Le Prix Vendredi est tout récent mais est déjà reconnu. Nommé ainsi en hommage à Michel Tournier et récompensant « un ouvrage francophone, destiné aux plus de 13 ans », il avait, lors sa première édition,distingué Anne-Laure Bondoux et son très beau roman L'aube sera grandiose.
Alors, pour cette deuxième édition, je surveillais. En lice, des romans qui m'avaient subjuguée, dérangée et que je souhaitais secrètement voir gagner.
Et c'est finalement Nicolas de Crécy qui a raflé la mise. Son roman était l'un des seuls que je ne connaissais pas. Tant mieux !
Intriguée, j'ai décidé de lire ce roman à côté duquel j'étais complètement passée...
"Dans le monde des fantômes, une guerre impitoyable fait rage. Des spectres malfaisants, idéologues et criminels, ont pris le pouvoir.
Alors que la Résistance s’organise, un jeune fantôme, à la recherche de ses parents disparus, s’y enrôle avec espoir et conviction. Avant d’être impliqué dans une autre guerre, plus violente encore : celle des humains. Le hasard amène le jeune fantôme jusqu’à une maison étrange, où se cache une jeune fille. Il en tombe amoureux, voudrait lui déclarer sa flamme, alors que celle-ci ne se doute même pas de son existence.
Mais un soir elle disparaît…"
Pour les jeunes lecteurs comme pour les adultes (à partir de 13 ans)
Une fois le livre en main, ce qui m'a tout de suite frappée, ce sont ses illustrations. Impossible de rester insensible à la beauté de ces images, véritables tableaux, jalonnant le texte.
Nicolas de Crécy est issu du milieu de la BD et nous offre avec ce roman une pleine étendue de son talent artistique.
Si l'illustration est une part importante de ce livre, il y a aussi une histoire l'accompagnant dans laquelle je me suis lancée, toujours aussi curieuse et avec un bon a priori.
Cette histoire est à la fois originale et tristement déjà vue. Nous nous retrouvons au coeur d'une guerre, qui comme celle 39-45, oppose un régime totalitaire à une population qui résiste et qui souffre.
Sauf qu'ici, tous les personnages (ou presque) sont des fantômes. Car c'est dans leur monde que la guerre se déroule.
Le héros est lui aussi un fantôme. Il va croiser la route de ses semblables, pas toujours bien attentionnés, et vivre dans des lieux habités par les humains. Il se prend d'amitié pour un chien et tombe amoureux (pas du chien).
L'histoire, je le reconnais, est intéressante ne serait-ce que par ce parallèle établi entre l'histoire de notre monde et celui des fantômes.
Les aventures du héros ne sont pas dénuées d'intérêt et grâce aux illustrations, on avance, on s'enfonce au coeur de la folie de ces fantômes qui réveille les vieux démons de notre propre passé.
Malgré tout, je n'ai pas réussi à rentrer pleinement dans cette aventure spectrale. Je suis restée en surface, flottant moi aussi tel un fantôme au-dessus de cette histoire qui me semblait pourtant prometteuse.
Je l'ai lu, sans m'ennuyer. Mais je l'ai refermé, sans ressentir d'émotion particulière.
Pourtant, je ne nie pas certaines qualités à ce roman et je comprends aussi qu'il ait pu séduire le jury du Prix Vendredi (et pas que) . C'est une forme de récit intéressante et les illustrations l'accompagnant sont à elles seules une réussite. Mais cela n'a pas suffi à me convaincre.
Mon avis est donc très mitigé sur ce roman. Mais je suis contente de l'avoir lu et d'avoir pu me faire mon propre avis sur ce lauréat du Prix Vendredi.
En compétition de ce Prix Vendredi 2018, il y avait :
La tête sous l’eau d’Olivier Adam (Robert Laffont), Brexit romance de Clémentine Beauvais (Sarbacane), Pâquerette, une histoire de pirates de Gaston Boyer (Gallimard Jeunesse), Rester debout de Fabrice Colin (Albin Michel), Un mois à l’ouest de Claudine Desmarteau (Thierry Magnier), Trois filles en colère d’Isabelle Pandazopoulos (Gallimard Jeunesse), et Pëppo de Séverine Vidal (Bayard).
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