"Bonjour, euh... Bonsoir tout le monde...
Vous l'avez lu sur le programme, mon numéro s'appelle "Miettes".
Mais... si vous vous attentez à un truc sur les croissants, le pain, la boulangerie, euh... c'est raté. Ah ah. C'est pas ça, c'est pas ça du tout."
#StéphaneServant
Je connais l’auteur et j’aime ses romans. Le coeur des louves, roman dense et fantastique, Sirius, dystopie écologique poignante ou encore Félines, témoignage fictif puissant et inspirant, ont été des lectures marquantes.
Alors en attaquant Miettes (humour décalé) qui fait moins de 50 pages (contrairement à tous les autres cités qui en font minimum 460 et près de 600 pour le plus long), je me suis trouvée un peu déstabilisée. C’est le principe de la collection "Court toujours" des éditions Nathan dont je n’ai pas encore assez parlé par ici (il y a vraiment de très très bons textes comme le confirme celui de Stéphane Servant).
Déstabilisée, je l’ai été encore une deuxième fois en lisant les premières pages.
Je ne m’attendais pas à ça. Cet adolescent sur scène qui se livre à un drôle de numéro.
Tout de suite, je suis entrée dans le jeu. Sans savoir ce que ce jeune homme avait en tête.
Et aussi vite, je me suis mise à la place du narrateur, seul, en scène. Et son discours, imprévisible et imprévu, m’a coupé le souffle.
#L'ÉditeurRésume
"C'est la fête de fin d'année au lycée. Sur scène, seul face à tous, un adolescent prend la parole. Tut d'abord drôle, son récit devient peu à peu grinçant puis carrément glaçant."
#Champion
Lui. Celui qui parle. Comment s’appelle-t-il ? A-t-on besoin de le savoir finalement... Non. Son propos est plus important.
Cet adolescent a décidé de monter sur scène, affronter le regard de tous les élèves de son lycée non pas pour les faire rire, comme on lui a conseillé, mais pour asséner des vérités.
Je ne vais bien sûr pas trop vous en dire car il faut que vous fassiez l’expérience vous-même et que vous assistiez à ce numéro qui n’a finalement rien d’amusant, malgré les blagues que tente de faire son auteur.
Ce livre est court. Je l’ai dit. Mais il aborde tellement de choses ! Stéphane Servant, à travers le monologue de son personnage, pose de très bonnes questions et tente d’y répondre.
Le thème principal de ce texte est la masculinité, la virilité. Le héros est un garçon mais pas comme on voudrait qu’il soit, pas comme la société, son père, ses camarades l'entendent. Lui, il aime lire, il est sensible, il n’aime pas le sport, il a des “bras comme des bretzels” et il ne sait pas forcément s’y prendre avec les filles. Parce que oui, il aime les filles, contrairement à ce que tout le monde pense. Alors, il blague, il tourne les stéréotypes en dérision, il explique avec ironie à tous et toutes comment lui voit les choses. Il a de l’humour même si ce soir, il n’est pas là pour ça, pour divertir. Il a surtout beaucoup de courage et un talent d’orateur certain, malgré quelques hésitations.
On ne sait pas trop comment les personnes présentes dans la salle réagissent. Enfin, si, certaines sortent et ses profs blêmissent quand les propos deviennent plus graves.
Mais il a décidé d’aller au bout. C’est trop facile sinon. Et il a besoin de parler pour que, peut-être, pour d’autres, la parole se libère.
C’est très habile la façon dont Stéphane Servant met l’horreur à distance. Avec le ton adopté par le jeune garçon pour déballer ce qu’il a à dire en totale opposition avec le contenu de ses propos, c’est saisissant.
J’ai refermé Miettes (humour décalé) avec l’impression de m’être pris une gifle. Alors, oui, c’est une expression utilisée à tort et à travers mais je n’en ai pas d’autre. Elle me semble, dans ce cas-ci, fort à-propos.
Un texte important que je vous invite à découvrir.
#PourQui?
Pour ceux et celles qui n'osent jamais prendre la parole.
Pour ceux et celles qui aiment les récits originaux et intenses.
Pour ceux et celles qui cherchent un texte drôle et terrible en même temps.
Pour tous et toutes à partir de 14 ans.
#VosCommentaires