De Bertrand Santini, je n’avais à vrai dire presque rien lu. Si, le premier Gurty.
Et à l’époque, je n’avais pas forcément succombé aux charmes du petit animal et de ses acolytes. Pourquoi ? Mystère. Avais-je perdu mon sens de l’humour à ce moment-là ? Peut-être… Toujours est-il que je me suis vraiment beaucoup amusée à lire Miss Pook et les enfants de la lune.
J’ai d’abord été charmée par cette couverture aux airs de vieux livres de Jules Verne (enfin vieux, dans la collection à laquelle on pense tous et toutes). Ensuite, il ne m’a pas fallu beaucoup de pages pour entrer dans l’histoire et surtout me rendre compte que j’allais adorer ce livre !
Nous sommes début 1900. Le roman commence avec l’arrivée de Miss Pook sur terre. Telle Mary Poppins (ou petit papa Noël), elle descend du ciel avec son parapluie (et un dragon), manquant de tuer un ouvrier qui travaille à la construction de la tour Eiffel.
Si Miss Pook a fait le déplacement, c'est pour postuler comme gouvernante dans une riche famille de Paris.
Par un heureux hasard pour Miss Pook ( clairement pas heureux pour les autres), toutes les candidates sont prises de terribles maux de ventre (et autres désagréments digestifs) juste avant le début des entretiens. Cela laisse le champ libre pour Miss Pook qui est de fait embauchée.
Parfaite en apparence, Miss Pook n’est en réalité pas la gentille gouvernante qu’elle semble être. Et c’est Elise, la jeune fille qu’elle doit éduquer qui va en faire la drôle d’expérience. Miss Pook se met à raconter à Elise que ses parents ont décidé de l’engraisser... pour la manger. Miss Pook est habile. Elle réussit à convaincre la jeune fille de la véracité de son histoire (à priori) abracadabrante.
Ainsi, Elise fuit ses parents cannibales et arrive sur la lune, là où habite Miss Pook. Une fois sur place, on découvre la véritable identité de la gentille gouvernante. C’est une sorcière ! Méchante ? On ne sait pas. Mais elle veut garder Elise pour elle seule. La jeune fille a l'interdiction de mettre un pied dehors. Sauf que forcément, Elise va désobéir (sinon ça ne serait pas drôle)…
Et c’est là que va commencer une succession d’aventures et de rencontres tout à fait extraordinaires, improbables et complètement folles ! Créatures fantastiques et mythologiques en tout genre vont tenter de capturer Elise qui se révèle bien plus maligne que l’on pouvait au départ l'imaginer.
La suite, à vous de la découvrir.
Vous l’aurez compris, cette histoire est complètement farfelue. Bertrand Santini nous propose un roman très étonnant, bien plus complexe que ce que les apparences peuvent le laisser croire. Il en va de même pour les personnages de ce livre. Les "gentils" et les "méchants" ne sont pas nécessairement ceux que l’on pense…
Mais ce qui fait la force de ce texte, c’est l’humour. Bertrand Santini en a un grand sens, bien à lui. Chaque phrase ou presque nous fait sourire ou rire. C’est une mine de bons mots et de répliques cultes ! (cf. #Extraits)
Bref, vous l’aurez compris, je suis conquise. Maintenant, je n’ai qu’une envie, me plonger dans ces précédents titres Hugo de la nuit, le Yark et même les Gurty !!
Et surtout VIVEMENT LA SUITE !
Les idées reçues de Monsieur Dubenpré, le père d'Elise :
"- Je souhaite donc que ma fille soit préservée de l'éducation garçonnière et des brutalités de la science. Vouloir instruire les femmes est aussi grotesque que leur demander de porter la moustache ou des pantalons. Quel mari voudrait d'une épouse qui disputerait les convictions de son époux?" (p.22-23 et les suivantes...)
"Dubenpré avait mis sa fille en garde : il ne fallait jamais adresser la parole aux gens qui vivaient dans la rue, car, affirmait-il, quiconque parle à un pauvre perd aussitôt ses dents. Elise l'avait évidemment cru, si bien que chaque fois qu'elle croisait un mendiant, sa mâchoire se crispait." (p.279)
Miss Pook et ses enseignements :
"Après l'enfance, l'existence n'est plus qu'une litanie de déceptions amoureuses et d'ennuis administratifs." (p.41)
"Oui, de plaisir ! insista Miss Pook. Et c'est un coup de génie de la nature d'avoir associé le plaisir à la conception. S'il avait fallu accomplir un effort pour produire un enfant, du genre passer le balai, apprendre à lire, scier des bûches ou cultiver un champ, la population mondiale ne dépasserait guère aujourd'hui le millier d'habitants." (p.146)
Je ne peux malheureusement pas vous réécrire l'intégralité du roman...
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