Plein gris

Soumis par HashtagCeline le dim 03/01/2021 - 15:08

“Quand je me retourne, le visage de Victor est blême. Il a posé une main sur sa bouche, ses yeux sont agrandis d’horreur, comme dans un film.
- C’est ma faute ! J’ai laissé ouvert quand je suis allé vomir !
Son aveu est touchant, mais ça ne touche personne. Je voudrais bien résister mais, comme les autres, j’ai envie de lui arracher les yeux pour les donner à bouffer aux mouettes.”
 

#MarionBrunet

Je connais l’autrice pour son excellente série L’ogre au pull... puis à poil(s) paru chez Sarbacane dans la collection Pépix. Mais non - j’entends déjà les “hou-hou” réprobateurs - je n’ai pas lu Sans foi ni loi (Pocket Jeunesse, 2019), L’été circulaire ( Albin Michel, 2018) ou encore Frangines (Sarbacane, 2013). Non.
Mais j’ai lu Plein gris et j’ai vraiment beaucoup mais alors beaucoup aimé.
 

#QuatrièmeDeCouv'

"Lorsque Élise et Victor découvrent le corps de Clarence, noyé près de la coque de leur voilier, Emma comprend que leur croisière a définitivement viré au cauchemar.
Avec la disparition de son leader charismatique, ce sont tous les secrets de la bande qui remontent à la surface, les rancœurs et les lâchetés qui régissent toujours un groupe. Et quand une tempête terrifiante s’annonce, les émotions et les angoisses se cristallisent dans une atmosphère implacable…"
 

#MalDeMer

Ce roman pourrait être un film. Ce qui s’y passe, la façon dont Marion Brunet nous déroule le fil de son histoire, sa façon d’écrire... Les images me sont venues facilement. J’ai embarqué avec le groupe, à bord du Céladon et j’ai vécu au rythme des vagues, immenses, submersives et du vent fort, trop fort le temps de cette maudite traversée.
Oui, ce roman pourrait être le scénario d’un film catastrophe. Car effectivement tout va partir en vrille. Et la tempête bien réelle, déchaînement des éléments, va aussi en dévoiler une autre, plus sournoise, plus intime : celle qui couve au coeur de ce groupe d’amis.
C’est assez habile de mêler la violence météorologique à celle des sentiments.
Le récit est découpé en petits chapitres. Le roman débute par la découverte du corps de Clarence, le meneur, le décideur, le soleil du groupe. On ne sait pas ce qui lui est arrivé. Alors, à l’aide de flashbacks, Marion Brunet va nous expliquer comment le groupe s’est constitué, quelles étaient leurs relations tout en continuant de nous faire vivre l’enfer en mer aux côtés des survivants… mais pour combien de temps. Car rien ne semble vouloir s’arranger et l’espoir les quitte, petit à petit.
Le récit est totalement captivant. Marion Brunet est aussi forte à nous décrire les drames qui se jouent dans les vagues que ceux qui se sont joués par le passé.
Elle imbrique hier et maintenant dans un récit qu’on ne peut définitivement pas lâcher avant de l’avoir terminé. J’ai même eu, à certains moments, comme Victor, le mal de mer.
Et ces questions entêtantes : que s’était-il passé pour que la situation dans le groupe dégénère à ce point? Et surtout, Emma, Sam, Victor et Elise allaient-ils sortir vivants de cette aventure?
Le suspense est à son comble, la tension ne cesse de monter. Les ados se déchirent dans une mer déchaînée. C’est dur. C’est très juste aussi.
Et c’est magnifiquement écrit. Je n’y connais rien en vocabulaire maritime mais Marion Brunet nous embarque et nous fait découvrir cet univers si particulier de ceux qui naviguent, qui prennent la mer. C’est fluide. C’est très visuel, cinématographique encore.
Et à côté de cela, elle nous décrit parfaitement l’adolescence et l’amitié toxique. Clarence, ce jeune homme solaire et ténébreux, est un personnage ambivalent. Si en apparence, il semble rassembler, faire l’unanimité, en réalité, il ne fait que diviser.
Et faire souffrir. 
Et une personne souffre beaucoup. Emma. Je l’ai trouvé très touchante. Son rapport avec Clarence est trouble et terrible. J’avais envie de lui dire de profiter, elle aussi, de ne pas se laisser aveugler par ses sentiments.
Mais il est parfois difficile d’ouvrir les yeux sur certaines relations.
Et dans le cas d'Emma, il faudra qu’arrive le pire pour qu’elle le fasse.
Ce roman offre un dénouement qui pose certaines questions notamment dans les rôles et responsabilités de chacun et chacune. 

“Il y a cette règle immuable, je crois, cette règle maritime que je fais mienne et que mes amis semblent valider :  ce qui se passe en mer reste en mer.”

C’est donc un coup de coeur pour Plein gris qui m’a tenue en haleine mais clairement pas donné envie de partir en mer…
A lire absolument !
 

#GuestStar

Je me suis posée une question : est-ce un jumeau (pas maléfique) de Vincent Villeminot qui fait une apparition remarquée et importante dans ce livre?
Un grand barbu qui écrit des histoires… J'ai tout de suite pensé à lui. Me suis-je trompée?
 

#Extraits


“Après son départ, je suis restée longtemps les yeux secs et grands ouverts, à réentendre sa voix, ses mots, à m’en faire mal. C’était l’anniversaire le plus pourri de ma vie, et pourtant j’en ai plus appris sur le monde et moi-même ce jour-là qu’en plusieurs années. Bim, apprentissage en accéléré. Quinze ans, c’est vraiment de la merde.”

 

“Notre amitié n’avait jamais été aussi vivace, on s’échangeait des regards intenses avant de reporter nos vues sur l’horizon liquide, repus de cette gratitude particulière envers la vie qu’il nous aurait été difficile de nommer. On était heureux, je crois.”
 

Coup de cœur !
Auteur
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
208
Prix
16.90 €
Langue
Français
Image
Plein gris

#VosCommentaires

#OnContinue ?

Moins bête
"Aujourd'hui, j'ai appris que mes parents s'aimaient avant ma naissance. C'est un peu ma préhistoire"
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Dis Ours, tu sors?
"Ours! C'est moi, Canard ! Ton voisin ! Il a neigé, mon pote ! Tu sors?"
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Le noir
"Laszlo n'avait jamais osé aller dans la tanière du noir la nuit. "Approche", dit le noir."
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La loi du Phajaan
Pour la petite histoire, ce livre m'a été offert par Didier Jeunesse grâce à un concours de photo sur Instagram. Ma chance a été double : gagner et découvrir ce roman magnifique et poignant.
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“Il est quelle heure? C’est quoi la date? Il fait nuit ou jour? Tout ça n’a plus de sens. N’en a jamais eu, n’en aura jamais. Les mêmes choses en boucle.”


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