Après le très touchant Carnet rouge, consacré aux kumaris (Casterman, 2011), Annelise Heurtier aborde la ségrégation à travers le destin de deux adolescentes que tout oppose.
En 1957, aux États-Unis, pour la première fois dans l’Histoire, neuf étudiants noirs font leur rentrée dans un lycée réservé aux blancs. Cette décision de la Cour Suprême échauffe vivement les esprits. Molly Costello est noire. Elle est l’une de ces neuf étudiants et croit en la possibilité de voir les mentalités évoluer ; elle espère même pouvoir y contribuer. Cependant, elle ne s’imagine pas à quel point son inscription dans ce lycée va bouleverser son existence, depuis toujours rythmée par les humiliations. Il s’agit toutefois pour elle d’un combat. Et elle est prête à l’engager de toutes ses forces. Grace Anderson, quant à elle, est blanche, et plus préoccupée par le bal de fin d’année que par les événements qui secouent son lycée. À cause des idées radicales de sa meilleure amie et de son petit ami, Grace est amenée à s’interroger sur la ségrégation raciale. Molly et Grace sont toutes deux dans leur seizième année, un âge où la vie est censée être douce, mais à travers leur histoire se dessine la terrible réalité de deux mondes qui se côtoient sans vouloir s’accepter. Dans ce contexte de violence, l’horreur finit par atteindre celle qui s’en croyait protégée. Inspiré de faits réels, le roman d’Annelise Heurtier traite de façon très subtile un sujet trop rarement abordé dans la littérature jeunesse.
Là où naissent les nuages est une belle invitation au voyage. Au-delà des merveilles de la Mongolie, on découvre le travail d’une association humanitaire.
Amélia fait figure de vilain petit canard auprès de ses parents si parfaits. Pour combler son manque de confiance en elle, elle grignote sans arrêt, ce qui ne fait qu’augmenter son mal-être. Mais sa vie est sur le point de changer et cela grâce à une lettre en provenance de Mongolie. Bakar, à la tête de The Shelter, une association humanitaire qui aide les enfants des rues d’Oulan-Bator, vient se rappeler au bon souvenir de la mère d’Amélia qui y a travaillé une quinzaine d’années auparavant. Sur un coup de tête, le père de la jeune fille propose d’aller y passer l’été. Après discussion, seuls le père et la fille partiront pour un mois aider les bénévoles. Tiraillée entre l’envie et la peur panique, Amélia se lance dans les préparatifs. Mais à quelques jours du départ, les plans vont changer : Amélia prendra l’avion seule. 7 700 kilomètres plus tard, l’adolescente atterrit à Oulan-Bator. Elle n’imagine pas à quel point ce voyage va transformer sa vision étriquée du monde. Ses problèmes lui semblent maintenant bien futiles comparés à ceux des gens d’ici. Au contact des membres de l’association et surtout des enfants, Amélia s’acceptera peut-être enfin telle qu’elle est.
Dans le cadre de mon travail pour Page des Libraires, j'ai eu la chance de pouvoir réaliser un entretien avec l'autrice au moment de la sortie de son roman Le complexe du papillon (joie immense!)
Le voici (Page= moi) :
Petit résumé d'introduction :
Mathilde est une adolescente équilibrée mais ébranlée par le récent décès de sa grand-mère chérie. Un peu sur un coup de tête, la jeune fille se lance dans un régime. Petit à petit, elle sombre dans l’excès et perd pied. Annelise Heurtier trouve encore une fois les mots justes pour toucher son lecteur.
Questions à Annelise Heurtier et surtout ses réponses :
Page — Vous avez l’habitude d’aborder des sujets forts avec beaucoup de sensibilité, comme ici l’anorexie mentale et la douleur du deuil. Où puisez-vous votre inspiration ?
Annelise Heurtier — Dans ce qui m’entoure, tout simplement. Depuis que j’écris, je sens que je suis beaucoup plus attentive à ce que j’entends, ce que je vois, car je sais que tout peut être à l’origine d’un roman. En l’occurrence, l’écriture du Complexe du papillon fait suite à une accumulation de plusieurs éléments. En premier lieu, il y a eu cette mode du thigh gap (l’espace entre les cuisses que les jeunes filles mesurent comme une preuve de maigreur), que j’ai d’abord découverte par le biais d’un article publié sur le site du Nouvel Observateur avant de l’entendre également sur France Inter, puis dans de nombreux autres médias. Quelques semaines plus tard, une amie proche m’a confié que sa fille – pourtant mince – trouvait que ses cuisses étaient trop grosses... Et comme je suis moi-même un peu passée par-là, je me suis dit que je pouvais essayer d’écrire sur le sujet.
Page — À travers l’histoire de Mathilde, mais aussi de ses camarades, vous brossez des portraits d’adolescents très réalistes qui se préoccupent beaucoup de leur apparence et suivent des modes parfois étranges. Vous êtes-vous glissée dans la peau d’une jeune fille de 14 ans avec facilité ?
A. H. — Peut-être que les romanciers en littérature jeunesse ont ceci de particulier qu’ils ont plus de facilité que d’autres adultes à se glisser dans la (jeune) peau de leurs lecteurs... J’essaie d’être réaliste pour rendre l’identification plus facile, même si je redoute toujours d’être dépassée ou à côté de la plaque. Je trouve qu’il n’y a rien de plus agaçant pour le lecteur adolescent qu’un auteur qui veut « faire jeune ». Ceci dit, pour revenir à la problématique du roman, le culte de l’apparence n’est pas l’apanage des jeunes : un certain nombre d’adultes se laissent influencer par ce qu’ils voient dans les magazines ou sur Internet.
Page — Népal, Mongolie, Italie… Nous avions beaucoup voyagé avec les héroïnes de vos romans précédents*. Mais pas cette fois. Mathilde, elle, ne s’évade du Périgord qu’à travers sa passion de la course. Y a-t-il une raison particulière à ce choix ?
A. H. — Non, je ne crois pas. Le sujet de l’anorexie était déjà suffisamment fort pour ne pas le diluer dans un décorum plus exotique. Je voulais que le lecteur se concentre sur la problématique de Mathilde.
Page — Avez-vous écrit Le Complexe du papillon avec un objectif précis, comme passer un message par exemple ?
A.-C. — Je n’ai pas la prétention de vouloir passer un message. Susciter la réflexion serait déjà très bien !
Extrait du Dossier "Tous différents tous pareils" paru dans Page (dossier parlant également du très bon roman de Séverine Vidal et Manu Causse Nos coeurs tordus)
Envole-moi est avant tout une belle histoire d’amour. Les deux héros, Swann et Joanna, ont 15 ans. Ils sont jeunes et passionnés. L’un par l’autre d’abord, mais aussi par la musique, pour lui, et la danse, pour elle. Ils sont heureux. Oui mais… il y a un « mais » : Joanna est en fauteuil roulant. Swann, jeune homme au succès incontestable auprès des filles, ne se serait jamais imaginé sortir avec une « handicapée ». Mais ça lui est tombé dessus. Et cet amour est plus fort que tout ce qu’il a pu connaître jusque-là. Maintenant, il faut assumer. Assumer le regard des autres mais aussi tout ce que cela implique au quotidien. Joanna assume, elle, enfin presque… Alors Swann le romantique a bien l’intention de lui rendre la vie plus belle car elle le rend profondément heureux. Avec Envole-moi, Annelise Heurtier s’attaque encore une fois à un sujet sensible. Mais comme toujours, sans faux pas, elle sait mettre à profit les aventures de ses héros, permettant au lecteur de s’ouvrir à d’autres univers ou, comme ici, à une autre façon de vivre.
J'ai découvert Annelise Heurtier en lisant son magnifique roman Le carnet rouge. Une révélation ! C'est avec impatience que j'attendais chacun de ses livres. Un seul raté dans mon suivi de ses lectures : Refuges que je n'ai pas encore lu. Ca finira par arriver, c'est certain.
Et au cas où, pour en savoir plus, n'hésitez pas à aller sur son blog : http://histoiresdelison.blogspot.fr/
#VosCommentaires