La littérature ado est source de belles découvertes, toujours. Et en voici encore la preuve avec ce très beau roman signé Marie Colot. Sur un thème original, l'autrice nous raconte l'histoire terrible et émouvante d'Eden, une jeune fille que les abandons et un drame ont fragilisé. Au fil des pages, l'ombre se mêle à la lumière pour nous écrire une histoire inoubliable sur la lente reconstruction d'une jeune fille pour qui la vie n'a pas toujours été tendre.
Très émue et captivée par ce texte, j'ai demandé à Marie Colot de m'en dire plus sur elle, sur Eden et voici ses réponses.
Merci Marie pour le temps consacré et pour ce très joli moment de lecture.
#Entretien
HashtagCéline - Parle-nous un peu de toi et de ton parcours…
Marie Colot - Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours aimé les histoires, la lecture et l’écriture, même sous forme de gribouillis à 4 ou 5 ans. Enfant, j’ai fabriqué des livres. Ado, j’ai lu et écrit beaucoup, des textes assez torturés. Adulte, je suis devenue prof de français avec l’envie secrète de réaliser mon rêve d’enfance : faire de l’écriture mon métier. C’est le cas aujourd’hui, après plusieurs publications tant en romans qu’en albums.
HashtagCéline - Peux-tu nous raconter comment est né ce roman, Eden fille de personne?
Marie Colot - J’ai eu l’impulsion et l’idée d’écrire un roman sur la réadoption dans certains américains après avoir visionné, par hasard, une partie du documentaire « Etats-Unis, enfants jetables ». J’y ai vu une ado défiler sur un tapis jour devant plein de parents adoptifs potentiels. Cette image m’est restée en tête pendant quelques années. Elle revenait à intervalles réguliers, m’émouvait et me questionnait toujours autant. Les premiers balbutiements d’un roman se passent souvent comme ça. Un personnage s’impose, m’entête, me murmure presque à l’oreille d’inventer son histoire. Mon envie part toujours de la réalité et de la vie, parce qu’elles me bousculent souvent, tant par leur beauté que leur absurdité ou leur côté révoltant.
HashtagCéline - Ce texte, travaillé en plein confinement, a-t-il été pour toi plus dur ou plus facile à écrire?
Marie Colot - Je crois qu’il a été aussi difficile et facile à écrire que les autres, tout dépendait des moments. Comme pour mes autres projets, j’ai connu les mêmes moments d’excitation presque diabolique, de joie intense, de découragement profond, de remise en question en tous sens. Par contre, il est certain que l’écriture de ce texte m’a sauvée et m’a permis de désangoisser, de trouver un refuge pendant le confinement.
HashtagCéline - L’abandon est au cœur de ce livre, celui des enfants bien sûr mais aussi des animaux. C’est un sujet que tu voulais aussi mettre en avant?
Marie Colot - Au départ, je réfléchis très peu par sujet puisque je pars toujours du personnage et que je cherche ensuite ce qui lui arrivera. Pour ce roman, l’histoire de mon héroïne était profondément liée au triste phénomène des enfants américains réadoptés. La thématique était donc d’emblée présente, ce qui est loin d’être toujours le cas quand j’entame l’écriture d’un projet – d’habitude, je découvre plutôt en cours de route les thèmes qui traversent mon récit. Avant l’abandon, je pense que j’avais surtout envie d’explorer la question de la place qu’on a, qu’on perd, qu’on prend ou non au milieu d’une famille, laquelle peut aussi être de cœur, d’amis (et d’animaux) plutôt que de sang.
HashtagCéline - Ce texte est à la fois très sombre mais aussi porteur d’espoir. Est-ce que tu décides dès le départ de la tournure et de l’issue de tes textes?
Marie Colot - Je décide très rarement de l’issue de mes textes – si je la connais, j’ai un peu moins d’élan pour me lancer dans l’écriture. Cependant, aucun de mes livres, jusqu’ici, ne se termine en tragédie, peut-être parce qu’il me semble important de terminer dans la lumière, malgré les ombres.
HashtagCéline - Sauf erreur de ma part, tu n’as écrit qu’à destination des enfants et des ados tout en abordant bien souvent des thèmes difficiles. Pourquoi?
Marie Colot - Oui, c’est assez juste, mais ce n’est pas un choix conscient. Tout ce qui vient me chercher, me remuer, m’interroger, m’émouvoir et me happer, au quotidien, et qui peut être un point de départ pour un texte touche souvent à des questions existentielles ou sociétales. J’écris à partir du réel, et la vie est remplie, pour chacun, de « thèmes difficiles » avec lesquels on se dépatouille du mieux qu’on peut. Et mes personnages font pareil.
HashtagCéline - Peux-tu nous parler de tes prochains projets ?
Marie Colot - J’ai plusieurs albums qui paraîtront en 2022 et sur lesquels on travaille depuis de nombreux mois – je suis très impatiente de les voir exister ! Je suis également en train d’écrire ou retravailler des romans qui étaient en jachère depuis trop longtemps.
#SurLeBlog
Pour lire mon avis sur Eden fille de personne de Marie Colot paru chez Actes Sud Junior, c'est par ICI !
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