Le Petit Prince de Harlem m'a permis de faire un saut dans le passé au coeur d'une époque passionnante mais également de découvrir un très bon auteur : Mikaël Thévenot.
Son texte m'a beaucoup plu et j'ai trouvé son style très agréable. De fait, j'ai bien noté sur ma liste de lecture de trouver un moment pour lire sa précédente série, Flow, parue en deux tomes chez Didier Jeunesse.
Cette histoire, c'est celle de Sonny que l'on va suivre à deux périodes de sa vie.
De façon alternée, des passages se déroulent de nos jours auprès de Sonny devenu âgé puis d'autres passages, plus nombreux, nous ramènent dans les années 1920 auprès de Sonny enfant.
Dans ces années-là, il a 14 ans. Son père est décédé d'une maladie foudroyante. C'est ce qu'on lui a raconté. Il vit donc seul avec sa mère qui travaille dur pour les faire vivre. Mais elle aussi est souffrante et son état de santé s'aggrave de jour en jour.
Sonny devrait aller à l'école comme les autres enfants de son quartier mais au lieu de cela, il suit son oncle dans ses plans plus ou moins légaux.
Et puis surtout, il est très intrigué par un nouvel arrivant de l'immeuble qui tous les soirs monte sur les toits jouer du saxophone. Cette musique trouve un étrange écho en lui. Il essaie d'en parler à sa mère qui semble troublée.
Sonny finit par découvrir que son père jouait lui aussi du saxophone. Il apprend également comment celui-ci est réellement mort : tué par balles, à cause de sa couleur de peau. Son saxophone, que son oncle a conservé, en porte les tristes marques.
A partir de là, Sonny décide lui aussi d'apprendre à jouer de cet instrument afin de maîtriser à son tour cette musique qui le touche tant.
Mais le quotidien le rattrape et Sonny va se trouver pris au jeu de l'argent facile. Est-ce sans danger? Sûrement pas. Il va devoir être plus prudent s'il ne veut pas y laisser sa vie.
Le Petit Prince de Harlem est un roman assez court mais qui dégage beaucoup d'émotion.
En moins de 200 pages, Mikaël Thévenot réussit à retracer une vie entière, riche et sensationnelle, sur fond de musique jazz, de paris illégaux, de racisme et de prohibition.
Sonny, le héros, est un jeune garçon qui grâce à son talent et sa passion va sortir du chemin qui semblait tout tracé pour lui.
Confronté au racisme au quotidien, il observe le clivage fort entre noirs et blancs sans le comprendre. Ce racisme est aussi à l'origine de la mort inutile de son père, revenu sain et sauf de la première guerre mondiale pour mourir dans une ruelle de son propre pays. Un triste comble.
Le personnage de Sonny est vraiment bouleversant, tiraillé entre ce qu'il devrait faire pour ne pas décevoir sa mère et ce qu'il fait réellement pour maintenir la famille à flots. Et puis il y a cette nouvelle passion qui le ramène à ses origines, sur les pas de son père et qui le trouble profondément.
Au gré de ces vingt chapitres, Mikaël Thévenot nous promène entre deux époques, dans les souvenirs d'un jeune garçon devenu vieil homme. En musique, nous suivons le chemin de ce destin hors du commun.
La vie de Sonny est atypique et jalonnée de rencontres déterminantes comme celle de ce musicien des toits ou Queenie, la reine de Harlem. C'est elle d'ailleurs qui lui trouvera son surnom.
La musique prend beaucoup de place dans ce roman. Mikaël Thévenot a même prévu une playlist à écouter. Le jazz est bien présent, rythmant la vie du héros et aussi notre lecture.
Le Petit Prince de Harlem m'a fait passé un très bon moment en m'immergeant dans cette ambiance jazzy tout à fait envoûtante.
Et j'ai aussi découvert une belle plume mise au service de l'histoire captivante d'un personnage étonnant dans une époque passionnante !
Un très joli roman.
Pour ceux et celles qui veulent découvrir le New York des années 20.
Pour ceux et celles qui ont le rythme dans la peau.
Pour ceux et celles qui aiment les héros passionnés et courageux.
Pour tous et toutes à partir de 12-13 ans.
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