Guenon

Soumis par HashtagCeline le mar 23/04/2019 - 21:29
"Je ne sais pas ce que j'aurais donné pour que quelque chose arrive et fasse que je sois obligée de rester à la maison. Je crois que même un incendie géant, même une guerre, ça m'aurait rendue heureuse."
#PremierRoman

 

Pierre-Antoine Brossaud signe avec Guenon un premier roman percutant qui aborde avec réalisme et cruauté un sujet qui l'est aussi (cruel). Il est enseignant et cela se sent nettement dans les descriptions très justes qu'il nous fait des collégiens et de leurs comportements. Guenon, c'est le terrible surnom dont Manon s'est trouvée affublée et dont elle aimerait bien se défaire. Un texte terrible et très déstabilisant.

 

#QuatrièmeDeCouv'

 

"Salut Manon ! Ca roule? Et le bahut? 

Je peux pas dire ce que ça m'a fait le texto d'Amaury. C'était comme si tout le poids que j'avais à l'intérieur de moi s'envolait d'un seul coup. Jade, ses copines, la page facebook, plus rien ne comptait. Je me suis sentie légère. C'était la première fois qu'un garçon m'envoyait un texto.

Ce qui est certain, c'est que j'allais pas lui raconter ce qui s'était passé au collège. 

Moi je voulais qu'il pense que j'étais une fille qui avait pas de problème. Une fille carrément cool. La vie est vraiment pleine de surprises. C'est jamais ce qu'on croit qui va arriver qui arrive."

 

#RéalitéConfuse

 

Après ma lecture de Guenon, je suis un peu secouée. Je resterai évasive mais le dénouement m'a réellement surprise. De plus, la narration m'a vraiment décontenancée. Un peu confuse, dans un langage parlé, elle retranscrit très bien les pensées, elles aussi un peu embrouillées, de l'héroïne.
Manon est une adolescente de bientôt 15 ans, mal dans sa peau, moquée et mise à l'écart dans son collège.
C'est une jeune fille très perturbée. Cela se comprend et s'explique aisément par le harcèlement violent qu'elle subit, en cours et sur internet... Manon fuit ses problèmes grâce à son imagination qui devient de plus en plus galopante au fur et à mesure que grandit son mal-être. Manon, elle a tendance "se faire des films". La réalité est trop pesante et décevante.

Manon est pleine d'ambiguïtés et toute en contradictions. Il faut dire qu'elle est mise à l'épreuve quotidiennement. Quand elle va mal, elle tombe dans une spirale négative. Qui ne réagirait pas comme elle? Le plus souvent, pour panser ses blessures, elle mange. Mais à l'inverse, un signe positif et elle s'embarque alors dans des délires et des projets qui, pour nous, semblent extravagants. C'est flagrant à partir du moment où elle fait la connaissance d'Amaury. Ce garçon va l'aider à supporter ses soucis mais va aussi contribuer à la faire sombrer. Manon s'emballe. Et son coeur aussi. Car Amaury semble bien instable lui aussi... Pour notre jeune héroïne en perte de repères, pas sûr que le côtoyer soit la meilleure des idées.

Ses problèmes, sans oreille attentive, Manon les garde donc pour elle. Son frère est trop jeune et ses parents semblent bien loin de s'imaginer le calvaire qu'elle endure au quotidien. Toute la partie concernant le harcèlement fait froid dans le dos. Celui-ci passe totalement inaperçu auprès des profs mais aussi de la famille de Manon... Elle est seule. Seule avec son imagination sans limite et ses rêves d'amour. Il y a bien sa cousine, Jeanne, mais malgré la complicité qui les unissait il y a quelques années, les choses ont aujourd'hui bien changé. 

L'auteur réussit à nous plonger au coeur des préoccupations de cet âge-là avec notamment certaines scènes qui sont saisissantes et réalistes. On sent que Pierre-Antoine Brossaud connaît très bien le milieu scolaire parce que la plupart des faits relatés, même les pires, semblent fortement inspirés de la réalité (la poubelle de salle de bain vidée dans le sac de l'héroïne, les réparties cinglantes des élèves avec leur nouvelle prof...)

Pour moi aussi, cela a fait comme une piqûre de rappel d'épisodes de ma vie de collégienne (dans une moindre mesure, heureusement). Comme ce jour où Manon arrive avec un nouveau manteau qu'elle adore mais qui va devenir un nouveau sujet de moquerie... Tout sonne vrai. 

Manon est une héroïne vraiment très déstabilisante car elle a l'air très réel. Ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent et la façon dont elle réagit... On y croit !
Quand je parlais de la façon d'écrire un peu confuse un peu plus haut, elle contribue aussi à renforcer ce côté réaliste. Je me souviens qu'adolescente, comme Manon, je me posais mille questions, je tergiversais, j'hésitais. Souvent, je trouvais un moyen d'évacuer mon stress, mes doutes et mes soucis grâce à mes amies. Ici, Manon n'a personne à qui confier ses états d'âme. Alors, elle tourne en boucle.

Et la tension monte au fil du récit. On voit bien que Manon s'enfonce sans qu'à aucun moment ne soit tirée la sonnette d'alarme et qu'elle puisse alors relâcher la pression. 
Le dénouement terrible et inattendu nous assomme. 

J'avoue que si je ne sais pas trop quoi penser de Guenon, je sens pourtant que cette lecture va me rester un bon moment à l'esprit. Et si ce n'est pas un coup de coeur, ça n'est pas passé loin...

Je vous invite à le lire et à revenir me dire si, vous aussi, vous avez été surpris par l'histoire de Manon. Je doute que vous restiez de marbre face à cette histoire de harcèlement très singulière. 
 

#PourQui?

 

Pour ceux et celles qui aiment les histoires réalistes.

Pour ceux et celles qui aiment les sujets difficiles.

Pour ceux et celles qui aiment les surprises (pas forcément les bonnes).

Pour tous et toutes à partir de 14 ans.

 

#Références

J'ai beaucoup aimé toutes les références musicales, artistiques et cinématographiques glissées par l'auteur dans son texte. Cela m'a donné l'occasion de découvrir ou redécouvrir des groupes, des films et une photographe ! C'est toujours chouette.

 

Collection
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
206
Prix
12.80 €
Langue
Français
Image

#VosCommentaires

#OnContinue ?

Comme des sauvages Comme des sauvages

"Tout à l’heure, hier, à propos des règles de chasse de la communauté, il avait pensé : «Quand je serai adulte», et c’était une pensée répugnante – mais il subodorait que dès lors qu’on l’a conçue…
#commedessauvages, #vincentvilleminot, #pocketjeunesse, #pkj

Picnic japonais Picnic japonais (Pikunikku)

"Ceci n'est pas un journal de voyage, ni un guide.

C'est mon voyage au Japon. Ce que j'y ai vu, entendu, découvert, vécu et mangé au cours des six mois de mon séjour.

Monika."


#japon, #culture, #découverte
L'amour, c'est n'importe quoi !
Est-ce qu'on pouvait être amoureux sans perdre la boule pour autant? Machinalement j'ai sorti le carnet que nous avait distribué Junon puis, sans trop savoir ce que je faisais, j'ai noté : "L'amour…
#lamourcestnimportequoi, #mathieupierloot, #ecoledesloisirs, #neuf
PLS
"La plupart des gens, on dirait qu'ils oublient. La vie, c'est un truc dont on ne se sort pas."
#pls, #joannerichoux, #actessudjunior
Loukoum Mayonnaise
"Cette histoire est inspirée de faits qui auraient pu être réels."
#loukoummayonnaise, #olivierka, #lerouergue, #doado
Laurent le flamboyant
"Bon sang de bois, de bon bois de sang!" Encore un coup de coeur aux éditions MeMo...
#laurentleflamboyant, #karenhottois, #juliawoignier, #memo, #petitepolynie
Magda La souris minuscule Magda La souris minuscule

"Magda trottine sur la pointe des pattes, le museau en l'air pour grandir un peu."


#madga, #magdalasoursiminuscule, #karenhottois, #anaismassini, #didierjeunesse
Les mots fantômes Les mots fantômes

"Lilas a soudain l'impression qu'elle n'est pas seule. L'adrénaline inonde ses veines. Elle scrute chaque recoin de la pièce, tentant de percer l'obscurité en plissant les yeux. Un pull qui traîne…
#lesmotsfantomes, #davidmoitet, #didierjeunesse

Pull Pull

" - Raconte-moi ce qu'il s'est passé, mon vieux, lui avait proposé Groucho.

  - Je suis seulement allé faire un petit tour, avait expliqué Pull, et quand je suis revenu, il n'était plus là…
#pull, #clairelebourg, #memo

La fille qui jouait avec le feu La fille qui jouait avec le feu

Une enquête brûlante au coeur du froid islandais.


#lafillequijouaitaveclefeu, #sifsigmarsdottir, #casterman