Les romans de Stéphane Servant ont la particularité d’être très complexes mais en même temps écrit d’une façon très fluide. Les situations, les intrigues sont parfois compliquées mais l'auteur emmêle et démêle les fils de son histoire avec simplicité. Je n’ai pas lu tous ses romans mais je sais que Le cœur des louves m’avait laissé une forte impression. J’en étais ressortie la tête un peu bête, un peu étourdie (cf article à venir sur le blog). Pour Sirius, même chose. Sans être un coup de cœur, je suis ravie d’avoir pris le chemin de la Montagne.
Avril (une adolescente) et Kid (un enfant) vivent dans un monde ravagé. La folie des hommes les a menés à leur perte. La nature est déréglée, il n’y a plus d’animaux (cause de la contamination qui a décimé les populations), plus beaucoup de survivants et plus aucune naissance.
Avril et Kid vivent ensemble dans un arbre (leur refuge, semblant de foyer) et survivent grâce à des rations qu’ils vont régulièrement chercher dans une capsule (chose rare désormais dans leur monde). Seul vestige de leur passé, une photo. Sur celle-ci, une grande montagne en toile de fond, Avril, ses parents et un chien portant en son front une étoile : Sirius. Avril a toujours promis à Kid qu’ils repartiraient vers la montagne à la recherche de leur famille quand reviendrait Sirius. Mais l’histoire d’Avril est trouble. On sent qu’elle cache quelque chose. Son passé semble comporter bien des zones d’ombres.
Malgré tout cela, ils tentent de garder espoir et vivent tant bien que mal. Seul être vivant qu’ils côtoient encore, c’est Madame Mo, une vieille femme aveugle avec qui ils partagent le contenu de la capsule. Un petit équilibre s’est recréé. Très précaire, infime certes mais vraiment nécessaire.
Mais le passé d’Avril va les rattraper, les obligeant à fuir. Ce départ précipité va mettre sur leur route un animal que Kid s’entête à appeler Sirius. C’est un cochon. Cette rencontre, et la destruction de leur arbre, va les pousser à se mettre en route pour la Montagne. Le drôle d’équipage est mis à rude épreuve. Ils doivent aussi cacher Sirius qui pourrait attirer les convoitises mais aussi provoquer la panique. Rappelez-vous qu’il n’y a plus d’animaux dans leur monde. Poursuivis par Darius, Etoile Noire du passé d’Avril, nos héros vont faire de nombreuses rencontres. Mauvaises ou bonnes comme celle avec le Conteur guidé par Esope, son âne. Dans Sirius, rien n’est dû au hasard, tout a un sens. Leur voyage a un but même si tout semble confus dans ce monde perdu.
Pourquoi je ne parle pas de coup de cœur ? C’est avant tout un ressenti général. J’ai aussi mis un peu de temps pour en venir à bout. Le chemin m’a semblé long parfois, comme pour les héros. Cependant, j’aime vraiment l’écriture de Stéphane Servant, toujours poétique même dans l’horreur. Il y a quelque chose qui me touche. C’est terrible parce qu’il est parfois difficile de mettre le doigt sur ce qui a fait qu’il n’y a pas eu le déclic. Les thèmes abordés sont forts : notre rapport à la nature et aux animaux, les dérives de l’humanité et l’exil (sous-entendu, Stéphane Servant aborde la question des réfugiés). Les héros sont intéressants : Kid, l’enfant qui petit à petit perd son côté humain pour se rapprocher des animaux, qui de protégé devient le protecteur. Avril est aussi un personnage fort qui essaie d’oublier son passé et qui cherche à se racheter auprès de Kid. Il y aussi le Conteur, poète et porteur de mémoire, guidé par un âne. Et puis Darius qui poursuit aveuglément et rageusement Avril… Et puis, et puis… bien d’autres qui vous toucheront ou vous effraieront.
Beaucoup de qualités donc pour ce roman. Très peu de défauts. Encore une fois, pour être honnête, ce n’était peut-être pas l’heure pour moi du rendez-vous avec Avril et Kid. C’est peut-être une question d’alignement des « zétoiles ». Mais, je n’ai aucun regret. Cela restera un très bon souvenir. Et j’invite chacun à tenter l’aventure .
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