Encore une découverte littéraire que je fais grâce aux réseaux sociaux... Si parfois je doute et m'attriste de ce que j'y lis, à d'autres occasions, comme ma rencontre avec le livre d'Isabelle Lagarrigue, je suis plus optimiste.
Car C'était un accident est une jolie surprise.
Ce roman m'a d'abord attirée par sa couverture très réussie et accrocheuse.
Et je n'ai pas été déçue par l'histoire qui se cachait derrière.
L'héroïne d'Isabelle Lagarrigue cumule les sources de moqueries : son prénom et sa couleur de cheveux. Etre rousse et s'appeler Prune, c'est le comble. Et Prune en veut un peu à ses parents. Pour ça mais aussi pour lui avoir mis dans les pattes deux petites soeurs insupportables, Alpha et Bêta (des surnoms trouvés par Prune). Pour échapper à sa famille, elle s'est inscrite à l'internat et ne rentre chez elle que le week-end.
Prune est une ado comme beaucoup d'autres, un peu rebelle mais pas méchante.
Elle cherche à plaire aux autres et de fait, ne s'entoure pas forcément des bonnes personnes. Ainsi, elle passe du temps avec Addison, une jeune fille populaire, et elle sort plus ou moins (enfin plutôt moins) avec Lucas, un garçon mystérieux et taciturne.
Prune écrit son journal et rédige des listes pour tout et sur tout. Ca l'aide à prendre du recul. Et du recul, la jeune fille va avoir besoin d'en prendre pour faire face à cet accident qui va tout bouleverser...
Isabelle Lagarrigue réussit vraiment à nous faire rentrer dans la tête d'une adolescente. Elle nous parle simplement mais de façon très juste de tout ce qui occupe l'esprit à cet âge-là. Les moqueries, les apparences, les relations amicales ou amoureuses, la vie de famille...
Et ce qui est tout à fait remarquable, c'est qu'au milieu de tout ça, elle réussit à nous parler du deuil avec finesse. J'ai trouvé qu'elle était vraiment très près de ce que peut-être le cheminement, les réflexions et les réactions qui surgissent dans ce genre de situations dramatiques. Prune avec ses interrogations, doutes et peurs est très crédible.
On est dans le vrai. De fait, c'est très émouvant. Prune est perdue. Sa famille est déstabilisée et tout le reste (ses repères, ses études, ses relations avec les autres) aussi. Cet événement dramatique, cet accident dont personne ne veut lui parler clairement, remet toute sa vie en cause. Comment continuer, avancer après un tel traumatisme?
A travers l'histoire de Prune, l'autrice fait passer de très belles idées et beaucoup d'émotion sans non plus adoucir la douleur ressentie par l'héroïne. J'ai trouvé que les réactions des uns et des autres, plus ou moins proches étaient réalistes : le père qui s'enferme dans sa peine, la tante psy qui essaie de redonner le sourire à tout le monde mais aussi les amis qui s'éloignent... Les choses ont changé. Il va falloir vivre autrement. Accepter.
Et dans toute cette tristesse, il y a tout de même de l'humour grâce notamment à Mathilda, la camarade de chambre d'internat de Prune qui va se révéler une alliée de poids dans cette épreuve. Avec ses tee-shirts à message (il y en a des vraiment chouettes) mais aussi son côté spontané et farfelu ( elle collectionne les feuilles de papier toilette), elle apporte une légèreté bienvenue à l'histoire. Prune garde aussi un certain sens de la dérision.
Et puis il y a Antoine, cet ami d'enfance avec qui elle renoue des liens, notamment lors de courses à pied improvisées. Avec lui, c'est le passé qui refait surface faisant également remonter des sentiments encore vivaces.
La seule petite chose qui m'a le moins convaincue, c'est l'objet que lui laisse sa mère : Spring, ce robot, prototype conçu pour assister les adolescents en difficulté. J'ai trouvé que c'était un peu étrange et que ça sortait un peu du cadre de l'histoire. J'ai eu un peu plus de mal à y croire.
Mais franchement, c'est pour dire... Parce que j'ai vraiment aimé tout le reste. Comme par exemple la façon dont l'autrice laisse planer le mystère sur la mort de la mère de Prune. Entretenu par son père, ce secret sur les circonstances de l'accident est là, pesant tout au long du récit. L'explication viendra, simple, libérant notre héroïne. Et nous aussi.
Isabelle Lagarrigue nous livre un récit touchant, triste mais malgré tout positif. Un vrai récit de vie.
L'autrice a du talent et je pense que ce premier roman laisse présager le meilleur pour la suite...
Pour ceux et celles qui aiment les récits de vie.
Pour ceux et celles qui aiment faire des listes.
Pour ceux et celles qui n'aiment pas leur couleur de cheveux ou leur prénom.
Pour ceux qui rêvent d'avoir un conseiller virtuel (oui, vous verrez).
Pour tous et toutes à partir de 13 ans.
#VosCommentaires