Je continue mon cycle de « romans d’horreur » avec Emmurées d’Alex Bell publié chez Milan. Cet éditeur publie régulièrement des titres du genre. On se souvient (enfin moi je m’en souviens) du terrifiant roman Les chiens d’Alan Stratton paru en 2015.
Plus récemment, il y a eu Photophobia (mai 2017) de Tom Becker ou Maudits soient-ils (octobre 2017) de Courtney Alameda (que je n’ai pas encore lus)
Sophie et son meilleur ami, Jay, prennent un café. Jay a téléchargé une application sur son téléphone : un ouija. Comme pour le "jeu" classique, il faut invoquer l’esprit d’une personne morte et lui poser des questions.
Sophie pense alors à sa cousine Rebecca, décédée à l’âge de 7 ans, même si elle ne l'a pas vraiment connue.
Le curseur, comme dans un vrai "jeu", se déplace pour délivrer les soi-disant messages de l’au-delà de la jeune disparue.
Ils en rient au départ sans vraiment comprendre ce que veulent dire ces mots :
"SABLE NOIR", "PAPA DIT JAMAIS OUVRIR LE PORTAIL", "CHARLOTTE A FROID"...
Et puis Jay pose LA question, celle de trop : "Quand vais-je mourir ?"
Le ouija répond : " CE SOIR ".
Soudain, une chansonnette se fait entendre puis il y a une coupure d’électricité et c’est le chaos dans le café. Sophie croit voir une silhouette debout sur une table puis sentir quelqu’un lui saisir la main… Et tout s’arrête soudainement.
Jay et Sophie se quittent un peu secoués. Sophie est inquiète à cause du message délivré et bouleversée par tout ce qui vient de se passer.
Elle se couche perturbée.
Le lendemain matin tombe cette terrible nouvelle: Jay est mort. Il a eu un accident en vélo sur le chemin du retour. Sophie est complètement anéantie. Et elle ne peut s’empêcher de penser que le jeu de ouija y est pour quelque chose.
Peu de temps après, ses parents devant s’absenter, Sophie, toujours sous le choc, va passer quelques jours chez son oncle James, le père de sa défunte cousine Rebecca qu’elle a invoquée lors du funeste jeu.
Elle n’a pas vu son cousin Cameron, et sa cousine Piper depuis longtemps. Elle ne connaît même pas Hélia, leur sœur, qui a 7 ans, l’âge où Rebecca est morte.
Dans cette famille, pas facile pour Sophie de se changer les idées… L’ambiance est pesante. Tout le monde a l’air si triste mais aussi hostile à part Piper qui est très volubile. Elle n’hésite d'ailleurs pas à raconter tous les drames qui ont touché leur famille : l’accident de Cameron qui lui a fait perdre l’usage d’une main, le passé très trouble de la maison qu’ils habitent, l’accident qui a coûté la vie à sa sœur…
Elle lui fait aussi visiter les environs puis la chambre de Rebecca. C’est là que Sophie va découvrir cette étrange collection de poupées : les Frozen Charlotte. Pourquoi font-elles si peur à Hélia ? Que se passe t-il vraiment dans cette maison?
Alors pour le coup, si vous voulez un roman qui fait peur, avec Emmurées, vous allez être servis.
C’est une véritable avalanche d’horreurs en tout genre: des morts brutales, une maison hantée qui était avant une ancienne école où des élèves ont péri de façon horrible, un fantôme, des poupées ensorcelées, une famille perturbée, un piano qui joue seul, une comptine flippante qui revient en boucle, des petites voix qui se font entendre alors que les pièces sont vides, un ouija, des secrets, des adolescents dérangés, des accidents qui n’en sont peut-être pas… bon bref, la liste pourrait encore être longue. On est sans arrêt sur le qui-vive car quoi qu’il arrive, c’est terrifiant !
Alors, au début, je me suis dit : « Oui, bon tout cela, ça fait beaucoup » mais au-delà de cette surenchère d’horreur, je me suis vite laissée prendre au jeu. Le suspense est là, bien présent. Mine de rien, je voulais connaître le dénouement que j’imaginais assez horrible vu que toute l’histoire l'était déjà en elle-même.
Il y a quelques invraisemblances. Soit. Mais en même temps, quand on regarde un bon film d’horreur, il y en a aussi. On se dit "Non, il ne va pas se passer ça !" Et si ! "Non, ne va pas par là." Et pourtant si…
Sophie, l’héroïne, ne se laisse pas abattre malgré tout ce qui lui est tombé dessus. Bien d’autres se seraient découragés à moins que ça. On peut se demander comment elle ne pète pas littéralement les plombs face à tant de malheur et d'horreur.
Ayant perdu Jay, son meilleur ami, elle ne sait plus à qui se fier au sein de cette famille qu’elle connaît à peine.
Tous ont l’air louche mais il faut dire que le drame qu’ils ont vécu et la maison où ils vivent peuvent expliquer leurs comportements.
Chaque personnage paraît à un moment donné suspect.
L’histoire est un peu tarabiscotée mais cela joue efficacement sur nos nerfs. L’autrice nous perd pour mieux nous rattraper et nous surprendre.
Imparfait sur certains aspects, Emmurées est en revanche parfait pour faire naître l’angoisse, surtout si les poupées bizarres vous effraient.
C’est un vrai roman qui fait peur comme je les aime !
J’ai été étonnée et un peu angoissée (là encore) de voir que l’autrice s’était inspirée de la réalité pour ces fameuses Frozen Charlotte.
Elles existent ! Piper, l’une des cousines de l’héroïne, explique l’origine et l’utilisation de ces toutes petites poupées (moins de 10 cm) en porcelaine
Elles ont bien été fabriquées de 1850 à 1920. Elles doivent leurs noms à la ballade folk Fair Charlotte (inspirée elle-même d’un poème : Un cadavre allant à un bal de Seba Smith).
Les paroles de cette chanson sont aussi le fil conducteur du récit. A chaque début de chapitre, un extrait du texte est inséré. On en a donc l’intégralité à la fin du roman.
Cette ballade raconte l’histoire d’une jeune fille qui n’ayant pas voulu couvrir sa belle robe et mettre un manteau pendant le trajet pour aller au bal a été retrouvée morte de froid à l'arrivée par son fiancé… Charmant.
Composition du cycle horrifique :
1 Pour un oeil de poupée de Marina Cohen chez Thierry Magnier
2 Emmurées d'Alex Bell chez Milan
3 La maison abandonnée de Joël A.Sutherland chez Actes Sud Junior
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