Magnard se montre dynamique dans le secteur des romans et apporte un soin à ses parutions ainsi qu'à ses concepts de collection. Presto en est une belle illustration.
En effet, cette collection, qui s’adresse à des lecteurs à partir de 11 ans, propose des textes aux thématiques originales et/ou fortes mais avec une mise en page agréable et un contenu accessible aux lecteurs visés, même les moins aguerris.
De plus, petits plus non négligeables, une version du texte lu par l’auteur ou l’autrice (super idée) et des compléments pédagogiques sont disponibles sur le site Magnard.
Une collection (et des éditions) à surveiller et à suivre.
Ludo est un ado un peu en surpoids. A vrai dire, pour lui, ça n’est pas vraiment un problème. Mais apparemment, c’en est un pour d’autres garçons de son collège. Un petit groupe ne cesse de se moquer de lui.
Ludo doit donc faire face aux railleries, mais aussi à tout un tas de gestes, de bousculades, de regards qui au quotidien sont lourds à porter et à supporter.
Comment faire pour mettre un terme à tout ça ? Ignorer ? Affronter ? Demander de l’aide ? Ludo souffre, ne sait plus quoi faire et sombre peu à peu…
Le texte est écrit à la première personne. C’est une autre spécificité de la collection Presto.
Nous sommes donc au cœur des pensées les plus intimes de Ludo. On a parfois l’impression de subir nous aussi les brimades et les méchancetés qui abîment le jeune collégien.
Ludo pensait se mettre à l’abri en ignorant ces garçons qui se moquent de lui mais l’indifférence qu’il affiche (feinte bien évidemment) semble plutôt énerver ses camarades.
Et la violence monte crescendo jusqu’aux coups.
Ludo ne réagit pas vraiment, pensant, encore une fois, faire au mieux… Il a si peur. Il se tait. Il couvre ses agresseurs. Alors que cela pourrait peut-être être le bon moment pour… Mais non.
Pourtant, il est en colère. Contre les autres mais aussi contre lui-même.
Ses émotions vont et viennent.
Il sait qu’il devrait se défendre. Mais c’est dur. Il sait qu’il devrait en parler. Mais il ne veut pas inquiéter sa mère, ni jeter de l’huile sur le feu…
C’est si compliqué surtout que la situation s’est installée.
Ce texte est un véritable concentré d’émotions, celles de Ludo qui est en lutte perpétuelle avec les autres mais surtout avec lui-même.
Des adultes (son prof de sport notamment) et Sophie, une jeune fille de sa classe, tentent de le faire sortir de son silence. Mais la peur, la tension, l’isolement dans lequel il s’est enfermé empêchent l'adolescent de saisir ces mains tendues pour enfin mettre la tête hors de l’eau.
On tremble face à cette détresse qui envahit le jeune garçon. On a peur que l’issue de son histoire soit fatale.
Je ne dirai rien sur le dénouement de ce roman court mais cependant très intense.
Si quelques aspects (concernant le dénouement justement)m’ont moins séduite, Six contre un n'en reste pas moins un roman vraiment intéressant, sur la forme et surtout sur le fond.
En effet, ce texte propose une véritable réflexion sur le harcèlement scolaire en nous mettant littéralement dans la peau d’un ado harcelé.
Cécile Alix offre aux collégiens et aux autres d’ailleurs un beau support pour s’interroger sur certains comportements qui, s’ils semblent anodins ou « pas méchants » pour certains, peuvent pourtant être destructeurs pour ceux qui en sont la cible.
Il y a eu tellement de drames à cause du mal-être à l’école et du harcèlement scolaire. Et pour les éviter, des livres sur le sujet comme Six contre un, sont une nécessité dans les rayons des librairies, sur les étagères des bibliothèques, des CDI... Ils doivent être recommandés !
J’espère vraiment que ce livre pourra être lu par le plus grand nombre.
J’insiste un peu mais c’est tellement important.
Et pour finir, j’aime beaucoup ce que dit Cécile Alix à la toute dernière page de son livre :
« Si toi qui lis cette histoire, tu es un Ludo… parle… raconte. Ce n’est pas facile, mais essaie d’oser… tourne-toi vers quelqu’un. Ne garde pas ta souffrance enfouie. N’oublie pas que nul n’a le droit de t’injurier, de te frapper. Tu ne le mérites pas. N’oublie pas…
Si tu es un bourreau… Arrête.
Tu fais n’importe quoi.
Stop. »
Pour tous à partir du collège (voire CM2)
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