" Il me regarde fixement et me dit :
- Toi, t'es z-zarbie ! Si tu voyais tes yeux ! Zarbie les Yeux Verts ! T'es complètement cinglée !
J'éclate d'un rire farouche. C'est comme si ce type avait vu en moi."
#JoyceCarolOates
Il y a quelques temps, j’ai lu Sexy de Joyce Carol Oates. Je m’étais promis de découvrir d’autres romans de l’autrice dont j’avais vraiment aimé le style et la façon de poser une véritable ambiance. Mais j’ai un peu traîné…C’était il y a maintenant un an. J’avais noté plusieurs titres dont Zarbie les Yeux Verts qui m’intriguait énormément.
Enfin, je l’ai lu, je l’ai aimé. Et cette fois-ci, c’est sûr, je ne vais pas attendre aussi longtemps pour me relancer dans un autre livre de Joyce Carol Oates.
J’ai déjà prévu de lire Nulle et grande gueule (encore un titre accrocheur) et en littérature adulte, Les chutes, pavé de plus de 500 pages qu’on m’a largement recommandé.
#RésumonsUnPeu
Francesca n’aime pas son prénom. Elle préfère qu’on l’appelle Franky. Ses amis, ses professeurs, sa soeur, son père, son frère, tous la surnomment ainsi. Sauf sa mère. Cela l’agace un peu mais c’est ainsi.
Francesca pour une, Franky pour les autres, et puis, après ce fameux soir où tout aurait pu mal tourner, elle va aussi parfois être Zarbie les Yeux Verts, cette fille rebelle, bravache, qui tient tête et qui ose. Mais cette identité, Zarbie, reste un secret.
La plupart du temps, elle est Franky, la fille de Reid Pierson, ancienne star du foot reconvertie en reporter sportif. Celui-ci, adoré du public, l’est aussi de ses enfants.
Mais derrière la lumière et les sourires des plateaux télé, se cache chez cet homme une part d’ombre.
“J’essayais d’être Zarbie les Yeux Verts, mais j’avais peur, alors que Zarbie n’a jamais peur.”
Franky aura peut-être besoin de Zarbie pour affronter l’obscure réalité.
#EntreDeuxFeux
J’avais beaucoup aimé Sexy sans que cela soit un coup de coeur. Malgré le plaisir que j’avais eu à lire Joyce Carol Oates, il m’avait manqué un petit quelque chose,un peu de rythme pour me convaincre totalement.
Ici, en revanche, l’histoire m’a happée d’emblée. Il faut dire que tout débute assez rapidement. Il y a cette scène explicative du titre du roman, avec l’apparition de la fameuse Zarbie, fruit de l’imagination de Franky. A la fois soutien psychologique , soupape dans les moments difficiles mais aussi avocat du diable, mauvaise conscience, présence culpabilisante quand la situation tourne au tragique. Elle est la petite voix qui la conseille et qui la guide dans le noir.
Alors qu’on imagine que c’est autour de cet événement de départ (une tentative de viol) que va tourner le roman, l’autrice nous entraîne alors sur un tout autre chemin, plus vicieux, plus souterrain… C’est assez étonnant et on ne sait pas où tout cela va nous mener. On se laisse porter.
Mais, de fait, cela crée un trouble, un malaise. Et on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Mais quoi?
On ne sait pas trop où se place la vérité, la réalité.
Et c’est là-dessus que Joyce Carol Oates place son intrigue, ses personnages qui semblent tous jouer un double jeu. Que se passe t-il dans cette famille?
Nous, lecteurs et lectrices, nous observons les Pierson à travers le regard de Franky qui aime passionnément son père, aveuglée par son assurance, son charisme.
Sa mère, elle l’aime bien sûr mais elle n’a pas le même rapport avec elle. Car tout ce qui gravite autour de Ried Pierson, le père, est un peu éclipsé par son aura, même sa mère.
On comprend peu à peu. Mais comme Franky, on aimerait se voiler la face.
“Ce n’était rien, juste un orage.
Dans le miroir de la salle de bain, Zarbie les Yeux Verts me lance un regard noir. J’ai une envie folle de griffer ces yeux.”
Joyce Carol Oates nous construit un thriller psychologique très fin, très subtil qui joue sur les sentiments, les faux-semblants, les mensonges, la manipulation…
Un peu comme Franky, on se sent perdu, marionnettes entre les mains de l’autrice… Et il n’y a que Zarbie qui nous donne quelques pistes, un aperçu de la terrible vérité.
“Quand on m’interrogerait sur ce jour-là, par la suite, j’essaierais de me rappeler la succession chronologique des événements. Je dirais la vérité. Mais je ne dirais pas toute la vérité. Car la plus grande partie de cette journée était irréelle pour moi, comme un rêve brisé en morceaux. Un horrible rêve brisé en horribles morceaux.”
Zarbie les yeux verts m’a vraiment captivée de bout en bout. J’avais envie de me tromper, que tout ce que j’imaginais soit faux.
Mais se voiler la face n’est pas une solution. Franky va en faire l’amère expérience. J’ai refermé ce livre avec les larmes aux yeux.
Cette lecture est un gros coup de coeur, une lecture qui bouscule comme je les aime.
A découvrir sans plus attendre, d'autant plus qu'il est paru récemment dans la collection au format poche Pôle fiction chez Gallimard Jeunesse.
#PourQui?
Pour ceux et celles qui aiment les thrillers psychologiques.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires de disparition.
Pour ceux et celles qui voudraient être quelqu’un d’autre.
Pour tous et toutes à partir de 13 ans.
#VosCommentaires