Avec Nos bombes sont douces, je découvre coup sur coup un auteur, Frédéric Vinclère, et un éditeur, Le Calicot.
Pour être tout à fait honnête, sans le projet de Mes premières 68, je ne suis pas sûre que je me serais penchée sur ce roman. Mais comme la vie est bien faite (parfois), j'ai eu ce texte entre les mains et j'en suis rétrospectivement plutôt satisfaite.
Nos bombes sont douces parle d'engagement, d'amour et d'écologie mais aussi de foot et surtout de rêves brisés et de ceux à reconstruire.
Un mélange détonant mais efficace.
"Le foot a toujours fait rêver Joris, au point d'arrêter le lycée. Margaux lui fait perdre la tête, alors qu'elle le méprise. Ses parents sont fleuristes mais leur entreprise est menacée. Son oncle, jardinier rebelle, mène une bataille pour que les plantes remplacent le bitume. Autour d'eux, la ville se meurt et la mairie ne mise que sur une nouvelle zone commerciale. Autant de bombes qui germent, prêtes à exploser."
Nos bombes sont douces, alors même que je m'y lançais un peu sceptique, m'a vraiment tout de suite captivée.
Je me suis prise d'affection pour Joris, jeune homme au rêve avorté qui n'ose pas avouer à sa famille que le ballon après lequel il courait depuis des années vient définitivement de lui échapper.
Tout de suite aussi, j'ai trouvé passionnant le combat mené par son oncle. Je me suis prise au jeu (sérieux) de leurs actions et de leur projet.
Frédéric Vinclère réussit dans ce texte à mêler habilement le combat personnel de Joris à ceux plus larges et publics que mène son oncle.
La question de l'engagement est partout dans ce livre : engagement dans la vie, auprès des autres, pour une cause ou pour l'avenir.
Joris, dépossédé de ce qui le définissait, le foot, va devoir réfléchir à un autre sens à donner à son existence. Il va faire le point sur ce qu'il est et ce qu'il va ou veut devenir. Cet échec dans le foot n'est-il pas au final une chance de s'ouvrir au monde, aux autres et de savoir ce qu'il veut vraiment, en dehors de toute pression paternelle?
Se greffe à ce parcours d'adolescent, une autre intrigue, plus sociale et économique autour de la création d'une zone commerciale. Le projet créateur d'emplois à court terme aura des conséquences dramatiques sur la durée. Entre ceux qui le soutiennent et ceux qui le contestent, les habitants du village sont partagés. Et le groupe des Poucets, celui de l'oncle de Joris, met en place un plan d'action pour faire entendre leurs arguments contre ce projet.
Frédéric Vinclère nous place au coeur des discussions, des réflexions du groupe. C'est passionnant.
Joris va lui aussi être galvanisé par l'énergie déployée par les membres du collectif.
Mais il a aussi un autre sujet de préoccupation : Margaux. Joris est troublée par la jeune fille qui ne s'intéresse pas le moins du monde à lui. Pourtant l'indifférence de l'adolescente va se transformer en agressivité. Joris n'y comprend rien.
Au final, Joris est perdu à tous les niveaux et il va devoir trouver des personnes, des idées et des combats auxquels se raccrocher.
Frédéric Vinclère dresse un beau portrait d'adolescent confronté à des problématiques de son âge mais aussi à celles du monde actuel. D'une écriture fluide et efficace, l'auteur nous plonge au coeur de combats différents mais tous aussi exaltants.
Nos bombes sont douces est une très belle surprise.
Pour ceux et celles qui veulent s'engager.
Pour ceux et celles qui aiment les romans qui parlent de thématiques d'actualité.
Pour ceux et celles qui se posent des questions sur leur avenir.
Pour tous et toutes à partir de 13-14 ans.
Ce texte fait partie de la sélection 13 ans et plus de Mes premières 68.
#VosCommentaires