“- Combien d’enfants avez-vous à votre charge?
Désirée plissa les yeux. Elle détestait cette question. La réponse suscitait toujours des exclamations d’horreur et d’étonnement mêlés.
- Sept.
La femme n’eut aucune réaction. Elle devait déjà le savoir.
- Et quel âge avez-vous?
- Vingt-cinq ans.
- C’est jeune pour s’occuper de sept enfants.
- Au Moyen- Age, c’était monnaie courante, fit-elle d’un ton bravache.”
#UnAirDeFamille
Que j’annonce tout de suite la couleur, j’ai adoré ce roman : lumineux, chaleureux et enthousiasmant !
Et comme d’autres qui ont déjà eu la chance de le lire, j’ai trouvé à ce titre un petit air de famille avec d’autres : Diabolo fraise de Sabrina Bensalah, Oh, boy! De Marie-Aude Murail (enfin pour n’en citer qu’un de l’autrice), Falalalala d’Emilie Chazerand, Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh ou encore Zelda la rouge de Martine Pouchain.
Mais au final, au-delà de toute comparaison, ce roman sait trouver sa propre identité et faire preuve d'originalité. Comment? Grâce à la forte personnalité de chaque membre un peu spécial de cette formidable famille qui, malgré de nombreux drames, reste soudée, touchante et émouvante dans le quotidien et l’adversité. A travers chacun d'eux, les thèmes abordés sont riches et variés. Et surtout, on ne voit pas les 500 pages défiler !
Une fois que vous aurez mis les pieds aux Feuillantines,je vous promets que vous ne voudrez plus en repartir.
#RésumonsUnPeu
La famille Mortemer est atypique. Son histoire l’est, ses membres le sont et son quotidien aussi.
Qui sont-ils? Voici la liste :
“Granny, cent-six ans.
Isidore et Honoré, seize ans.
Brunehilde, quatorze ans.
Hermeline, treize ans.
Warren, sept ans.
Calliope, six ans.
Pernelle, deux ans et demi.”
Sans oublier celle qui tient tout ce petit monde :l’aînée, Désirée, presque 25 ans.
Et puis les Mortemer, ce sont aussi des absentes dont les ombres pèsent sur la maisonnée : Isabella, Willa, Rosemonde, le trio de mères qui a donné naissance à tous ces enfants mais qui n’a pas su rester, tenir, vivre.
Alors, pour sauver ce qui pouvait l’être, tous les cousins, cousines, soeurs et frères vivent aux Feuillantines, la maison de famille un peu délabrée mais chaleureuse au bord d'une falaise : "la première menacée en cas de tempête, la plus venteuse, la plus humide, la plus ensablée, la plus poétique."
Ensemble, les enfants des Feuillantines se soutiennent, se chamaillent, se racontent des histoires et tentent d’avancer malgré l’absence de toutes celles qui devraient être auprès d’eux.
Désirée, malgré le vent et ses rafales, maintient le cap, sauf qu’à trop en faire, elle s’est un peu oubliée.
Et pour tout le monde, pas facile de grandir avec une histoire familiale aussi lourde à porter...
"MèreDeFamille
J’aime ce genre de chronique familiale. Comme tous les romans que j’ai cités en introduction,je suis toujours séduite par les histoires qui nous font suivre le parcours de plusieurs membres d’une même famille.
Comme le récit est ici bien mené, j’avais un peu l’impression d’être dans un feuilleton avec l’impatience, à chaque chapitre, de découvrir la suite des aventures des uns et des autres.
Chaque personnage a ses propres problèmes à régler, en plus de ceux de la vie en collectivité aux Feuillantines : Warren et sa solitude, Brunehilde et ses ennemies jurées, Hermeline et son père, Calliope et son tunnel à creuser, Honoré et sa popularité, Isidore et ses grands projets pour Désirée. Et Désirée, justement...
"Qui, mais qui s'infligeait ça?
-Sept enfants, sept enfants...
Elle s'en serait donné des baffes. Son cerveau n'avait aucun repos, aucun, depuis plus de quatre ans ! Et même avant... (...)
- Et moi, hein? Qui est-ce qui s'occupe de moi?
Les triplées , sur le papier glacé, lui souriaient.
-Ah ben, oui, vous pouvez sourire, hein. Vous êtes plus là, vous. Vous n'avez plus de problèmes."
En y réfléchissant un peu, même si elle les aime "ses enfants", elle aimerait bien avoir une vie à elle, comme avant. Revoir d'anciennes connaissances...
Et pour dire à quel point je me suis passionnée pour ce livre, je n'ai pas vu les 500 pages défiler! Avec eux, aucun répit, aucun moment d'ennui. Le récit, comme la maison, est plein de vie !
“Plus.Que.Quatre.Jours. Cela faisait douze jours qu’ils étaient en vacances, et elle avait plus que jamais l’impression de diriger un orphelinat : des cris partout. Jamais de repos. Des disputes pour des vêtements entre les plus grands, des bagarres entre les plus petits, des pleurs, des cahiers de devoirs à rendre, des gâteaux ratés qui transformaient la cuisine en champ de bataille post Waterloo, des râleries à propos du temps passé devant la télé ou les consoles de jeu..."
Et bizarrement, à bien y réfléchir, je ne saurais pas dire quel personnage m’a le plus touchée. Si tout gravite autour de Désirée, pilier de cette fratrie reconstituée, chaque membre des Mortemer est important et chacun nous entraîne dans son univers propre. Chaque enfant est différent et c’est ce qui fait la richesse de cette tribu mais aussi celle du roman sans jamais s’éparpiller ! Et ça, je trouve assez fort finalement. Car oui, à tous et toutes, je me suis attachée. Tous et toutes m’ont donné envie de venir les rencontrer, les aider, les serrer dans mes bras. Et surtout, de ne pas les quitter... C'était dur de les laisser une fois la dernière page tournée.
Le passé de cette famille est aussi vraiment passionnant. L’histoire de Granny mais aussi de ces trois mères, avec chacune un destin tragique est un bon terreau pour faire pousser l’intrigue. Sans tomber dans la pitié, cela nous les rend tous immédiatement sympathiques, et explique pourquoi certains, certaines ont l’air étrange, absent, en colère...
Célia Garino réussit à la perfection cette recette compliquée qui consiste à mélanger des drames aux petits bonheurs du quotidien, la fatigue d’être ensemble à la peur d’être séparés, les rires et les larmes, les moments de grâce et ceux de "Minute Codée". Ils valent le détour ceux-ci, vous verrez.
L'autrice nous plonge dans le quotidien chaotique de cette famille nombreuse, dysfonctionnelle, étonnante mais finalement heureuse. Et on comprend bien ici que la notion de famille est impossible à définir, qu'aucun schéma n'est idéal. Le principal? Avoir auprès de soi des personnes qu'on aime et qui nous le rendent bien. Un beau message, donc... Non?
Je n'imagine pas un instant que cette histoire vous laisse de marbre.
Pour moi, c'est un coup de coeur. On en reparle?
#PourQui?
Pour ceux et celles qui aiment les histoires de famille.
Pour ceux et celles qui aiment suivre plusieurs histoires en une seule.
Pour ceux et celles qui aiment les romans qui mêlent les rires aux larmes.
Pour ceux et celles qui aiment les romans qui, malgré les drames, font vraiment du bien.
Pour tous et toutes à partir de 14 ans.
#VosCommentaires