"Comment j'ai pu en arriver là? Moi, la cool, la gentille, la tranquille, la bonne élève.
Dans le bureau de ce flic, tout est flippant, la couleur des murs, les uniformes... J'imagine les pires crapules passées par là, assises sur la même chaise que moi. Mais ce qui me glace le plus, ce sont les regards de ces flics fatigués, qui m'observent, moi, la gamine de quinze ans. Ils semblent à la fois intrigués, lassés, désabusés.
Alors je fixe le sol, comme s'il allait s'ouvrir pour m'offrir une porte de sortie."
#UneAutreFormeDeHarcèlement...
J’ai lu de nombreux titres sur le harcèlement (notamment Six contre un de Cécile Alix paru également dans cette collection Presto chez Magnard Jeunesse).
C’est un thème grave dont il est important de parler, beaucoup, tout le temps afin de permettre aux harceleurs comme aux harcelés de parler, de stopper l’engrenage.
Ici, Adèle Tariel l'aborde de manière différente. En effet, c'est ici le harcèlement d’un professeur qui est mis en scène. En parallèle, celui que subit Léa, qui fait partie des harceleurs, est aussi clairement dénoncé.
Sans cliché, avec justesse et lucidité, l'autrice nous offre un roman très dur mais au plus proche de la réalité et de l’ampleur du problème du harcèlement que l'actualité ne fait que confirmer au quotidien.
Un texte essentiel et percutant.
#DeQuoiÇaParle?
Léa vient d’arriver dans un nouveau lycée. Encore.
Elle va devoir tout recommencer. Encore.
C’est si dur de trouver sa place quand tous les groupes sont déjà formés.
Elle cherche un moyen de se faire des amis et enfin ne plus être seule.
Si c'est son aptitude au basket qui lui permet de se faire remarquer par Théo, l'une des fortes têtes de la classe, c'est autre chose qui va lui permettre de s'intégrer. Sur Instagram, elle poste sans vraiment réflechir une photo de son professeur d'histoire-géo. Mais les choses s'emballent, lui échappent. Ce qu'elle pensait être un jeu va très vite dégénérer.
La Meute est en marche et s’apprête à tout dévorer....
#L'HommeEstUnLoup...
Ce texte m’a bien eue. Je ne pensais pas qu’en si peu de pages, l’autrice installerait un tel climat et développerait si bien le thème annoncé : le harcèlement d’un professeur. Mais si, c’est totalement réussi.
Adèle Tariel explique que l’idée lui est venue “d’un souvenir angoissant de seconde”. Elle a aussi été confrontée à cette situation, face à un professeur qui subissait les moqueries de ses élèves. Et elle n’est pas la seule. J’ai connu ça aussi. A l’époque, je n'avais pas pris la mesure du problème. C’est en y repensant quelques années plus tard que j’ai pris conscience que cela n’était clairement pas normal. Le pire? Je crois que tous et toutes avons rencontré ce genre de cas à un moment de notre scolarité.
"En cours, c'est encore la cata. Je vois le prof perdre pied. Malgré ses tentatives, il n'arrive pas à prendre le contrôle de la classe.
Cindy se fout ouvertement de lui :
-Monsieur, vous êtes très beau aujourd'hui, avec votre nouvelle veste.
Fauchon rougit, il commence à bégayer. Sans réfléchir, j'attrape mon portable et je le filme. Théo s'approche de moi :
-Viens, on poste ta vidéo sur Insta."
Et il faut en parler. Pour que les élèves comprennent que les professeurs qu’ils ont en face d’eux souffrent face à ce harcèlement. Et que ce n’est pas sans conséquence.
Adèle Tariel parvient également à traiter le harcèlement entre élèves, poser le problème des réseaux sociaux et de la pression liée au groupe.
L’héroïne, Léa, ressemble à n’importe quelle ado. Sans souci particulier, bonne élève (elle le dit elle-même), elle ne comprend pas comment la situation a pu autant lui échapper, comment elle en est arrivée là.
Là, au poste de police, pour des accusations de harcèlement.
Pourtant, elle aussi a subi une pression, des intimidations. Et tout est lié.
Adèle Tariel montre comment on peut, un peu malgré soi parfois, se retrouver dans des situations d’une gravité extrême alors que tout partait d’un jeu.
#loup
#teamlameute
#vousêtespasprêts
Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, il est facile de se moquer. Cela semble moins grave. Et pourtant, pour les personnes visées, ce n’est clairement pas le cas.
Il est important de montrer que les critiques virtuelles ont un impact fort. Adèle Tariel le met parfaitement en scène avec La Meute. Elle nous montre l’escalade de la violence, des mots et des actes, motivée par la course aux followers et aux likes.
"(...) dans la cour, on nous regarde différemment, avec une sorte de respect. La Meute? Les loups, c'est nous."
De récents faits divers dramatiques prouvent que ce texte n’est pas éloigné de la réalité, bien au contraire.
Ici, Léa, jeune fille en mal de popularité, va subir une mauvaise influence. La joie de se sentir appartenir à un groupe va complètement supplanter sa volonté, sa façon d’agir. Elle sent bien que ce qu’elle fait est mal. Mais comment faire pour tout arrêter sans se retrouver elle-même la cible de harcèlement similaire? C’est une prison. C’est un piège dans lequel une fois tombé, il est difficile de sortir si l’on se tait.
"Rdv minuit derrière le lycée. En noir, capuche."
"C'est quoi le plan?"
"Tu verras. Conseil d'ami : sois là."
(...)
"Sinon quoi?"
"Sinon t'es dead."
"C'est une menace?"
"Exact."
La solution, la seule : parler. Pour ne pas laisser faire, ne pas continuer à s’enfoncer et pousser à bout la personne harcelée.
Vous l’aurez compris, ce texte m’a bouleversée.
De par son sujet, sensible et omiprésent au quotidien, son message fort et intelligent, ce roman facile d’accès et très court devrait être lu par tous et toutes, adolescents ou adultes.
#PourQui?
Pour ceux et celles qui se posent des questions sur le harcèlement.
Pour ceux et celles qui cherchent des textes courts mais percutants.
Pour ceux et celles qui veulent briser la loi du silence.
Pour tous et toutes à partir de 13 ans.
#Presto
Le petit plus de la collection Presto ?
L'accès à une version audio de la première moitié du texte.
C'est Adèle Tariel qui vous lit un bout de son roman. Pour l'écouter, rendez-vous sur le site des éditions Magnard Jeunesse :
https://www.magnard.fr/livre/9782210972605-la-meute
#VosCommentaires