Bon, Clémentine Beauvais… Est-il encore besoin de la présenter?
Si je fais le bilan concernant ses romans, elle a toujours su me bousculer, me faire rire ou me surprendre.
Me bousculer : avec ses deux premiers textes beaucoup plus noirs, La Pouilleuse (2012) et Comme des images (2014), décrivant une jeunesse en perte de repères qui sombre dans l'excès et la violence.
Me faire rire : avec Les petites reines (2015) s'aventurant sur un autre terrain prouvant qu’elle avait de l’humour à revendre et nous envoyant par la même occasion plein d'ondes positives.
Me surprendre : plus récemment, avec l'exceptionnel Songe à la douceur (2016), en s'attaquant à un classique de la littérature russe pour en faire un roman en vers. Une petite pépite qui m’a vraiment séduite sur le fond et la forme, alliant le classique et la modernité.
(Au passage, mon préféré reste tout de même Les petites reines qui est vraiment, vraiment, vraiment drôle. J'en pleurais de rire.)
Aujourd’hui, la revoilà avec un roman traitant d’un sujet d’actualité qui a fait couler beaucoup d’encre : le Brexit. J’avoue que cela m'a tout d'abord laissée perplexe.
Mais connaissant un minimum le talent de Clémentine Beauvais, je me suis lancée sans trop hésiter. En effet, je faisais suffisamment confiance à l’autrice pour être sûre qu’elle saurait me convaincre.
Je ne me suis trompée. Une fois de plus, elle ne m’a pas déçue.
Je dis oui à Brexit Romance !
" Juillet 2017 : un an que le Royaume-Uni a voté en faveur du Brexit.
Ce qui n’empêche pas la rêveuse Marguerite Fiorel, jeune soprano française, de venir à Londres par l’Eurostar pour chanter dans Les noces de Figaro. A ses côtés, son cher professeur, Pierre Kamenev.
Leur chemin croise celui d’un flamboyant lord anglais, Cosmo Carraway, et de Justine Dodgson, créatrice d’une start-up secrète, BREXIT ROMANCE. Son but? Organiser des mariages blancs entre Français et Anglais...pour leur faire obtenir le passeport européen.
Mais pas facile d’arranger ce genre d’alliances sans se faire des noeuds au cerveau - et au coeur !"
Lire un roman de Clémentine Beauvais, c’est un peu comme ouvrir un livre de citations. Comme dans Les petites Reines, Brexit Romance est une succession de jeux de mots, de piques acérées, de remarques bien senties et de dialogues savoureux qui nous font sourire, et puis beaucoup rire.
Tout est drôle, pertinent et impertinent. A chaque page, il y a cette envie de noter et de relire encore une fois tel ou tel passage afin de se souvenir de la formulation.
Brexit Romance, c’est aussi un état des lieux de la situation après le Brexit, à travers le regard de ceux qui le vivent.
Justine, Matt et tous ceux que l’on rencontre et que l’on entend discuter vont nous apporter leurs points de vue ainsi que leurs arguments qu’ils soient pour ou contre. C’est très intéressant. C’est aussi très vivant et cela donne un éclairage concret des problématiques posées par le Brexit.
Comme je le disais en introduction, si le sujet m’attirait moyennement à la base, très vite, j’ai trouvé la façon dont Clémentine Beauvais l’amenait et le discutait vraiment passionnante !
Il faut dire que l'autrice a l’art et la manière de s'y prendre. Elle sait mettre en scène ses propos à travers les bons personnages qui mèneront la danse.
Attachants ou antipathiques, excessifs ou ordinaires, toujours ils sonnent juste. On peut se les représenter facilement et surtout, on aimerait pouvoir passer des soirées avec eux (enfin pas tous), histoire de rigoler un peu.
Tous ont une vraie personnalité. Et les situations dans lesquelles elle les embarque sont toujours divertissantes. Les quiproquos multiples rajoutent du piment à l’ensemble.
Ici se mélangent joyeusement des Français : Pierre, Marguerite et Cannelle mais aussi des Anglais (plus nombreux puisque cela se passe au Royaume-Uni) : Justine, Matt, Cosmo pour ne citer qu’eux et une Américaine : Rachel.
Quelle que soit la nationalité, chacun en prend pour son grade et les a priori vont bon train. C’est assez drôle de voir les préjugés que les uns ont sur les autres et inversement.
Même si Pierre, séducteur malgré lui et machine à répliques cultes, Justine, l'hyper-connectée attachante, et Marguerite, l'innocente ingénue, vont garder une place spéciale dans ma mémoire de lectrice, les autres m’ont aussi beaucoup amusée, émue ou horripilée. En ce qui concerne ce dernier qualificatif, je peux y mettre les parents de Cosmo. Vous verrez très vite de quoi je parle lors de votre lecture (cf. la scène d’anthologie de la partie de croquet)
Les dialogues, les descriptions toujours précises avec des mots bien choisis, le vocabulaire recherché font de Brexit Romance un moment de lecture formidable. C’est exigent et cela fait du bien.
L'écriture de Clémentine Beauvais est claire, nette et précise. Elle sait de quoi elle parle. Elle sait nous emmener là où elle veut. Rien n’est laissé au hasard.
Ecrire une “critique” sur un livre de Clémentine Beauvais est même stressant. J’ai bien conscience que je ne pourrais pas m'exprimer et exprimer mes idées aussi bien qu'elle le fait. De fait, je risque, contrairement à l'autrice, de bien mal choisir mes mots, I’m afraid.
Bref, revenons-en à Brexit Romance.
(Je sens que je vais perdre du monde en route)
Ce roman, c’est surtout beaucoup d’amour : du vrai, du faux, du "on ne sait plus trop" mais de l'amour encore et toujours !
Même si jouer à faire semblant, c'est aussi prendre le risque de tout perdre. Justine, Pierre, Marguerite et les autres vont bien vite s’en rendre compte.
Les situations amoureuses, ou non d’ailleurs, sont toutes sujettes à de nombreux quiproquos, comme dans une pièce de théâtre. Le roman est découpé en actes : quatre plus le final pour être exacte. On s'y croirait. Il ne manque que le rideau.
Les relations se font et se défont à cause ou pour Brexit Romance. Tout le monde doit se marier : les uns avec les autres puis finalement non, oui, pourquoi pas, peut-être,on ne sait pas, on ne sait plus.
C’est un véritable bazar amoureux mais nous, on s’y amuse follement !
Clémentine Beauvais y parle aussi beaucoup de l'usage du portable et des réseaux sociaux. Justine, plus que les autres, y est accro. Cela énerve d'ailleurs beaucoup Pierre et nous parfois aussi car on aimerait la voir lâcher son téléphone. Mais d'un autre côté, on s'y retrouve un peu alors bon, finalement, on ne dit plus trop rien.
Bref, vous l’aurez compris, je suis conquise par le nouveau roman de Clémentine Beauvais que j’ai trouvé vraiment bien écrit (comme à chaque fois), très instructif (ça ne gâche rien), très entraînant (450 pages qui défilent) mais surtout très amusant (c’est la grande force de l’autrice).
Laissez-vous tenter par l’expérience Brexit Romance. Et je vous assure que vous ne serez pas déçus.
Pour les grands grands adolescents.
Pour les adultes.
Pour ceux qui aiment la diversité culturelle.
Pour ceux qui aiment l’humour.
Pour ceux qui veulent enrichir leur vocabulaire ;-)
Pour ceux qui aiment les histoires d'amour compliquées.
Pour tous à partir de 16 ans
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