"Cynthia Ann Parker, coeur enterré deux fois."
#BandesDessinées
Je ne chronique pas beaucoup de BD sur le blog. La dernière fois, c’était pour la même raison : le texte était signé Séverine Vidal ( Le plongeon illustré par Victor L.Pinel paru chez Bamboo). Et quand il s’agit de l’autrice, je fais toujours exception (avec plaisir).
Surtout qu’ici, elle remonte le fil d’une histoire qui m’avait passionnée, celle de Quanah Parker, le dernier chef comanche ( cf. Le dernier sur la plaine de Nathalie Bernard paru chez Thierry Magnier).
Ici, elle raconte l’histoire de sa mère, Cynthia Parker, qui a eu un destin tout aussi captivant (et terrible) que son fils.
Résumé et explications du pourquoi il faut lire Naduah de Séverine Vidal et Vincent Sorel paru chez Glénat.
(ce n’est pas juste parce que c’est Séverine Vidal…)
#QuatrièmeDeCouv'
“En 1836, des autochtones Comanches attaquent Fort Parker. Cynthia Ann est enlevée et presque toute sa famille massacrée.
Appelée Naduah, elle est intégrée à la communauté, épouse un de ses ravisseurs, Peta Nocona. Elle donne naissance à trois enfants (...).
En 1860, une troupe de Texas rangers surprend un camp de chasse comanche et charge. Un sanglante bataille éclate, Naduah s’enfuit à cheval avec son bébé dans les bras mais elle est rejointe et capturée…”
#ImplacableDestin
Même si j'essaie de m'intéresser à tout un tas de sujets (un grand merci à la lecture) j'avoue que spontanément, certains m'attirent moins. Et parfois je suis étonnée de me passionner pour certaines choses. Comme je l’évoquais en intro, c'est grâce à Nathalie Bernard que je m'y suis penchée et c'est aujourd'hui avec le duo Séverine Vidal- Vincent Sorel que je poursuis ma découverte de l'histoire amérindienne et plus particulièrement d'une famille, celle des Parker dont le destin de la mère et du fils forcent le respect.
Déjà, avant toute chose, arrêtons-nous sur la couverture... Elle est juste magnifique avec cette femme au regard profond, déterminé et sombre qui allaite son enfant, blotti contre elle. Elle illumine la couverture noire par sa seule présence. On a envie d'en savoir plus. On ressent déjà toute l’intensité du récit qui se cache derrière cette image forte. Je trouve que c’est un très bon choix.
Ensuite, va se dérouler la terrible histoire de cette femme tour à tour Cynthia Parker puis Naduah à qui on a volé la vie, à qui on n’a jamais laissé le choix. C’est cela qui est intolérable.
L’album est fait de flashbacks qui nous permettent de reconstruire le puzzle de la vie de Cynthia Parker devenue Naduah suite à son enlèvement par des Comanches puis ramenée auprès des “siens” qui ne le sont plus après des années à vivre parmi les Comanches. Murée dans un silence (elle a oublié sa langue maternelle), avec une seule envie (rejoindre son mari et ses enfants), elle va néanmoins établir un contact avec Anabel, une jeune fille à l’esprit vif (qui est un personnage fictif) qui la voit telle qu’elle est : une femme déracinée incomprise en souffrance. Annabel cherche à l’aider au quotidien.
Cette histoire est vraiment poignante. On sent toute la détresse du personnage principal, Naduah, mais aussi sa force. On découvre les moments-clés de sa vie entre difficultés d'adaptation et apaisement retrouvé. On la voit heureuse parmi les Comanches, cette communauté qu’elle a intégrée dans la souffrance mais qui a fini par l’accepter… Au coeur de ses préoccupations, sa famille, ses enfants dont elle est séparée. C’est une femme déchirée, à bien des égards. Sa vie semble n'être que douleur et arrachement. C'est une déracinée.
Séverine Vidal s’attaque à un sujet difficile mais très inspirant. Elle construit son récit de manière à ce que l’on comprenne tous les aspects de cette histoire, le contexte et les enjeux. Le personnage de Naduah met en lumière les problématiques de l’époque et les conflits opposant les populations du territoire.
C’est passionnant !
Côté illustrations, j’ai vraiment pris plaisir à découvrir les personnages et les scènes imaginées par l’autrice sous le trait de Vincent Sorel. Le côté crayonné donne encore plus d’intensité aux visages, aux paysages, aux batailles et aux grands espaces. Les couleurs suivent l’intensité de l’action, se faisant rougeoyantes, flamboyantes lors de moments importants du récit puis plus douces à certains moments, plus rares. C'est très beau.
Vous l’aurez compris, cet album mérite qu’on s’y attarde et cela pour bien des raisons. Sujet, traitement, récit, illustration, c’est une BD incontournable de ce début d’année !
#PourQui?
Pour ceux et celles qui veulent lire une histoire inspirée de faits réels.
Pour ceux et celles qui aiment les grands espaces.
Pour ceux et celles qui cherchent un récit émouvant et intense.
#VosCommentaires