Je lis pour la première fois un livre de Marie-Sophie Vermot. C’est assez étonnant que je sois passée à côté de cette autrice qui écrit sur des thèmes qui en règle générale m’interpellent.
Il faut un début à tout. Et avec Soixante-douze heures, c’est un très bon début.
Irène a 17 ans.
Irène vient d’accoucher.
Irène a décidé de le faire sous X.
A la maternité, en soixante-douze heures, Irène va nous expliquer comment elle en est arrivée là, revenant sur son passé, sa famille et les choix qu’elle a fait jusque là et ceux qu’elle va devoir faire.
Soixante-douze heures est un très beau texte.
Le sujet en est difficile. Marie-Sophie Vermot a déjà écrit plusieurs romans traitant de la grossesse chez les adolescents (Deux fois rien, Camille aime pas danser, En plus c’était pas prévu...)
Clairement, on sent qu’elle maîtrise ce dont elle parle.
Dans Soixante-douze heures, c’est avec beaucoup d’émotion que l’on suit le cheminement de cette jeune fille au cœur d’une situation peu habituelle à cet âge normalement insouciant.
Irène est tombée enceinte lors de sa première fois.
Elle a fait son choix : garder ce bébé mais le faire adopter.
Peut-elle vraiment prendre la pleine mesure de sa décision et avoir conscience des conséquences ? Non. C'est impossible.
Même nous en tant que lecteurs, nous sommes désarçonnés.
Irène s’explique et explique son choix. C’est le sien. Il impose le respect.
Cet événement en soi perturbant va forcément surprendre son entourage. Cela va aussi déclencher des réactions en chaîne et dévoiler les secrets de sa famille.
Pour Irène, c'est également un grand bouleversement. En même temps que son corps change, que son bébé grandit, elle-même va changer, mûrir, voir le monde et les personnes qui l'entourent avec plus de lucidité.
A travers le récit de la jeune fille, c’est toute l’histoire familiale qui se dessine : une grand-mère qui ne s’est pas épanouie, un grand-père idéalisé, une mère très exigeante, une petite sœur rejetée…
Irène est touchante. Vulnérable (vu la situation…) elle est en même temps très forte. Elle assume, ou du moins semble vouloir le faire.
Elle essaie de tenir bon face à cet événement qui est pourtant un cataclysme pour une femme et j’imagine pour une toute jeune fille.
Et son choix semble réfléchi. Elle vacillera bien sûr une fois ce petit être né…
Il faut dire que sa mère ne l'aide pas, lui mettant la pression, comme à chaque fois.
Quel chemin suivra Irène finalement ?
Je n’en dis rien.
C’est un texte qui oscille entre doutes et certitudes, joie et peine, amour et haine. On est sur le fil, tout au long du monologue d’Irène.
Ce n’est pas facile de parler d’accouchement sous X que ce soit dans le cas d’une adolescente ou non. Le rapport à la maternité est particulier, personnel.
La lecture de ce texte touchera forcément, d’une façon ou d’une autre. Il est assez déstabilisant. Je suis maman et ce roman m’a bouleversée.
Et au-delà de tout ça, Marie-Sophie Vermot propose des pistes de réflexion vraiment intéressantes avec Soixante-douze heures.
Une dernière chose. Ce que j'ai également beaucoup apprécié, c’est que l'autrice n’est pas là pour juger. A aucun moment.
Elle nous fait poser un regard bienveillant sur la jeune Irène qui doute, se pose des questions et nous interroge aussi.
Que peut-on penser de son choix ? De ses choix ?
Au final, peu importe. Nous ne sommes pas là pour critiquer mais pour écouter, comprendre et enfin respecter le choix qui sera le sien, quel qu’il soit.
Merci à Marie-Sophie Vermot pour ce joli texte que je vous invite à découvrir.
Pour ceux qui cherchent une histoire forte.
Pour ceux qui n’ont pas peur de voir la réalité en face.
Pour ceux qui aiment les histoires de famille.
Pour les autres aussi.
A partir de 14-15 ans.
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