Parfois, Rémi a une maman pleine de vie. Dans ces moments-là, elle virevolte dans la maison, elle sourit, elle cuisine, elle chante : c’est un véritable tourbillon de joie et de fête !
Mais malheureusement, cela ne dure jamais bien longtemps.
Et après ces périodes d'euphorie, sa maman reste dans sa chambre, dans le noir, et n'en sort plus.
Alors quand ça va vraiment trop mal, Rémi va chez son papi et sa mamie. Là-bas, on s'occupe bien de lui. Mais malgré toute l’attention de ses grands-parents, rien ne remplace la présence rassurante d’une maman... Et Rémi commence peu à peu à comprendre le mal qui ronge la sienne.
Aujourd'hui, en littérature jeunesse, on aborde beaucoup de sujets plus ou moins faciles. Et c'est tant mieux.
Maëlle Fierpied propose un très joli texte qui parle d'une situation délicate sur laquelle il n’était pas aisé de poser les mots justes.
Ce sujet sensible est graphiquement soutenu par le beau travail réalisé par Julie Guillem dont les illustrations sont assez étonnantes. Les visages des personnages n’ont pas d’expression puisqu’ils n’ont pas de bouches, d’yeux, de nez… Un vide. Et pourtant… L’émotion est là, très forte, à travers ces silhouettes parlantes mais un peu déstabilisantes. Les postures et les couleurs nous font ressentir beaucoup de choses.
Cette histoire de famille atypique racontée par Maëlle Fierpied apporte un éclairage très intéressant sur la maladie mentale en prenant le point de vue d'un enfant, Rémi, touché directement par la maladie de sa maman.
Innocent et naïf, le jeune garçon n'a pas d'autres repères que ceux que sa mère lui donne. Et c’est compliqué puisque cette maman si différente n’en a pas elle-même, de repères. Rémi nous renvoie les images d'une vie chaotique que lui ne perçoit pas telle qu’elle est vraiment. Enfin au début…
Il sent bien que quelque chose ne va pas. Il se rend compte que sa maman exagère parfois. Mais comment comprendre pleinement ce genre de choses quand on a à peine dix ans?
Sa maman, quoi qu'elle fasse, reste sa maman. Il l'aime, il veut la voir heureuse et il veut être près d'elle.
Les épisodes de grande excitation, comme lorsque la maman prépare le goûter pour « Marion Cotillon » et ceux de grande dépression se suivent plongeant la maman du jeune garçon dans un état de plus en plus inquiétant. Heureusement, Rémi est pris en charge par ses grands-parents quand ce n'est plus possible de faire autrement et que la situation est devenue trop critique.
Auprès d'eux, il trouve une stabilité, du réconfort et un début d'explications à toutes les interrogations que suscite l'état psychologique instable de sa maman.
Ce texte m'a beaucoup fait penser à un autre paru presque simultanément chez le même éditeur : Solaire de Fanny Chartres illustré par Camille Jourdy.
Celui-ci m’avait également énormément touchée.
Je suis toujours un peu curieuse de lire des romans qui abordent des thèmes si difficiles. Dans le cas présent, comme cela l'a été pour Solaire, je trouve que c'est rudement bien fait.
On sent le poids que porte le petit garçon mais l'histoire en elle-même est très poétique et permet d'évoquer de façon appropriée et sans apitoiement une situation que vivent bien des enfants.
C'est important de pouvoir leur proposer ce genre d'histoires.
Et puis, cela n'en reste pas moins un très beau roman sur l'amour d'un fils pour sa mère.
Je vous conseille vivement de partir à la découverte de cette histoire douce-amère et de vous laisser porter par la plume délicate de Maëlle Fierpied tout en admirant la magnifique mise en images de Julie Guillem.
Pour les enfants qui aiment les histoires du quotidien.
Pour les enfants qui veulent comprendre les adultes.
Pour les enfants à partir de 9-10 ans.
« Elle me fait rire à essayer de parler djeune, même moi je ne dis pas « kiffer » mais je la laisse parce que j’adore la voir aussi contente. Elle a l’air pleine de lumière, comme si elle avait un soleil à l’intérieur de la poitrine. »
p.12
« Nous sommes dans un jour gris. Ces jours-là, maman est grise elle aussi. Triste, molle et fragile comme du verre. »
p.23
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