J'ai déjà longuement chanté les louanges de Flore Vesco sur ce blog ( ICI et aussi ICI ).
Mais il faut dire que l'autrice (oserai-je dire la bougresse? Peut-être pas, non...) sait y faire et que je suis bien obligée d'en remettre une couche à chaque nouveau roman.
Et comme je le pressentais fortement, L'Estrange Malaventure de Mirella est un gigantesque coup de coeur.
Vous allez à nouveau pouvoir lire (ou pas) tout l'amour que j'ai pour les livres de Flore Vesco.
"Jusqu'ici, Mirella passait inaperçue en ville - qui s'intéresserait à une porteuse d'eau, à une crève-la-faim, une enfant trouvée?
Seulement voilà, la jeune fille a un don ignoré de tous : elle voit ce que personne d'autre ne voit. Par exemple, elle a bien repéré cet homme en noir, qui murmure à l'oreille de ceux qui vont mourir de la peste...
Et ça lui donne une sacrée longueur d'avance.
Y compris sur le plus célèbre dératiseur de tous les temps."
Pour commencer, malgré les bons conseils de l'autrice et le lexique à la fin du livre, je ne vais pas écrire ce billet à la manière du roman : celle "du temps jadis". Flore Vesco le fait à la perfection et m'y essayer donnerait sans nul doute quelque chose d'assez ridicule.
Car oui, vous le verrez dès les premières lignes, le langage utilisé par l'autrice est celui d'un autre temps, celui du Moyen Âge, qui immédiatement nous plonge dans l'ambiance de l'époque, donnant à son récit un caractère très immersif. On a l'impression d'y être, au coeur de cette mystérieuse ville d'Hamelin, dans ses rues bruyantes et odorantes, parmi la foule de personnages hauts en couleur qui la peuplent.
C'est bien là toute la force de ce texte. C'est bien là tout le talent de Flore Vesco : une façon d'écrire décidemment pas comme les autres, à contre courant.
Et alors qu'on pourrait penser que cette écriture alourdisse l'ensemble, on constate que cela produit leffet 'inverse ! C'est fluide et très agréable. On comprend sans comprendre. J'ai pourtant fait des études de lettres et étudié l'ancien français. Malheureusement, il ne m'en reste rien (ou presque), ce qui est fort dommage. De fait, je me suis à de nombreuses reprises demandée où commençait le vrai du faux vieux français. Mais en fait, comme ça fonctionne, au final, j'ai fini par arrêter de me prendre la tête.
Après la forme, revenons-en au fond. Flore Vesco s'est librement inspirée d'un conte des frères Grimm (lui-même tiré d'une légende allemande) : Le Joueur de flûte de Hamelin où il est question de rats envahissants, d'un joueur de flûte ensorcelant et vexé de ne pas avoir reçu son dû mais aussi d'enfants noyés.
Ici, vous retrouverez la flûte, les rats et des enfants mais dans des rôles différents. Vous y trouverez aussi des hommes malintentionnés, des lépreux, de la sorcellerie, des secrets bien gardés et même un émissaire de la Mort (entre autres nombreuses choses)
Connaître ou non le conte ne change rien. On se laisse emporter par les aventures de Mirella, ou plutôt ses mésaventures, puisque de multiples dangers, petits ou grands, la guettent au quotidien. Elle est, bien malgré elle, au centre de toutes les attentions. Pourquoi donc? Vous verrez...
En attendant, le récit que nous donne à lire Flore Vesco est entraînant, amusant et vraiment bien ficelé. Elle nous dresse des portraits tout à fait savoureux comme celui du bourgmestre ou encore celui du "chirurgien-barbier-arracheur de dents". On sent que pour la plupart des situations qu'elle nous décrit, elle s'est amusée. C'est parfois dur, comme la vie l'était en ce temps-là. Même si ce n'est pas toujours très délicat, c'est toujours réjouissant. Les descriptions de l'époque avec ses mots étonnants et la verve étourdissante qu'on lui connaît aboutissent à un résultat épatant. Flore Vesco maîtrise le sujet.
Comme elle l'avait déjà bien amorcé dans De Cape et de mots (et ses autres romans aussi mais l'époque de celui-ci m'y fait plus penser ET puis De Cape et de mots tient une place toute particulière dans ma vie de lectrice, quoique après lecture de celui-ci, je ne sais pas...), Flore Vesco nous montre ici encore combien elle maîtrise la langue française et comme elle parvient toujours à nous envoûter, comme Mirella avec sa flûte, grâce à son phrasé à la fois précis, pensé, piquant, drôle et percutant.
Avec ce nouveau roman, je trouve qu'on monte d'un cran. C'était pourtant assez osé ( ça ne m'étonne pas d'elle finalement) de proposer un texte en langue médiévale à un public adolescent. Mais passée la surprise, je ne doute pas que ce roman séduise le public visé.
En ce qui me concerne, franchement, je ne pensais pas qu'elle pourrait encore autant m'étonner.
Apparemment, je m'étais trompée. Flore Vesco n'a donc pas fini de me surprendre. Grand bien m'en fasse.
Et maintenant, je n'ai qu'une chose à dire :
"Lisez, si vous l'osez ! "
Pour ceux et celles qui aiment l'époque médiévale.
Pour ceux et celles qui aiment Flore Vesco.
Pour ceux et celles qui aiment les contes et légendes.
Pour tous et toutes à partir de 13-14 ans.
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