J'ai lu plusieurs romans d'Eric Pessan et je dois bien reconnaître que j'aime beaucoup sa façon d'écrire. La foret de Hokkaido (EDL, 2017) m'avait vraiment conquise, me plongeant dans une histoire sensible et déstabilisante auprès de Julie et de ses visions...
J'avais été touchée par l'histoire de Norbert dans La plus grande peur de ma vie (EDL, 2017).
De fait, j'ai eu le plaisir de retrouver l'une et l'autre dans L'homme qui voulait rentrer chez lui. Ils n'en sont pas les personnages principaux. Le narrateur, c'est Jean-François, Jeff, le petit frère de Norbert.
"Jeff et son frère Norbert ont trouvé un fugitif dans la cave de leur immeuble. Est-ce un migrant? Un criminel en cavale ? Un malade mental ? Impossible à dire. L’homme est étrange, il a la peau trop blanche, les yeux sans pupilles, et il ne s’exprime qu’en faisant claquer sa langue. Il semble traqué, mais il refuse de s’éloigner de la tour où habitent les deux frères. Comment vont-ils le cacher alors que l’immeuble, voué à la démolition, sera détruit dans quelques semaines ?"
Eric Pessan est un poète.
Durant ma lecture, j'ai relevé de nombreux passages. Beaucoup de mots ont résonné en moi.
Cette histoire, comme La forêt de Hokkaido ou Les étrangers (EDL, 2018), frôle le fantastique. La frontière est mince. On ne sait jamais quel chemin l'auteur veut nous faire emprunter.
En effet, cet étranger, pendant une grande partie du roman nous pose question quant à sa nature. Il est l'étranger, celui qui fuit un pays, une guerre, un peuple, un monde, une planète? Qui sait...?
Mais au final, s'il est un élément majeur du récit, ce n'est pas forcément lui qui m'a le plus touchée. Pour ma part, le plus émouvant a été tout ce qui tournait autour de la vie de l'immeuble et de ses habitants.
J'ai beaucoup aimé toute la réflexion autour de ce qu'impliquait sa destruction.
Comme Jean-François, le héros, qui voit alors son lieu de vie d'un autre oeil. Son quartier, les lieux dans lesquels il se promène chaque jour lui apparaissent différemment. J'ai beaucoup aimé la façon dont Eric Pessan aborde le fait de voir une page de sa vie se tourner, un pan de vie qui s'écroule sans qu'on puisse rien y faire.
Ce qui m'a aussi beaucoup émue, c'est la relation de Jeff et Norbert ainsi que celle qu'ils entretiennent avec leurs parents. C'est terriblement banal et très juste. Jeff pense connaître sa famille, son immeubles et toutes ces choses autour de lui, mais les a t-il vraiment bien regardés? Ne voit-on pas parfois que ce que l'on veut bien voir?
Tous les passages sur les souvenirs et le temps qui passe comme ceux sur les parents qui ont changé au fil des années, m'ont vraiment bouleversée.
Ce roman m'a tout de même laissée une drôle d'impression. En effet, je dois bien dire que mon début de lecture a été un peu difficile. Mais peu à peu, je me suis laissée prendre par l'atmosphère et l'écriture d'Eric Pessan.
Pas déçue, pas complètement conquise... Entre deux, à la frontière...
Mais je ne peux pas nier que cette histoire m'a fait ressentir beaucoup d'émotions. Et ça c'est déjà beaucoup.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires émouvantes.
Pour ceux et celles qui aiment les romans entre réel et fantastique.
Pour ceux et celles qui pensent connaître leur monde.
Pour tous et toutes à partir de 13-14 ans.
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