Encore un auteur que je découvre un peu tardivement et je m'en étonne encore. En regardant sa bibliographie de plus près, je me suis dit que tous ses romans me tentaient.
Avec Ma fugue dans les arbres je suis bien tombée, enfin, je suis plutôt montée. Haut, très haut.
Attention coup de coeur !
"L'anniversaire de ses onze ans restera longtemps pour Albertine à la fois le plus beau et le pire jour de sa vie.
Elle à qui son père a toujours interdit de grimper aux arbres décide d'installer dans le jardin une balançoire, à l'ombre du grand chêne. Elle va enfin pouvoir s'élancer vers le ciel, et sans vraiment désobéir ! Mais à peine accrochée, voilà la balançoire coupée, mise à terre par son père. Furieuse, Albertine monte à la corde laissée pendue, enjambe la première grosse branche, s'élève encore plus haut... et annonce que plus jamais elle ne redescendra !"
"Un malicieux hommage au Baron perché d'Italo Calvino" peut-on lire sur la quatrième de couverture.
Je n'ai jamais lu Le baron perché d'Italo Calvino.
J'ai donc lu l'histoire d'Albertine sans me poser de questions, attirée par ce résumé étonnant. Et ce que je peux dire, c'est que j'ai vraiment apprécié ma lecture.
Tout de suite, j'ai su que j'allais aimer Ma fugue dans les arbres. La façon d'écrire d'Alexandre Chardin m'a immédiatement séduite. C'est rare que j'accroche aussi rapidement !
Et tous ses personnages, très vite aussi, m'ont été sympathiques : Albertine (ou Tine), l'héroïne, Sylvain, son petit frère, et Nours, leur nounou... De manière très réaliste, les personnages d'Alexandre Chardin prennent vie sous nos yeux grâce à des dialogues criants de vérité. La relation entre le frère et la soeur, celle entre les deux enfants et Nours, ainsi que celle plus compliquée avec leur père... Tous les liens entre les personnages fonctionnent. Cela sonne juste. Dès les premières pages et la première "grande idée" (=bêtise) de Tine, j'étais dedans.
On s'amuse de leurs échanges dans certains cas. Et puis, dans d'autres, on sent bien que quelque chose ne va pas et que sous cette fugue complètement démente se cache beaucoup de tristesse, beaucoup de non-dits et de secrets.
Alors, on espère nous aussi que la vérité éclate pour que les tensions s'apaisent.
C'est un roman très drôle mais en même temps très émouvant. On est toujours en équilibre, comme Albertine sur sa branche, à ne pas savoir si on doit rire ou pleurer. Et pour le coup, on fait un peu les deux... Alexandre Chardin sait faire ça: être très drôle notamment dans les dialogues (comme par exemple lorsqu'il est question des limaces et du potager de Nours) mais aussi être très touchant (comme lors de nombreux passages avec le père d'Albertine).
En attendant, on suit les pérégrinations de la jeune fille au gré des arbres et des branches. A ses côtés, on s'émerveille de cette nature parfois bienveillante et rassurante mais également dangereuse et inquiétante. Même si cela semble parfois complètement fou, on y croit quand même à cette fugue dans les arbres.
Albertine a du tempérament et avec elle, tout est possible ! Le meilleur, comme le pire. Nours peut en témoigner...
C'est donc une très belle histoire que nous raconte là Alexandre Chardin : celle d'une belle relation entre frère et soeur, celle d'un secret étouffant, celle d'une famille pas comme les autres, celle d'une absence douloureuse, celle d'un père inconsolable, celle d'un amour peut-être à venir, celle d'une fille pleine de courage, celle d'une fugue dans les arbres...
Entre sourires et larmes à l'oeil, j'ai tourné les pages de ce livre à une vitesse folle.
C'est un gros coup de coeur pour Ma fugue dans les arbres.
Pour ceux et celles qui rêvent de vivre dans les arbres.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires étonnantes.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires de famille.
Pour tous et toutes à partir de 10 ans.
" - Albertine...!
Aïe ! Nours ne m'appelle par mon prénom complet qu'en présence de papa. On passe directement en stade 3.
- Oui, Pierre ?
- C'est vous ! Voooooouuuuuuus!
- Albertine? Oui, c'est moi. Mais on se tutoie, normalement ! Un souci de mémoire, Nours? Un peu de fatigue peut-être?
Il secoue la tête, nez retroussé. Stade 4.
- Non, les limaces !
- Les limaces s'appellent Albertine? " p.18
" Il s'éloigne, se retourne, me fixe un instant et me sourit comme il ne l'a jamais fait. Je suis sa fille, je deviens sa fille, là, dans ce grand hêtre, la fille de cet homme qui pleure. Qui pleure enfin.
Il disparaît sans bruit.
Mon père." p.150
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