En voyant arriver ce nouveau roman de Nancy Guilbert, j’étais convaincue qu’une fois la première page tournée, je serais, comme à chaque fois, emportée.
Et effectivement, c’est comme ça que cela s’est passé.
J’ai ouvert ce livre et rencontré Birdie, Siam, Yzac, Skye, Curtis, Sinead et Fiona…
Et très vite, j’ai su que l’histoire de ces personnages n’allait pas me laisser de marbre.
Nancy Guilbert s’appuie sur un pan méconnu de l’histoire irlandaise pour construire un récit particulièrement touchant.

"Quand leur van délabré tombe en panne en pleine campagne irlandaise, elle a l’impression de toucher le fond. Pourtant, la famille dysfonctionnelle découvre enfin la chaleur d’un foyer grâce à l’hospitalité de Curtis et de son petit-fils Siam, qui semble comprendre Birdie mieux que personne. Sa vie à lui aussi est ponctuée de silences et de non-dits. À tel point qu’elle commence à se poser des questions. Pourquoi leur escale semble-t-elle chargée de tant de mystères ? Et quels secrets cache la fuite désespérée de sa mère ? En menant l’enquête avec Siam, Birdie s’approche d’une vérité qui pourrait bouleverser sa famille à tout jamais…"

Comme son précédent roman (Gazelle ​Punch paru chez Slalom), Nancy Guilbert pousse tous les personnages qu’elle met en scène dans leurs retranchements. Il faut dire que tous sont un peu cabossés par la vie. Qu’ils s’en veulent des erreurs du passé, qu’ils cherchent à comprendre, qu’ils cherchent à cacher des secrets, qu'ils cherchent à vivre ou à aimer… tous à leur manière sont tourmentés. Ils sont touchants.
Chacun est différent mais tous portent en eux quelque chose - une souffrance enfouie, un manque, une colère - qui les empêchent d’être heureux.
Alors que cet accident de van semble fortuit et cette cohabitation un peu forcée, tous et toutes vont vivre une expérience humaine forte qui va les amener à enfin à se libérer.

Nancy Guilbert, pour construire ce récit et nous faire comprendre les différents problèmes des uns et des autres, donne la parole à quatre personnages : Birdie, jeune fille qui voudrait vivre une vie normale et ne plus subir les coups de tête de sa mère, Siam, jeune garçon aveugle qui vit auprès d’un grand-père présent mais distant, Yzac, le petit frère de Birdie qui garde sa joie de vivre quoi qu’il arrive mais qui ressent toutes le tensions environnantes, et enfin Skye, la voix du passé.
Car effectivement, il y a dans ce roman un personnage qui n’est pas présent mais dont l’histoire s’immisce dans celle des autres :  Skye, une adolescente qui a été enfermée contre son gré dans ce qu’on appelait “un couvent de la Madeleine”. En effet, au XIXe siècle, des milliers de jeunes filles ont été envoyées dans ces établissements, des blanchisseries, tenues par des religieuses. Les conditions de vie y étaient mauvaises, les pensionnaires étant victimes de divers sévices. On découvre donc avec Skye le quotidien de ces jeunes filles mises à l’écart car jugées impures. Il fallait laver le déshonneur qu’elles avaient jeté sur elle et leur famille.
Pour être tout à fait honnête, je n’avais pas une grande connaissance de ce sujet jusqu’à il y a peu. Cependant, juste avant de lire le texte de Nancy Guilbert, j’ai eu l’occasion d’en lire un autre sur ce thème (je vous en reparlerai bientôt) et cela m’avait passionné et horrifié.

De fait, Sweet Home prend une autre dimension avec cet éclairage historique qui n’est pas là par hasard.
Il n’en reste pas moins, qu’au présent, les relations qui se nouent entre les différents personnages sont tout aussi prenantes. L’autrice sait y faire.
Pour les rapprocher, elle y saupoudre des accords de musique, des lignes d’écriture, des cris, des larmes mais aussi les rires d’Yzac couplés aux joyeux aboiements de Pepper.
La magie prend et l’on assiste à de très beaux moments que je ne vais pas vous dévoiler… Ça serait dommage.

Comme vous l’aurez compris (je l’espère ;-) à la lecture de ces quelques lignes, j’ai passé un excellent moment avec Sweet Home.
Il m’a permis de faire de merveilleuses rencontres mais aussi, je ne l’ai pas vraiment dit, de voyager en Irlande. Car même si le road trip de la famille de Birdie est écourté, on s’immerge dans le pays avec ses falaises, ses landes, ses plages. Cela m’a encore plus conforté dans l’envie d’aller un jour là-bas et découvrir cet endroit si particulier.
En attendant, je vous invite à lire ce très joli roman.

Pour ceux et celles qui rêvent d’aller en Irlande.
Pour ceux et celles qui aiment la musique des mots et des notes.
Pour ceux et celles qui aiment quand le passé s’invite dans le présent.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires de famille compliquées.

Pour toutes et tous à partir de 13 ans.