A(ni)mal

Soumis par HashtagCeline le mer 26/01/2022 - 09:51

" "Migrateurs ", "migrants", les uns oiseaux, les autres humains... presque le même mot pour désigner ces voyageurs qui se croisent et passent d'un lieu à l'autre. Les premiers filent vers le sud, les seconds rejoignent le nord. Les uns volent, les autres se noient. La liberté a des ailes, l'homme des chaînes. "

#SurprenanteCécileAlix

Cécile Alix est un caméléon littéraire. Elle sait parfaitement se fondre dans le sujet qu’elle décide de traiter. Et à chaque fois, elle nous entraîne avec elle.
Elle m’avait déjà surprise avec Six contre un (Magnard, 2018), délaissant un peu la légèreté pour nous plonger au cœur d’une histoire de harcèlement tristement banale et très juste.
Ici, elle s'attaque à un sujet tout aussi important et je dois, le dire, pas évident : le sort des migrants. Et elle le fait avec justesse et maestria. Miran est un héros malgré lui, un adolescent qui va vivre une expérience intolérable et si loin de ce à quoi on devrait être confronté à cet âge.

Miran est un héros et l’avoir rencontré est une chance.

Résumé et explications du pourquoi ce livre est un incontournable de ce début d’année et surtout pourquoi il est nécessaire, dans le contexte actuel, de le lire et de le faire lire au plus grand nombre.
 

#RésumonsUnPeu

Miran, c’est ainsi qu’il s’appelle maintenant, doit partir. Sa mère l’a préparé. Il le faut. Le pays où sa famille vit est le théâtre de violences, les siens sont menacés, sa vie est en danger…

Comme des milliers d’autres avant lui, il est mis entre les mains d’un passeur en route pour un ailleurs que tous espère meilleur.

Commence alors un long voyage durant lequel la peur, la faim, la violence et la mort vont lui tenir compagnie.

Comment tenir quand l'horreur est omniprésente ? Comment ne pas se perdre en chemin quand celui-ci est aussi dur? Parviendra t-il à rejoindre Paris, ville dont son père a rêvé pour lui?
 

#UnSiLongChemin...

J’ai refermé ce texte avec beaucoup de difficulté et beaucoup d’émotion. Le chemin a été pénible, comme pour Miran.

Quitter Miran l'a été également, pénible, d’autant plus que j’aurais voulu continuer à le voir évoluer, à la lumière de cette nouvelle vie annoncée (je ne vous dis pas si cela est positif ou négatif ;-)
Miran se livre, malgré le silence dans lequel il se mure la plupart du temps, et au fil des pages et de ses pensées, on apprend à le connaître. On s’attache. Vite et fort. Il est courageux. Il est émouvant. 

Ce texte est très intense, donc, vous l’aurez compris. A la fois à cause de la situation du héros mais aussi par la façon dont l’autrice nous la dépeint. Elle y entremêle l’instant présent, difficile, aux souvenirs, bons et mauvais, tout en incluant des passages de légendes que lui racontait son père…

On ne sait pas de quel pays vient le héros mais, au gré de la route, des images du passé affluent, et les contours d'un quotidien devenu dangereux se dessine. Miran représente tous ceux et celles qui fuient. Si certains aspects restent vagues, le reste est limpide. Terriblement limpide.

Cette histoire est un voyage en soi. Cruel, rude mais très réaliste. C’est tellement détaillé - les odeurs, les sensations, les sentiments - qu’on a parfois l’impression d’être au cœur de la scène décrite. Intense, vraiment. Et insoutenable souvent.

Très poétique aussi. Cécile Alix prend le temps de poser les mots sur les émotions et les pensées. De fait, cela nous plonge encore plus profondément dans ce récit déchirant. Car il l’est fondamentalement, même si heureusement, notre jeune héros va faire de belles rencontres dont je ne vous dévoile pas la teneur.

Miran est parti contre son gré, sa mère l’a forcé, mais elle avait ses raisons qu'au final le jeune adolescent finira par comprendre et accepter. C'est aussi le récit de la résilience.

A travers ce périple dangereux, l’autrice nous pousse à regarder bien en face un problème plus que jamais d’actualité. Elle nous invite, avec Miran, à nous interroger sur le traitement que l’on réserve à toutes ces personnes, poussées par la guerre, la misère à fuir leur pays, au péril de leur vie.

A(ni)mal montre qu’il y a encore du chemin à faire pour que change la façon dont on aborde la question. Et si ce roman percutant et réaliste pouvait aider à en faire un petit bout, de ce chemin ? Je crois bien que c’est possible car il nous donne espoir et confiance en la nature humaine qui, si elle est capable du pire, est aussi capable du meilleur. Un roman à la portée universelle. 

Et moi je n'ai qu'une chose à vous dire pour finir : lisez A(ni)mal.

Et puis si, aussi : merci Cécile Alix.
 

#PourQui?

Pour ceux et celles qui veulent voir la vérité en face.
Pour ceux et celles qui cherchent un livre poignant et sensible sur un sujet d’actualité.
Pour ceux et celles qui veulent une histoire sombre et lumineuse en même temps.

Pour tous et toutes à partir de 13-14 ans.
 

#Citations

"Le vent se lève. Bientôt nous sommes des hommes de terre, des statues de poussière. Plus rien ne nous distingue du paysage, pas même la lumière dans nos yeux. Nos yeux secs et durs, nos yeux comme des pierres dans leurs orbites. On dit que l'eau creuse la roche et que le vent la ronge. Pas d'eau, plus de larmes. Je me fiche du vent, il n'y a plus grand chose à ronger en moi. On s'abîme vite.

Je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, je me répète. Parce que je me sens devenir animal."

 

"Derrière nous, le vent soulève le sable, fait rouler les pierres, efface nos traces et recouvre les reliefs de nos maigres repas. Rien ne reste, rien ne nous garde en mémoire.

Nous voyageons clandestinement, nous sommes des éphémères."

 

“ (...) ce ne sont pas les mots qui sont brutaux, c’est la réalité qui est cruelle.”

A(ni)mal
Coup de cœur !
Auteur
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
304
Prix
14.95 €
Langue
Français

#VosCommentaires

#OnContinue ?

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“Aïe, aïe, aïe, affreux asticots

Vous m’assommez ! aboie la maîtresse à bout…”


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Un album étonnant qui se déplie pour nous faire découvrir des scènes de la vie de tous les jours (enfin presque) à chaque étage d'un immeuble...
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#lasansvisage, #louisemey, #ecoledesloisirs, #medium
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