Le goût amer de l'abîme

Soumis par HashtagCeline le mer 08/08/2018 - 14:54
MON COUP DE COEUR DE CET ETE ! Un roman original, fort, étonnant et tout simplement magnifique !
#L'Inconnu

 

Je me suis lancée dans Le Goût amer de l’abîme sans filet. Je ne savais pas trop de quoi cela parlait et je ne connaissais pas l’auteur. Mais au bout de quelques pages, j’ai su que ce texte allait être un coup de cœur. Peut-être LE coup de cœur de mon début d’année.

Le goût amer de l’abîme m’a vraiment sortie de mes lectures habituelles, profondément déstabilisée et vraiment bouleversée. 

Croyez-moi, c’est un roman EXCEPTIONNEL à côté duquel il ne faudra pas passer en cette rentrée littéraire bien chargée.
 

#RésumonsUnPeu

 

Caden a quinze ans. Il vit avec ses parents et sa sœur. A la maison, tout se passe bien et il est plutôt bien intégré au lycée. RAS. 
Sauf que depuis quelques temps, Caden a parfois l’impression de ne plus être lui-même, de ne plus être en lui-même… Il se sent observé, menacé et de plus en plus déconnecté de la réalité…
En parallèle de l’histoire de Caden qui perd peu à peu pied, on suit les aventures d’un capitaine et de son équipage. Caden en fait partie. Sur ce navire, tout n’est qu’absurdité et désordre. Il y a un perroquet qui parle, des rats qui n’en sont peut-être pas dans tous les recoins du bateau, et des monstres tapis dans les profondeurs dans la mer. Dans ce chaos général, le capitaine néanmoins vise un objectif précis et apparemment, il a besoin de Caden.
 

#CoupDeCoeur

 

Comme à chaque fois que c’est un coup de cœur, je vais avoir envie d’en parler beaucoup, beaucoup, peut-être trop. Ce texte est riche, dense, et il y a tellement à dire dessus ! Et comme il y a beaucoup à en dire, je risque de m’éparpiller. Si c’est le cas, cela sera dû à mon enthousiasme. Je m’excuse à l’avance.
Je vais mettre des extraits, des dessins et je vais quand même essayer de me raisonner pour ne pas tout dévoiler. Tout ce que je souhaite, c’est vous donner envie de découvrir ce roman qui, je l’espère, vous touchera autant qu’il m’a touchée.
 

#LeDébutD'UneIdée

 

« Deux choses sont sûres. Un : tu y étais. Deux : tu ne pouvais pas y être.
Tenir ensemble ces deux vérités incompatibles demande un véritable talent de jongleur. Bien sûr, pour jongler et rester bien dans le rythme, il faut une troisième balle.
Cette troisième balle, c’est le temps -dont les rebonds sont bien plus sauvages qu’on ne pourrait le croire. »

Voilà comment débute ce roman.
 

#LeNaufrageDeLaRaison

 

Je ne vais rien vous spoiler puisque vous le saurez en lisant la quatrième de couverture, ce texte parle de la maladie mentale.

C’est un sujet qui a déjà pas mal été traité en littérature ado mais honnêtement, je ne sais pas si j’avais déjà lu quelque chose d’aussi percutant que Le goût amer de l’abîme.

Il faut dire que Neal Shuterman sait de quoi il parle. Il connaît malheureusement bien le problème puisqu'il a perdu un ami atteint de schizophrénie. Et puis surtout, son fils souffre lui aussi de troubles mentaux... C’est d'ailleurs lui qui a réalisé les nombreux dessins qui accompagnent le texte.

Ce sont toutes ces expériences difficiles qui lui ont permis de s’approcher au plus près de la réalité vécue par tous ces malades et de nous décrire avec tant de justesse l’état dans lequel la maladie les plonge.

La grande force de ce texte réside dans le fait que le lecteur s'enfonce vraiment avec Caden dans les profondeurs de son esprit et touche de très près cette folie qui lentement gagne du terrain.

Il est difficile de mettre des mots pour expliquer et décrire clairement ce que peuvent ressentir des personnes qui souffrent de telles pathologies. Ici grâce à la construction parfaitement choisie et magistralement maîtrisée de son récit mais aussi grâce au point de vue adopté, Neal Shuterman réussit à nous faire entrevoir comment la maladie s’immisce petit à petit dans l’esprit. J’ai eu le sentiment de pouvoir comprendre les mécanismes, la façon dont l’esprit fonctionne alors quand la raison s’échappe. C’est très fort et tout à fait bluffant. Je me suis mise à la place, le temps ces 400 pages, dans la tête de Caden et de ses tourments.

J’avais l’esprit en vrac au gré des divagations du capitaine, du perroquet, de Caden et des autres. Mais j’ai aussi adoré ça.

C’est si bien écrit, c’est tellement pertinent. Et puis, derrière l’absurdité apparente, se cachent souvent des réfléxions loin de nous laisser indifférent. Enfin moi, ça m’a beaucoup parlé et fait réfléchir.

Le récit est très rythmé. Les chapitres sont courts débutant par des titres toujours pertinents et poétiques. On alterne et navigue entre moments de réalité et moment d’errance maritime.

On ne s’y perd pas. On avance, entre ces deux mondes qui cohabitent. 

Caden est plus ou moins conscient de ce qui lui arrive même s’il ne le comprend pas complètement ou s’il n’en prend pas la pleine mesure. Il est le narrateur, perturbé. Ses troubles changent la vision de son monde, sur son entourage mais on saisit tout de même ce qui se passe. C’est terrible. Et c’est vraiment bien retranscrit. On sent la détresse de ses parents, impuissants. De sa sœur, qui est aussi celle qui le fait tenir.

Et puis surtout, il y a ce récit improbable et onirique où Caden évolue aux côtés de personnages fantasques menés par Le capitaine mais aussi le perroquet, les deux figures qui s’opposent.

Ce récit, on ne saisit pas tout de suite quelle place il prend, ce qu’il signifie. Cela, on le découvre au fur et à mesure. On y croise un navigateur obsédé par les cartes, une figure de proue avec qui il se lie d’amitié, un mousse bienveillant mais aussi des cerveaux sauteurs et bien d'autres personnages tous plus apparemment fous les uns que les autres.
Mais rien n’est laissé au hasard. 
Les deux récits se mêlent parfaitement l’un à l’autre. Tout est très cohérent dans l’incohérence des pensées de Caden. Tout s’imbrique à la perfection. 

Vraiment, Neal Shuterman réussit un véritable coup de maître avec Le goût amer de l'abîme.

Ce roman a été un choc et j'ai eu moi aussi du mal à refaire surface après l'avoir refermé.

A LIRE ABSOLUMENT.
 

#PourQui?

 

Pour ceux qui s’interrogent sur la folie.
Pour ceux qui aiment l’aventure en eaux profondes.
Pour ceux qui veulent être bousculés.

A partir de 14-15 ans.
 

#Extraits

 

« Impossible d’exprimer ce que je ressens avec des mots, ou alors ces mots n’appartiennent à aucun langage compréhensible. Mes émotions parlent en langues. En un tourbillon, la joie se change en colère se change en peur puis en ironie amusée ; c’est comme sauter d’un avion les bras bien écartés, en sachant pertinemment qu’on sait voler, pour découvrir que ce n’est pas le cas et que, non seulement on n’a pas de parachute, mais qu’on ne porte pas non plus de vêtements et que les gens en dessous ont tous des jumelles et rigolent en nous regardant dégringoler vers une mort extrêmement embarrassante. » (p.14)

 

« Au-dessus de l’arche de l’écoutille principale, une phrase a été brûlée dans le bois :Tu n’es pas le premier et tu ne seras pas le dernier. C’est fascinant comme ça me donne le sentiment d’être à la fois insignifiant et à part.
Perché au-dessus de l’écoutille, le perroquet qui me surveille, me surveille toujours, me demande :
- Ca te parle ?
- Pas vraiment.
- Eh bien, si jamais ça te parle, note bien tout ce que ça te dit, m’ordonne le perroquet. » (p.23)

 

« Avant j’avais peur de mourir. Maintenant, j’ai peur de ne pas vivre. Il y a une différence. On traverse la vie avec un avenir en tête, mais parfois, cet avenir n’arrive jamais.» (p.221)

 

« C’est un peu comme la religion. Ca nous rassure de croire qu’on a défini quelque chose qui est, par sa nature, indéfinissable. Pour ce qui est de savoir si, oui ou non, on a vu juste, eh bien, tout est une question de foi. »  (p.388)

 

 

Coup de cœur !
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
408
Prix
16.95 €
Note
10
Langue
Français

#VosCommentaires

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