Comme des sauvages

Soumis par HashtagCeline le mar 08/09/2020 - 21:48

"Tout à l’heure, hier, à propos des règles de chasse de la communauté, il avait pensé : «Quand je serai adulte», et c’était une pensée répugnante – mais il subodorait que dès lors qu’on l’a conçue, on ne peut plus rebrousser chemin vers l’enfance éternelle – on ne peut qu’essayer de s’accrocher, comme lorsqu’un animal ou un homme vous tire par les pieds hors d’un terrier, qu’on essaye de s’y retenir, becs et ongles, mais c’est foutu, déjà, c’est révolu..."

#EnParler

Plus je lis des romans de Vincent Villeminot, plus je l’aime. 
Jusque-là, j'avais passé passé de bons moments en sa compagnie et puis il y a eu Nous sommes l’étincelle (PKJ, 2019).

Véritable révélation pour moi, j’avais tellement été soufflée par ce texte, ébranlée et touchée que je n’avais même pas pu, pas osé en parler de peur de mal le faire… Ça m’arrive rarement.
Et là, pour Comme des sauvages, je me suis dit que je ne pouvais pas me taire, pas cette fois. Et tant pis si je suis maladroite, si je n’ai pas les mots justes. J’ai vraiment aimé ce roman et j’ai envie de le crier haut et fort ! Impossible de garder toutes ces émotions pour moi. 

#ACorpsPerdu

Difficile de parler de ce livre donc. Il s'est passé un truc très bizarre avec ce texte sur lequel je n'arrive pas encore trop à mettre des mots (d'ailleurs j'emploie le terme "truc")
Ce que je peux vous dire, c'est qu'il m'a drôlement remuée et que ça faisait drôlement longtemps que cela m'était arrivé à ce point.
Cette histoire, pourtant, au départ, ne m'inspirait pas trop et de fait, rien ne laissait présager un tel raz-de-marée intérieur. Pourtant, c'est arrivé. Pourquoi? Je ne me l'explique pas trop non plus. Il m'en reste un sentiment intense et très fort que ce livre va rester pour moi une référence, un souvenir inoubliable de lecture et une recommandation que je ferai à tous et toutes.
J'essaie d'être plus précise?
Comme des sauvages est dense, riche. Il est aussi multiple donc difficile d'en résumer l'intrigue qui part un peu dans tous les sens ( dans le bon sens du terme).
Pourtant, tout débute de façon assez banale. Les parents de Tom et Emma ont décidé de se séparer, sonnant la fin d'une époque. Le frère et la sœur, qui ne sont pas particulièrement proches, partent alors ensemble dans le Parc naturel des Monts d'Ardèche à C. pour quelques jours. Là-bas, au milieu des amis de Max, petit copain d'Emma, Tom s'évade en partant à la découverte de la nature sauvage environnante pendant qu'Emma tente de préserver son couple. Et puis Tom disparaît.

A partir de là, l'intrigue bascule. Rien ne sera plus pareil pour Emma, ni pour nous.

"Elle tomba, de haut, lourdement, roula, sentit que sa hanche heurtait une pierre dans sa chute, que quelque chose craquait à l’intérieur et aussi dans les côtes – elle retint le cri. Elle ignorait jusque‑là qu’elle pouvait retenir la douleur, en faire de la colère."

Je n'en dis pas plus. Ça serait dommage, ça suffit. De toute façon, vous verrez, il ne vous faudra pas longtemps pour être happé par le mystère, l'atmosphère, les mots de l'auteur. Il sera déjà trop tard pour faire machine arrière, comme pour Tom, ignorant cet avertissement :

"Celui qui pénètre dans cette partie de la forêt ne reviendra jamais en arrière. Jamais."

Je crois que je vais juste parler de mon ressenti sans forcément rentrer dans les détails car en réalité c'est presque impossible.
Ce roman, il commence d'une certaine façon, continue d'une autre, puis prend un autre tournant puis un nouveau virage pour nous emmener de plus en plus profondément dans ses méandres, au fond de la forêt, au coeur de la nature. Ce roman, il subjugue autant qu'il embrouille. Le découpage de l'histoire est étonnant lui aussi et contribue à poser l'ambiance, mystérieuse et troublante. Des titres de chapitres, énigmatiques mais annonciateurs des événements à venir, jalonnent le texte.
Ce livre, il nous mène sur des pistes plus ou moins praticables, plus ou moins nettes :

- celle de plusieurs personnages que l'on va connaître brièvement, à qui il ne faudra pas forcément trop s'attacher pour ne pas être triste de les quitter. A travers les histoires de tous ces hommes et femmes, de ces enfants et de leurs comportements, de leurs rêves, de leurs utopies se dessine la nature humaine, ici bien souvent sauvage.

"Elle ne savait pas ce qu’elle désirait, croyait, espérait croire, ni même si elle attendait quelque chose. Elle avait juste le sentiment qu’ici, la mort de son âme était plus supportable."

- celle de bisons d'Amérique, créatures errantes dans ce récit qui ont un rôle capital, cristallisant les peurs, les envies, les désirs des protagonistes, comme le versant animal de chacun. Ces animaux sont parfois plus humains que les humains eux-mêmes. 

- celle de l'enfance, que certains et certaines veulent préserver alors qu'elle est éphémère, nous échappant un jour, irrémédiablement.... L'ombre de Peter Pan plane sur le récit, Vincent Villeminot y fait clairement référence. C'est beau. C'est triste. Le thème s'insère parfaitement dans l'histoire, sert de base à l'ensemble.

Comme des sauvages est un roman d'aventure, de survie, fantastique, initiatique, écologique, philosophique... Les qualificatifs pleuvent mais le livre reste inclassable car je l'ai dit, il est multiple et insaisissable.

Son titre est aussi un choix très pertinent et pose une question : qui sont vraiment les sauvages de ce livre?

"Mais non, l’être humain est ainsi : il ne peut renoncer, accepter son sort. Même pris au piège, même devant l’inéluctable défaite ou la perspective d’une mort certaine, il essaye. Il se bat. Il rue."

Et chose extrêmement rare: une fois la dernière ligne lue, je n'avais qu'une envie : reprendre tout depuis le début. Refaire le voyage, parcourir à nouveau ces pages qui, je le sens, ne m'ont pas livré tous leurs secrets, qui demandent que j'y revienne, qui m'attirent, m'appellent de façon inexplicable mais très puissante.

Je ne m'explique décidément pas grand chose... et surtout pas les émotions si fortes et presque primales, animales, sauvages en fait, ressenties lors de cette lecture.

C'est sans doute ça la force de l'écriture, des mots de Vincent Villeminot : savoir nous mener à l'essentiel, nous atteindre au plus profond de notre être.

Je m'arrête là. Et je ne peux vous conseiller qu'une chose : lire Comme des sauvages et vous souhaiter de vivre cette lecture aussi intensément que moi.

#PourQui?

Pour ceux et celles qui veulent vivre une expérience de lecture inédite.
Pour ceux et celles qui n'ont pas peur de perdre un peu pied.
Pour ceux et celles qui aiment la nature.
Pour tous et toutes à partir de 14 ans.

Coup de cœur !
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
320
Prix
18.90 €
Langue
Français
Image
Comme des sauvages

#VosCommentaires

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