Chez Gulf stream, je surveille toujours les nouveaux titres de la collection Les Graphiques que je trouve vraiment bien faite. Elle aborde des thèmes forts : le suicide dans Invisible, la grossesse adolescente dans Secret pour secret ou encore la question de l’identité dans Barricades. Les jeunes collégiens et lycéens peuvent trouver, à travers ces « romans graphiques » un soutien, un moyen de dédramatiser certaines situations pour enfin, peut-être, parler de leurs problèmes. Et puis, ce sont, à chaque fois, des récits touchants.
Les éditions Gulf Stream ont eu la bonne idée de décliner la collection à destination des enfants de primaire. Parce qu’aujourd’hui, il n’y a malheureusement pas d’âge pour le problème abordé dans Rackette-moi si tu peux.
Enzo a déménagé avec ses parents. De fait, à l’école, il ne connaît personne et il ne s’est pas encore fait d’amis. Cela le rend triste.
Et puis, un jour, Florie et ses copines, des camarades de classe, viennent le voir pendant la récréation. Elles demandent à Enzo s'il pourrait leur prêter deux euros pour acheter des bonbons. Tous les quatre, ils doivent se retrouver devant la boulangerie, le lendemain, à la sortie de l'école.
Enzo est content et il se dit qu’enfin les choses vont peut-être changer.
Il a un peu d’argent de côté puisqu’il économise pour s’acheter une maquette. Alors bon, deux euros qu’est-ce que c’est, si avec cela il peut se faire des amis?
Mais Florie n’a vraiment pas de bonnes intentions. Ce qui compte pour elle et ses copines, ce sont les bonbons. Et Enzo, qui a eu le malheur de dire oui aux fillettes une première fois, se retrouve pris au piège.
Sous sa couverture accrocheuse et ses bonbons colorés, Rackette-moi si tu peux (j'adore ce titre !) cache une histoire bien moins amusante qu’il y paraît.
Encore une fois, je vais me répèter mais il est nécessaire d’aborder des sujets tels que le racket et plus largement celui du harcèlement scolaire auprès des plus jeunes. Aujourd’hui, on en parle beaucoup plus. Tant mieux. Mais il faut en parler encore et encore, et cela dès que possible pour l’empêcher et aider ceux qui en sont victimes à sortir du silence.
Car ce genre de problèmes commence tôt, notamment dès le primaire. Les enfants à cet âge éprouvent autant de difficultés à en parler que les adolescents. Leur offrir le moyen de le faire en leur proposant des lectures qui leur permettront de s'identifier est toujours utile et important.
A travers l’histoire d’Enzo, les jeunes lecteurs et lectrices pourront se mettre à la place du harcelé mais aussi prendre conscience qu'être dans celle du harceleur est une chose grave.
Les enfants parfois (pas toujours) ne se rendent pas compte que certains comportements sont très dangereux. C’est le cas de Florie et ses amies qui prennent ce qu'elles font subir à Enzo comme un jeu, sans réaliser que le garçon est en train de perdre ses économies et plus inquiétant, sa confiance en soi et sa joie de vivre. Pour elles, il n’est question que de quelques euros et quelques bonbons…
Sophie Adriansen et l’illustratrice Clerpée ont fait un très beau travail sur ce livre. L’autrice nous pose une histoire simple mais efficace et très réaliste. Elle nous explique bien comment le mécanisme du racket se met en place et comment Enzo s’y retrouve empêtré, sans porte de sortie apparente. Il n'ose en parler à personne. Et il a peur des représailles...
Le dessin de Clerpée donne du poids au récit et prend le relai, parfois sans aucun texte, pour nous dépeindre une réalité bien loin des préoccupations légères et enfantines habituelles d’une cour de récré. Ses personnages sont très expressifs, les bons comme les mauvais…
Ce texte permettra de montrer aux enfants que rien n’est irréversible, qu’il faut avant tout parler aux adultes, enseignants ou parents, et qu'il ne faut surtout pas garder ses problèmes pour soi.
Il nous enseigne aussi à nous, adultes, qu’il faut rester vigilant et à l'écoute…
A faire lire au plus grand nombre !
Pour tous les enfants à partir de 8-9 ans.
Sur le blog, sur le même thème, vous pourrez aussi lire mon avis pour Six contre un de Cécile Alix chez Magnard dans la collection Presto.
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