’avais un peu l’impression de revivre mes années lycée.
Et puis à côté de ça, il y a aussi énormément d’humour. Mathieu Pierloot en a beaucoup et de fait, Antoine aussi. Et il m’a bien fait rire. Les moments qu’il passe à la maison de retraite sont, pour la plupart, vraiment savoureux, par exemple. J’ai adoré son côté indécis qui pourtant en énerve plus d’un. Il m’a fait penser à moi.
Les autres personnages de ce roman apportent tous quelque chose : Mehdi un peu de légèreté, Alice une bonne dose de franc-parler et Hannah, beaucoup de questions… Et puis Noëmie, beaucoup de spontanéité et de bonne humeur.
Il y est aussi question de la famille et des difficultés rencontrées quand elle est recomposée ou ici plutôt décomposée…
L’émotion est là aussi, beaucoup plus présente dans le deuxième. Certains passages sont très émouvants comme ceux concernant le père d’Antoine mais aussi avec l’un des résidents de la maison de retraite.
Bref, je vous invite très fortement à découvrir Summer kids mais aussi En grève !, en attendant avec une grande impatience, Mathieu Pierloot l’a affirmé, un troisième volet.
A l’école des loisirs pour l’envoi de ce roman et la chouette rencontre littéraire que cela m’a permis de faire. A Mathieu Pierloot de m’avoir ramenée quelques années en arrière, dans les affres de l’adolescence. J’ai découvert un auteur que je vais suivre de près (façon de parler).
Pour les grands adolescents qui se cherchent.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour qui finissent mal ou pas.
Pour ceux qui aiment les héros comme vous et moi.
Pour ceux qui ne veulent pas que l’été se termine.
Pour tous à partir de 14-15 ans.
"- Bouge-toi un peu, ai-je dit, on va finir par être à la bourre...
- Tu ferais bien d'en faire autant au lieu de râler. C'est pas avec tes fringues de clodo et ta tête de chien battu que tu vas réussir à te taper une fille.
C'est vrai que je n'étais pas la joie de vivre en personne. Je m'estimais toutefois doté d'un humour savoureusement décalé, lequel s'accordait parfaitement à mon physique de binoclard rachitique ; l'ensemble conférait à ma personne (du moins, je me plaisais à le croire) le charme suave d'un Woody Allen de province."
p.7 En grève !
“- Tu sais qu’en temps normal ce genre de nana ne t’adresserait même pas un regard. Dois-je te rappeler que tu n’es pas vraiment un Apollon, Toni?
- La séduction, ce n’est pas qu’une affaire de physique, ai-je objecté.
- Discours typique des moches, a répondu Medhi.
- Les moches t’emmerdent.”
p.47 En grève !
“ - J’apprends vite, ai-je murmuré. Et je suis autonome.
Je disais n’importe quoi.
A cet instant précis, je voulais à tout prix ce boulot. Je le voulais vraiment. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en avais aucune idée.”
p.48 Summer kids
“- Vous ressemblez à mon défunt mari.
- Ah bon?
- Comme deux gouttes d’eau.
(...)
- C’était un petit maigrichon dans votre genre. Très laid. Il s’appelait Hyacinthe. N’est-ce pas le prénom le plus ridicule que l’on puisse donner à un être vivant?
(...)
- Il était si moche que ça? ai-je demandé alors que je connaissais parfaitement la réponse.
- Hideux! Et myope comme une taupe avec ça ! Comme vous ! s’est-elle exclamée en riant.”
p.91 Summer Kids.
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