Ce roman est inspiré d’un témoignage recueilli par Mariko Yamamoto. En effet, dans les années 70, cette femme au foyer japonaise et aussi écrivain, a voulu que l’histoire des personnes ayant vécu les horreurs d’Hiroshima ne tombe pas dans l’oubli. Elle a rencontré de nombreux survivants.
Son projet n’a pas pu se concrétiser comme elle le souhaitait car peu de victimes avaient la force de mettre des mots sur l’indicible. Les sœurs Hiroshima est un des seuls qu’elle a réussi à obtenir puis retranscrire.
Ce texte est fort et terrible, précieux et rare.
Nous sommes le 6 août 1945, un tout petit peu avant 8h15.
Akiko, 15 ans, et sa grande sœur discutent et se chamaillent gentiment avant le petit déjeuner.
Si la guerre a rendu leur quotidien difficile, rien ne les préparent cependant à l’horreur qui va suivre. Une bombe, la bombe.
Soudain, la souffrance, la détresse et un quotidien à jamais bouleversé pour ces deux jeunes filles au cœur des heures les plus sombres et les plus abominables de la seconde guerre mondiale.
Hiroshima, 6 août 1945. Rien que d’en parler, de penser à ce lieu et cette date, cela donne des frissons.
L’horreur a été telle ! Les conséquences, les ravages… Une abomination.
Je me doutais que je n’allais pas finir ce livre avec le sourire. Mais je ne pensais pas être autant émue (même si le sujet est déjà en lui-même bouleversant)
Et en parler ne va pas être facile.
La force de ce roman et l’émotion qui s’en dégagent, au-delà des événements dramatiques relatés, viennent du point de vue adopté, celui d’Akiko, cette jeune fille innocente et joyeuse.
Akiko et sa sœur sont extrêmement touchantes. Elles sont le symbole de tous ces gens, de cette population qui a vécu l’enfer. Des gens qui, du jour au lendemain, se sont retrouvés sans rien, blessés, mutilés, orphelins, et bien d’autres choses encore.
Tout est décrit de façon réaliste. Akiko détaille ce qu’elle voit : les cadavres, ces gens connus ou inconnus qui se promènent hagards et nus car leurs vêtements ont brûlé, les disparus que l’on cherche, les lieux ravagés,…
Sans comprendre, sans chercher à comprendre car c’est impossible…
Mais Akiko, comme les autres, voit aussi l’urgence : sauver sa sœur qui est gravement blessée. Mais le monde que toutes deux connaissaient, les lieux qu’elles fréquentaient, les gens qu’elles côtoyaient, plus rien n’est pareil, plus rien ne le sera jamais. Et il n’y a plus de structures pour les accueillir. Elles ne sont pas les seules à avoir besoin d’aide…
Heureusement, l’entraide, la solidarité n’ont pas été soufflées, détruites, comme tout le reste. Les survivants se regroupent, s’organisent.
C’est émouvant. On sait que c’est un témoignage. Rien n’est exagéré, rien n’est inventé et parfois pourtant devant l’horreur, on préférerait pouvoir se dire que si, que rien d’aussi terrible a pu se produire. Mais non, tout est vrai.
Ce roman se lit d’une traite, une boule dans la gorge.
Les chapitres s’enchaînent.
Quelques-uns reviennent sur des souvenirs, des moments heureux ou marquants qu’a vécu Akiko avec sa sœur. On respire. Et puis on replonge.
On sait que l’issue ne sera pas heureuse. On sait que ce n’est que le point de départ d’un traumatisme gigantesque pour la ville, le pays, le monde entier.
Il y en a d’autres je le sais, mais je n’avais pas encore lu de romans jeunesse ou ado sur le sujet.
Celui-ci est une bonne entrée en matière et qu’il est certain qu'il va me laisser des marques.
Un très beau livre sur un événement terrible mais en même temps qu’il est nécessaire de lire et faire lire pour ne pas oublier.
Pour ceux qui aiment l’Histoire.
Pour ceux qui n’ont pas peur d’être confrontés à l’indescriptible horreur de la guerre.
Pour tous, pour ne pas oublier.
A partir de 14 ans.
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