J'ai lu Sombres citrouilles. En ouvrant la BD, j'avais la sensation d'avoir le texte encore bien en mémoire. L'ambiance, oui. Le suspense oui. Certains personnages. Mais alors les noeuds de l'intrigue, plus trop.
Alors, grâce à cette splendide BD (les pages dans la nuit sont exceptionnelles), j'ai, en quelque sorte, redécouvert ce roman incontournable de Malika Ferdjoukh qui m'avait beaucoup plu quand je l'avais lu il y a quelques années..
"31 octobre
Comme chaque année, La famille Coudrìer se réunit a la Collinière pour L'anniversaire de Papigrand. Mais quand Les plus jeunes, partis chercher des citrouilles dans le potager, tombent sur le cadavre d'un inconnu, tout vacille. Pour ne pas gâcher la fête, les enfants décident de cacher le corps. Les soupçons gagnent les esprits des cousins qui observent les comportements pour le moins étranges des adultes. Tous semblent avoir un mobile qui les accuse. Peu à peu, l'écheveau se dénoue, révélant de lourds secrets de famille et plusieurs assassins potentiels."
Ce roman de Malika Ferdjoukh est un de ceux qui a marqué ma jeunesse. Je l'ai relu adulte mais il y a déjà un moment. Et je m'étonne à nouveau de la richesse de cette histoire et de la multitude de thèmes qu'elle aborde. Malika Ferdjoukh fait partie de ces auteurs et autrices qui écrivent des romans à destination de la jeunesse sans prendre de gant, sans prendre son public pour des idiots et qui l'entraîne dans des aventures sombres et parfois dérangeantes (comme Marie-Aude Murail). Moi, perso, j'adore!
On tremble vraiment avec Malika Ferdjoukh. Et puis, elle a cette façon bien à elle de mettre en scène des personnages attachants, forts de leurs différences comme les deux jumelles ou Colin-Six ans.
Elle n'a pas son pareil non plus pour parler des tourments amoureux à travers des relations toutes surprenantes.
Cette famille Coudrier, comme beaucoup, a vécu des drames et cache énormément de secrets. Dès le début du roman, l'autrice nous présente les personnages et nous met sur la piste des mystères qui semblent nombreux autour de chacun d'eux. Et il faut bien avouer que cette histoire commence de façon tout à fait macabre puisqu'elle débute sur la découverte d'un cadavre dans le jardin. Nous sommes le 31 octobre mais quand même !
Nous allons ensuite suivre Hermès, Madeleine et Colin-Six ans au fil de la journée. Le premier qui était là lors de la découverte tente d'informer la deuxième, celle-ci cherche à attirer l'attention de son oncle et le dernier court après le renard qui rôde sur le domaine. Chacun a ses propres préoccupations, ses problèmes qui complexifient une situation assez inédite et inquiétante.
Plus on avance dans le récit, plus on découvre des vérités, et on s'enfonce, embourbés dans des histoires qui font apparaître les protagonistes, morts ou vivants de manière peu reluisante.
Et si j'avais lu avec grand plaisir La bobine d'Alfred, toujours par Malika Ferdjoukh et également illustré par Nicolas Pitz ( Rue de Sèvres, 2018), je trouve qu'ici le dessin prend une toute autre dimension.
Je le disais en introduction, les pages qui se déroulent dans la nuit ou la pénombre sont magnifiques. Ce n'est pas toujours facile de rendre compte de cet effet. Ici c'est particulièrement réussi. Et cela colle parfaitement à l'ambiance déjà angoissante de la BD. De nombreuses doubles pages de paysages jalonnent le récit et sont tout simplement splendides nous permettant de nous plonger dans la nature automnale en plein coeur du très grand et beau domaine des Coudrier.
Je trouve que l'illustrateur a donné vie aux personnages, grâce à son coup de crayon, exactement de la façon dont je me les étais imaginés. Parfois, je sens un décalage. Pas là.
Bref, je suis séduite par cette nouvelle façon de lire ce classique de la littérature jeunesse.
Je vous invite à lire cette belle adaptation qui ne vous empêchera, je l'espère, d'aller découvrir également le roman d'origine (dont j'ai mis l'ancienne couverture ci-dessus).
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