L'île aux morts

Soumis par HashtagCeline le mer 30/11/2022 - 16:43

"Je tiens la boucle d'oreille dans la paume de ma main. Je peux voir mon reflet distordu dans le blanc immaculé, ma bouche stupéfaite comme un hurlement déformé.

Ce n'est pas tout. Il y a un mot, un message écrit grossièrement au marqueur noir comme mon nom sur l'enveloppe.

JE SAIS."

#RémiGiordano

Je n’en ai pas parlé ici mais j’avais beaucoup aimé un des précédents titres de l’auteur : Malamour (Thierry Magnier, 2020). Ce roman a fait partie de la sélection du Prix Cendres 2021 (créé en hommage à la très regrettée Axl Cendres) ainsi que de celle de Mes Premières 68 (belle expérience à laquelle j’ai eu la chance de participer).

Malamour est un puzzle qui se reconstitue sous nos yeux, celui des souvenirs du héros qui semble ne pas vouloir affronter des événements traumatisants et une réalité peu reluisante.
Ici, la construction est un peu la même. Une jeune fille s'est volatilisée l’été dernier. Si le mystère autour de sa disparition n’a pas été éclairci, certains et certaines en savent plus qu’ils ne l’ont dit au moment du drame. Et leur conscience semble vouloir aujourd’hui les rattraper et les pousser à dire la vérité.

 

#AucunRetourPossible

Rémi Giordano, avec cette façon de nous raconter l’histoire, par bribes, en remontant progressivement le fil des événements, fait naître le suspense et crée beaucoup d’angoisse. Que s’est-il passé ? Les héros de ce récit sont-ils aussi innocents qu’ils y paraissent ? Doit-on vraiment compatir à leur problèmes actuels, causés par le choc de l’été passé ?
Cette ambiance pesante est fortement alourdie par le fait que l’intrigue se joue sur une île.
Loin du continent, en vase clos, on se sent seul et instinctivement en danger. Bien évidemment, on pense au très célèbre roman d’Agatha Christie et dans la foulée au très bon Dix de Marine Carteron. Cela m’a aussi rappelé le très prenant Passé minuit d’Emmanuelle Cosso même si les héros de Rémi Giordano n’ont pas perdu la mémoire. Eux, ils ont fait le choix d’oublier.
Ceci étant dit, revenons à notre histoire. On suit donc les récits livrés tout d’abord par Camille, puis par Laura et Théo et enfin Blanche. Cet effet choral permet d’entrer dans la tête des uns et des autres. Chacun nous livre son ressenti, son avis sur les membres du groupe d’amis…
On découvre des éléments au fur et à mesure et nos convictions vacillent. Il y a eu la mort (celle-ci reste à déterminer) de Laura. A la sienne va venir s’ajouter une autre qui replonge les protagonistes dans l’horreur. On ne sait plus à quel saint se vouer.
Tout ce dont on est sûr, c’est que les pages défilent, au gré des confessions des uns et des autres. La tension monte et on veut absolument savoir qui est derrière ces crimes. Parce que rien n’est accidentel. Parce qu’on doute. Rémi Giordano y veille.
Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce roman, au-delà de l’intrigue captivante et bien ficelée, de la peur suscitée et de l’ambiance étouffante, c’est qu’on a aussi le portrait d’adolescents qui ont tenté de continuer à avancer malgré le terrible événement qui a bouleversé leur vie. Camille m’a beaucoup touchée, par exemple. C’est elle qui nous accompagne au début du roman et nous révèle quelques éléments qui ont mené au drame. Son personnage nous montre combien un secret, ici particulièrement sombre, peut vous ronger.
Autour, gravitent des personnalités assez marquées mais à la fois très justes qui permettent d’aborder les problématiques qui interviennent dans un groupe d’amis, surtout quand ils ne sont pas forcément choisis. Vivre sur une île ou dans un petit village force parfois les amitiés. Et les jalousies.
Le cadre est posé, les distensions diverses aussi. Sans la vérité, d’autres drames ne pourront pas être évités.


Comme dans le tableau de Arnold Böcklin dont il question dans le roman, on s’enfonce dans ce récit, glissant peu à peu dans l’horreur et l’effroi. L’île a été le théâtre de jeux dangereux, de mensonges et de bien trop de secrets. Tous les bons éléments nécessaires au bon déroulement d’une pièce qui s’annonce sombre mais passionnante !
L’île aux morts est un très bon thriller qui fait judicieusement monter la pression, faisant peser la culpabilité (du drame, du silence) sur les uns et les autres. A découvrir !

 

L'île des morts

#PourQui?

Pour ceux et celles qui aiment les secrets bien gardés.
Pour ceux et celles qui rêvent de vivre sur une île…
Pour ceux et celles qui aiment les romans où la tension monte, monte, monte…
Pour ceux et celles qui veulent lire un roman choral bien ficelé.

Pour tous et toutes à partir de 13-14 ans.

 

#PageDesLibraires

Vous pouvez aussi découvrir ma chronique dans la revue Page des Libraires :

PAR ICI

Coup de cœur !
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
256
Prix
15.90 €
Langue
Français
Image
L'île aux morts

#VosCommentaires

#OnContinue ?

109 rue des Soupirs 109 rue des Soupirs - Tome 1 Fantômes à domicile

"Belle-en-Joie est une ville où il fait bon vivre... Vous aimerez ses commerces, ses habitants, ses rues foisonnantes d'étals colorés... Et même sa spécialité locale, la terrine de…
#109ruedessoupirs, #mrtan, #yomguidumont, #casterman

Swimming pool
Le nouveau roman de Sarah Crossan dont j'entends énormément parler traduit par Clémentine Beauvais que je connais et j'adore.
#swimmingpool, #sarahcrossan, #rageot, #clementinebeauvais
Le Journal de Gurty Tome 5 Vacances chez Tête de Fesses
"En dehors de Tête de Fesses, cette maison présentait le double inconvénient d'être habité par Donovan et Cassidy Caboufigues, des jumeaux aussi tarés l'un que l'autre."
#lejournaldegurty, #gurty, #bertrandsantini, #sarbacane, #pepix
Des sauvages et des hommes Des sauvages et des hommes

"Edou avait passé plusieurs nuits à ne pas dormir, essayant de discipliner ses pensées. Dans le monde que cette pancarte et ce programme venaient de créer, tout semblait s'être écroulé pour être…
#dessauvagesetdeshommes, #anneliseheurtier, #casterman

Félines
"Depuis que le monde est monde, il a toujours la même tête et elle n'est pas très jolie. D'autres que moi diraient même qu'il a franchement une sale gueule."
#felines, #stephaneservant, #epik, #lerouerguejeunesse
Dis non, Ninon !
"- Ah bah c'est vrai que ça saute pas aux yeux, faut vraiment avoir fait dix ans d'études pour savoir que je suis grosse, hein, pensa à son tour Ninon."
#disnonninon, #lisachopale, #gulfstream, #echos, #romanado
Les enfants des Feuillantines Les enfants des Feuillantines

“- Combien d’enfants avez-vous à votre charge?

Désirée plissa les yeux. Elle détestait cette question. La réponse suscitait toujours des exclamations d’horreur et…
#lesenfantsdesfeuillantines, #celiagarino, #sarbacane, #exprim

Un thé à l'eau de parapluie Un thé à l'eau de parapluie

"Elmo observe la pluie ruisseler sur les fenêtres de son terrier.

"L'automne est bien là", songe-t-il le coeur serré."


#unthealeaudeparapluie, #karenhottois, #chloemalard, #seuiljeunesse
Guerrière Guerrière

Les mots crient : “Non, non ! On ne pourra plus raconter, jamais, on ne pourra plus devenir une source, ni un ruisseau, ni un fleuve. Ton existence a volé en éclats et chaque morceau que tu…
#guerriere, #cecilealix, #slalom

Amélia Fang et le bal barbare
"Que c’est barbant, un Bal barbare !" En tout cas, barbant, ce roman, lui, ne l'est pas.
#ameliafang, #lauraellenanderson, #casterman