Antonin Louchard, tout le monde (ou presque) le connaît. J'aime beaucoup son dessin et son humour mais finalement, ce n'est pas un auteur-illustrateur que je lis très souvent. Bizarrement.
En cherchant des lectures à faire aux classes que je reçois tout au long du mois de décembre et dans l'idée de trouver des histoires de Noël "amusantes", je me suis penchée sur Pas de cadeau pour les bêtes écrit par Paul Martin, l'auteur, entre autres, de l'exceptionnel Violette Hurlevent et le Jardin sauvage (Sarbacane, 2019).
Et je suis bien contente de m'être arrêtée sur cet album qui s'adresse aussi bien aux enfants qu'aux adultes sans que les uns ou les autres soient lésés dans la compréhension ou le plaisir de lecture de l'histoire.
Un beau message servi avec humour pour un livre que j'ai plaisir à raconter à tous et toutes en cette période de Noël.
Cet album est une vraie réussite (y en a-t-il des fausses?).
Il est drôle pour les enfants (je l'ai testé), pour les adultes (je vous en reparle après), il se lit avec fluidité à voix haute et les illustrations sont elles aussi très parlantes. Et en plus, il délivre un message très positif sans être niais ! Que demander de plus ?
Le livre débute par trois doubles pages importantes qui nous plongent immédiatement dans l'ambiance de Noël.
"Drelin drelin drelin drelin drelin" fait le père Noël sur son traîneau emportant avec lui tous les cadeaux qu'il doit distribuer aux petits enfants. Dans un paysage enneigé et sur ce constat véridique mais un peu triste " Les animaux de la forêt ne reçoivent jamais de cadeaux à Noël" commence ce récit qui va pourtant contredire l'affirmation précédente. Car le père Noël, en passant au-dessus de la forêt, laisse tomber un paquet. Ce cadeau va attirer l'attention des animaux qui se rassemblent peu à peu autour du colis, s'interrogeant sur son contenu.
"Le héron au long cou voulait une écharpe, les lapereaux espéraient un ballon. Le serpent n'avait qu'une crainte : que ce soit un vélo."
Les suppositions, les discussions vont bon train et forcément, dégénèrent un peu.
"Chaque animal voulait prendre le cadeau.
- C'est moi qui l'ai trouvé le premier, dit le blaireau.
- Mais je l'ai vu avant, s'agaça le corbeau.
- C'est moi le chef de la forêt ! déclara l'ours.
- Le chef de la forêt ? Depuis quand ? ricana le renard.
Ca tournait à la bagarre..."
Chacun y va de sa petite phrase et leurs échanges marqués par leur nature animale sont assez comiques. Le spectacle de cette faune autour de l'objet non identifié est véritablement amusant. Et bien sûr, il va falloir la parole du grand sage, le hibou, pour apaiser tous les esprits échauffés par l'excitation face au mystérieux présent et trouver LA solution qui satisfera tout ce petit monde.
Ce qui aurait pu sonner comme caricatural résonne ici avec bienveillance et sincérité. C'est peut-être grâce à l'humour du texte et la beauté des illustrations qu'on se plonge avec autant de bonheur dans ce conte de Noël animalier.
Et puis, il y a cette chute, en deux temps. On découvre finalement le contenu de ce fameux cadeau. Ce n'est clairement pas ce à quoi tous s'attendaient, et nous non plus ! Et sur la toute dernière double page, on découvre un nouvel élément, clin d'oeil aux adultes mais qui ne se joue pas des enfants. On pourra ainsi leur poser des question sur ce que cette toute fin dévoile des travers bien connus d'un des protagonistes de l'aventure. Ce double dénouement nous fait nous réinterroger sur certains passages du livre et réfléchir avec encore plus d'attention au message du hibou.
C'est vraiment une belle histoire à lire aux enfants pour parler de valeurs essentielles comme le partage ou le vivre ensemble mais aussi pour célébrer avec humour l'esprit de Noël.
Cet album, avec ses pages de garde enrubannées, est un joli cadeau à faire en cette période de l'année.
#VosCommentaires