Très vite ou jamais

Soumis par HashtagCeline le sam 02/05/2020 - 14:36
“Ce que j’ai sur le coeur, c’est simple, je ne peux en parler à personne. Alors il faut que je l’écrive. Il faut que j’évacue ce trop-plein de désespoir et de colère qui m’étouffe. Une colère de dingue, Nils, tu n’imagines même pas. La rage à l’état pur.”
#RitaFalk

 

D’après ce que j’ai pu voir, Très vite ou jamais est le seul roman ado traduit de l’autrice. Je ne sais pas si elle en a écrit d’autres . Je ne parle pas du tout allemand alors mes recherches ont tourné court. 

En tout cas, je ne peux que remercier les éditions Magnard de proposer ce texte dans leur collection M Les Romans dans laquelle j’ai déjà fait de très belles découvertes en littérature étrangère ( Trois petits mots de Sarah N.Harvey) ou française ( Deux secondes en moins de Marie Colot et Nancy Guilbert, Direct du coeur de Florence Médina, Mon été complètement givré de Gwendoline Raisson ou L’espoir sous nos semelles d’Aurore Gomez)

C’est un coup de coeur pour ce roman traduit de l’allemand ( “best-seller” dans son pays d‘origine) dont le ton, la narration et l’histoire m’ont à la fois bousculée et vraiment émue !

 

#QuatrièmeDeCouv'

 

J’ai intentionnellement coupé une partie du résumé de la quatrième de couverture. Si vous le pouvez, ne lisez pas tout. Cela en dévoile presque trop !

“Jan et Nils ont vingt et un ans et sont amis depuis toujours. Ils sont entourés, heureux, et l'avenir leur sourit. Jusqu'à ce jour de février, où Nils rate un virage à moto et sombre dans un coma profond. Son pronostic vital est engagé.

Chaque jour, pendant un an, Jan rend visite à son ami, guettant le moindre signe d’amélioration. Entre ses visites, il lui écrit des lettres dans lesquelles il lui confie ses espoirs, ses angoisses, tout ce qu'il vit sans lui. Ces lettres, il a l’intention de les remettre à Nils lorsque celui-ci sortira de l’hôpital, afin qu’il lui reste une trace de tout de temps qu'il aura passé à dormir. (...)”

 

#MyFriend...

 

J’ai immédiatement aimé le ton de ce livre. Jan, le narrateur, m’a tout de suite été sympathique. Avec son franc-parler, son naturel, son optimisme, sa chaleur humaine, il m’a charmée dès le début. 

Et Jan ne fait que nous donner des raisons de l’aimer, comme le démontre son dévouement pour son ami, le temps qu’il passe auprès de lui. C’est touchant cette amitié à la vie à la mort. 

Jan se donne aussi corps (c’est que le cas de le dire- vous comprendrez pourquoi) et âme pour les résidents de la clinique psychiatrique qu’il a baptisée “Le Nid de coucous” (cela fait rire tout le monde, même les principaux concernés), endroit où il effectue son service civil. Il ne compte pas ses heures et s’investit beaucoup. C’est aussi sans doute pour se changer les idées...

Mais difficile d’oublier Nils. Et Jan s’est donné une mission : tenir un journal des événements pour lui, Nils, son meilleur ami. Car il n’y aurait pas de roman sans lui et le drame qui l'a touché : l’accident de moto qui l’a plongé dans un coma profond. Il s'est déjà écoulé six semaines au moment où le roman débute.

Autour de Nils et Jan, il y a a toute une bande de copains : Stephan, Rick, Lukas, Michael et Nelly, la petite amie. Sous le crayon de Jan qui écrit tout mais vraiment tout, se dessinent les contours de rapports qui se délitent. Les uns n’osent plus venir, des secrets sont révélés (un surtout!) et autour du lit d’hôpital de Nils, ça se déchire. Certains moments sont assez terribles. Et le désespoir des uns et des autres est palpable.

“J’étais donc aux premières loges pour regarder ce qui se passait. J’ai fixé le vieux marronnier en attendant que la pièce commence. Ca a pris un peu de temps. Au bout d’un moment, quoique très timidement, Nelly s’est assise à côté de toi. A partir de là, tout est  allé très vite.”

Le temps passe et tout part en vrille. Sauf Jan. Lui, il garde espoir. Cette amitié est tout pour lui. Il se raccroche au passé et écrit le présent pour ne pas sombrer.

Ses lettres sont drôles, la plupart du temps. Jan a du talent pour raconter des choses simples. C’est sans doute parce qu’il s’adresse à Nils, son meilleur ami, et que du coup, il est honnête, simple et naturel.

Alors le temps continue de passer avec des hauts et des bas, des disputes, des rendez-vous interdits dans la buanderie du Nid de Coucous, des pauses "clope" en cachette avec Soeur Barbara, des concerts improvisés de trombone, des beaux moments de complicité avec Mme Stermmerle, une résidente, des bières bues et d’autres abandonnées sans y avoir touché, des virées en moto (encore, quand même), des mises au point, des sauvetages, du lâcher prise, la vie ou la mort.… 

En tout cas, si Nils ne peut pas lire ces lettres, nous, on prend un plaisir immense à le faire. C’est un procédé narratif intéressant qui permet ici de mettre à distance le malaise de la situation et le fait que derrière tout cela l’angoisse, la tristesse et la mort ne sont pas loin. 

A chaque nouvelle lettre, on tremble d’apprendre une mauvaise nouvelle. Une fois la peur passée, on peut rire des anecdotes racontées. Elles ne le sont pas toutes non plus. Même si Jan essaie de garder le moral et un ton positif! 

Bref, je ne veux pas trop en dire sur ce roman. En tout cas, moi, il m’a vraiment touchée. Le sujet n’était pas facile à aborder et Rita Falk le fait avec humour, lucidité (aucun détail ou presque ne nous est épargnés), émotion (Jan est très touchant et encore plus à mesure qu’on apprend à le connaître). On voit vraiment comment la vie s’organise dans des situations difficiles comme peut l’être celle d’avoir un être cher dans le coma. 

Avec cette attente terrible, ascenseur émotionnel épuisant moralement...

“Quand je lui ai dit depuis combien de temps t’étais dans le coma, elle a eu l’air de trouver ça embêtant ; 

- Le coma, on en sort très vite, ou jamais.” 

C'est un formidable roman et un gros coup de coeur !

 

#PourQui?

 

Pour ceux et celles qui aiment les histoires d’amitié très fortes.

Pour ceux et celles qui aiment rire et pleurer en même temps.

Pour ceux et celles qui aiment les romans sous forme épistolaire.

Pour tous et toutes à partir de 15 ans.

 

Coup de cœur !
Auteur
Collection
Public
Thème
Date de sortie
Nombre de pages
224
Prix
13.90 €
Langue
Français

#VosCommentaires

#OnContinue ?

Sherlock & Moria T1 L'initiation
Dans ce roman, Sherlock Holmes et James Moriarty sont plus jeunes mais se détestent déjà. Pourtant, ils vont devoir se supporter et essayer de résoudre une mystérieuse affaire...
#sherlock&moria, #sherlockholmes, #jamesmoriarty, #ridleypearson, #pocketjeunesse, #enquete
Marie Colot Entretien avec... Marie Colot

La littérature ado est source de belles découvertes, toujours. Et en voici encore la preuve avec ce très beau roman signé Marie Colot. Sur un thème original, l'autrice nous raconte l'histoire…
#edenfilledepersonne, #mariecolot, #actessudjunior

J'ai envie qu'on m'aime
"Personne ne sait ce que c'est l'amour, et on s'en fout, l'important, c'est ce qu'on vit, ce qu'on ressent, ce qui vibre en nous".
#jaienviequonmaime, #magaliwiener, #lerouergue, #doado
La cité des squelettes La Cité des Squelettes

"C'est complètement fou et je me dis que j'ai dû rêver, que les squelettes « vivants » n'existent que dans les films de fantômes ou de momies ! Mais non, j'en vois un second, puis un troisième. Et…
#lacitedessquelettes, #richardpetitsigne, #romanepoch, #etincelles, #gulfstream

A(ni)mal A(ni)mal

" "Migrateurs ", "migrants", les uns oiseaux, les autres humains... presque le même mot pour désigner ces voyageurs qui se croisent et passent d'un lieu à l'autre. Les premiers filent vers le sud…
#animal, #cecilealix, #slalom

Où est le loup?
Promenons dans les bois, pendant que le loup n'y est pas... Euh... En fait si, bien caché, sur chaque page, le loup est là !
#ouestleloup, #martineperrin, #saltimbanque
Petite Bébé est fachée
Vous ne connaissez pas encore Petite Bébé ? Malgré sa mauvaise humeur, vous allez l'aimer, vous verrez.
#petitebebeestfachee, #stephaniedemassepottier, #luciecalfapietra, #sarbacane
La fille sur le toit
"Deux mots, deux sifflements, deux crachats. (...) Bien articulés, bien pesés. Totalement déplacés dans sa bouche, totalement incongrus. (...) Mais ils jaillissent comme des poignards."
#lafillesurletoit, #anneloyer, #echos, #gulfstream
Catch, tournevis et lutins-robots
"Je m'appelle Pénélope et des lutins-robots sont en train de kidnapper mon petit frère. Non : je commence mal mon histoire. Il faut que je raconte les choses dans l'ordre, sinon vous n'allez rien…
#catchtournevisetlutinsrobots, #hlenoir, #mariemorelle, #sarbacane, #pepix
La maison aux 36 clés La maison aux 36 clés

"- Quand y en a plus, y en a encore...ai-je dit.

Suspendues à des clous, il y avait là une douzaine de clés. Il ne nous restait plus qu'à remplir le trousseau et à refaire le tour des…
#lamaisonaux36cles, #nadinedebertolis, #antoninfaure, #magnardjeunesse