Maria Jalibert délaisse ses albums remplis de jouets colorés pour nous entraîner dans une aventure onirique au cœur d’une forêt sombre et inquiétante. Pour l’illustratrice désormais autrice, le changement est radical mais parfaitement réussi.
Rémi, qui porte malheureusement bien son prénom, est un jeune garçon à qui la vie n’a pas fait de cadeaux. A 10 ans, alors qu’il devrait jouer et profiter de son enfance, il est déjà orphelin. Il vit aujourd’hui chez son oncle et sa tante. Ceux-ci sont bienveillants mais ils ne peuvent empêcher Rémi de souffrir de l’absence de ses parents.
Depuis le drame, lui qui était si insouciant, est devenu un autre, plus effacé, plus taciturne et qui passe beaucoup de temps seul.
Pour tenter de lui changer les idées, son oncle et sa tante, emplis de bonne volonté, l’inscrivent pour une semaine de camp de vacances dans la Montagne Noire avec des enfants de son âge. Cela lui fera peut-être du bien ?
Là-bas, Rémi ne se mêle pas aux autres. Il n’y arrive pas, tout simplement. Et de fait, il passe totalement inaperçu. Tant et si bien que lors d’une sortie en forêt, Rémi est oublié par le groupe. Pensant que quelqu’un va revenir le chercher, il ne s’inquiète pas trop. Mais force est de se rendre à l’évidence : il va devoir passer la nuit, seul en plein cœur d’une forêt bien moins accueillante qu’en plein jour…
Maria Jalibert signe ici un premier roman d’une grande sensibilité. Son écriture fluide et agréable m’a vraiment séduite tout comme son histoire qui nous entraîne dans une aventure dérivant peu à peu vers le fantastique.
Rémi ne s’attend pas à vivre une telle expérience dans cette forêt, dans cette montagne et à vrai dire, nous non plus. L’endroit choisi par Maria Jalibert est le décor parfait pour tous les événements qui vont s'y dérouler. Elle s’est inspirée d'un lieu de son enfance qui l'a marquée. Cela se sent, dans son écriture et son récit, qu'elle parle de choses qui la touchent et qui l’inspirent.
La montagne noire m'a donnée l'impression d'avoir en main une sorte de conte moderne avec ce héros jeune et innocent mais déjà malmené par l’existence qui va vivre quelque chose d’extraordinaire, une épreuve, le poussant à se dépasser et à grandir.
Par ailleurs, tout au long du récit, l'étrange et la magie sont bien présents, renforçant la tension qui augmente au fil des pages. Dès son arrivée dans le camp, certains éléments sont troublants et apportent une première touche surnaturelle à l'histoire. Ce n'est que le début...
Et puis, si Rémi est seul, il rencontre fort heureusement des personnages au cours de son aventure. Mais tous semblent entourés de bien des mystères... Qui est vraiment cette jeune fille qui vit dans la forêt ? Quelle est cette créature inquiétante qui rôde ?
Des questions, le lecteur va s'en poser un certain nombre. Un point surtout devient obsédant : est-ce que quelqu’un se préoccupe de l’absence du jeune garçon ? Est-ce que quelqu'un va venir le chercher?
La solitude, Rémi connaît. Alors, s'il est tout d’abord effrayé par ce qui lui arrive, il se montre plutôt débrouillard. Il se révèle même très courageux. Il l’était. Il l’est encore. Il doit se souvenir de qui il est pour avancer et s’en sortir.
Enfin, le temps semble s’écouler différemment et Rémi finit par perdre ses repères, et nous avec lui un peu aussi... Imagine t-il certaines choses ? Tout est vraiment réel ou juste le fruit des rêves du jeune garçon ? On ne sait plus trop. Quoique…
Un très joli roman qui plaira, j’en suis certaine, aux enfants un peu rêveurs et en quête d’aventures hors du commun.
Pour les enfants qui aiment le mystère.
Pour les enfants qui aiment avoir un peu peur.
Pour les enfants qui aiment l'aventure.
Pour tous les enfants à partir de 9-10 ans.
"Et là, sur mon rocher, en repensant à cette nuit, je savais parfaitement ce qui m'attendait : l'obscurité profonde, le vent dans les arbres, la vie nocturne et ses bruits mystérieux... Je savais aussi que ce qui m'avait enchanté à l'époque et fait délicieusement frissonner, bien à l'abri dans la tente, entouré de mes parents, allait maintenant prendre une tout autre dimension." p.45
Encore une magnifique couverture pour ce roman chez Didier Jeunesse. Elle est signée Anne Laval. Bravo !
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