La maison sous la maison

Soumis par HashtagCeline le mer 23/08/2023 - 10:29

- Vous verrez, c'est comme une maison comme dans les livres pour enfants.

Vera n'eut pas le temps de demander "C'est-à-dire ?" ou "Quelle sorte de livres : ceux avec des fées ou ceux avec des sorcières ?".

Finalement, elle haussa les épaules et chuchota pour elle-même "Nous verrons bien".

#CommeÀLaMaisons

Comment débuter cette chronique ?
Je ne vais pas vous rejouer le refrain "fan de" Emilie Chazerand.
Je crois que je l'ai usé jusqu'à la corde.
Alors oui, comment ?

Ce roman, La maison sous la maison, est spécial.

" (..) elle était spéciale comment ? Spéciale chouette ou spéciale bof, comme la pizza spéciale de la cantine, avec des coeurs d'artichaut dessus?"

Non, plus sérieusement (enfin pas trop quand même). Déjà, ce titre paraît dans la collection Grands formats illustrés des éditions Sarbacane dans laquelle on a pu découvrir La route froide de Thibault Vermot et Alex W.Inker (que j’ai adoré et chroniqué par ICI ) ou encore Violette Hurlevent de Paul Martin et Jean-Baptiste Bourgeois ( je ne ferai aucune comparaison avec ce titre, promis ! Et dont j’ai parlé par ) et Léo et la cité mécanique de Lorraine et Alice Darrow ( je n’ai pas encore lu ce roman mais il est tout en haut de ma PAL).

Et puis, il brille !! Non, sérieux, il est très beau ce livre. Un soin particulier a été porté à la couverture mais aussi aux illustrations intérieures réalisées par Marion Arbona. On se plonge encore plus intensément dans l'histoire.

Ah, et la meilleure raison, c’est que c'est Emilie Chazerand (que j’aime tellement que je l’ai dit une bonne centaine - j’exagère à peine - de fois et qui me fait mourir de rire à chaque fois et du coup ça fait beaucoup de fois que j’ai frôlé la mort) qui a écrit tout ça. Et les livres d'Emilie Chazerand, c'est la vie !

Bon, voilà. J’ai débuté ma chronique. Et j’espère juste qu’une fois que vous aurez fini de la lire, elle vous donnera envie de découvrir ce livre.

 

 

Intérieur

#DeQuoiÇaParle?

Albertine a onze ans et, elle aussi, est un peu spéciale. Elle entend la nature lui parler. Elle a d’ailleurs pour meilleure amie Paulette, un pilea, sympathique mais parfois susceptible. Et si Albertine préfère les fleurs et les arbres aux humains de son âge, c’est parce que ces derniers ne sont pas tendres avec elle, notamment l’horrible Serena qui semble ne vivre que pour se moquer d’elle. Même son diabète est source de moquerie !

“Cette voix sifflante de serpent venimeux, ce ton autoritaire…Serena !
Albertine eut envie de se cacher sous son lit mais Paulette soupira.
“Ce n’est qu’une fille, pas un cyclope, une ogresse ou un monstre des bois…”
Albertine pensa qu’elle aurait pu se trouver des tas de points communs avec un cyclope, une ogresse ou un monstre des bois, alors qu’avec Serena, elle était sûre d’en avoir zéro.”

Heureusement, il y a sa famille : Vera, sa mère joyeuse et bienveillante, Pierrot, son grand-frère ado (tout est dit) et “Barnabébé” qui est tout simplement trop mignon même s’il ne parle pas (Oui mais il parlera quand il aura quelque chose d’important à dire !).
La vie de cette famille bascule quand ils emménagent dans leur nouvelle maison. Spacieuse, joliment décorée et emplie de végétation, cette demeure est un cadeau du ciel que Vera a trouvé en répondant à cette étrange annonce :
 
“Vieille dame donne sa maisons
à la famille qui saura l’aimer,
l'écouter et en prendre soin.”

Là-bas, Albertine va d’emblée être prise d’assaut par la nature foisonnante qui ne cesse de lui parler, de l’interpeller. En descendant à la cave, elle découvre la porte d’un monde caché (et deux congélateurs), plein de fantaisie et de magie dans lequel elle a sans doute un rôle à jouer.
Bienvenue dans le Sous-Monde de la maisons ! Oh-la-laaaaaaa, vous allez adorer cet endroit ! Attention tout de même, il y a quelques règles à respecter.

 

Intérieur

#Oh-La-Laaaaaaa!

Ce roman est donc spécial comme son héroïne qui va nous entraîner dans une aventure drôle, émouvante, fantastique et bien plus profonde qu’il y paraît (et pas seulement parce qu’on va sous terre, sous la maisons).
(précision 1 : pas d’erreur avec le s à maison)

En surface, il y a cette formidable histoire de monde caché où vivent des êtres fantasques qui s’habillent de façon anarchique (costume d’Arlequin, combinaison de plongée, robe de mariée, marinière sur sarouel…) et des amimaux géants comme Marie-Christine, la limace (d’ailleurs, les humains ont des noms d’animaux et les amimaux des noms d’humains. Cela est très drôle mais en même temps, pourquoi pas ?), où l’on mange des mets étonnants, où l’on vit selon des règles bizarres…
Avec des yeux ébahis, on s’amuse des drôleries et excentricités du dessous. C’est tellement dépaysant. C’est féérique !
(précision 2 : pas d’erreur au m d’amimaux)

Et de fait, c’est là qu’est un des points forts du roman (il y en a beaucoup, je vais avoir du mal à tout lister). L’absurdité ou la fantaisie apparente du sous-monde est-elle fondée ? Pourquoi ne pas s’habiller comme on le souhaite ? Pourquoi ne pourrait-on pas donner des noms de tout à tout le monde ?
Et de fait, avec la comparaison des deux mondes, on réfléchit à tout un tas de choses. Albertine pose un regard émerveillé sur le monde de Merle (je ne vous ai pas parlé de Merle !!!) et inversement.
Tout semble extraordinaire quand il est inconnu et cela donne de beaux passages dans le texte.

“Merle, assise dans la remorque, la tête renversée en arrière, avait un peu le mal de ciel. Albertine l’entendit crier.
- Oh mais… qu’est-ce que c’est que ça ?! Quelque chose de doux et de frais et de fort en même temps me donne de grandes baffes… Ça rentre dans mon nez, comme de l’air !
Albertine se mit à rire, ce qui entravait un peu ses prouesses sportives.
- Hahaha ! C’est juste le vent, Merle !
(...)
Merle ouvrit de grands yeux heureux. Le vent ! Quelle merveille ! Comment pouvait-on être triste ou énervé, comment trouvait-on l’envie de faire des guerres, quand on connaissait la sensation du vent sur la peau?! Merle ne comprenait rien.”


Oui, Merle, quand même, j’aurais déjà dû en parler ! C’est la jeune fille que va rencontrer Albertine dans le Sous-Monde. Instantanément ou presque, elles vont devenir amies.
Ensemble, elles vont faire des allers-retours pour tenter de rattraper les “bêtises” d’une certaine personne. Elles vont créer une relation forte.

“Albertine se retourna et découvrit Merle, à l’entrée de la boutique. Elle portait le même pull en mousse des bois que l’autre jour, et puis une sorte de jupe de bonne soeur, mais Albertine lui trouva une classe folle !
Et même si ce n’était que la deuxième fois de leur vie qu’elles se voyaient, elles semblaient particulièrement heureuses de se retrouver.
C’est comme ça : l’amitié peut prendre son temps ou s’installer tout de suite. Celle de ces deux filles-là semblait pressée.”

Emilie Chazerand, avec le franc parler qu’on lui connaît, comme à chaque fois, nous propose un récit où l’humour, la tendresse, la magie côtoient la méchanceté, la bêtise. C’est toujours sur le fil.
Mais c’est dit.
Et c’est vraiment ça que j’aime avec l’autrice qui ne prend pas ses petits lecteurs pour des jambons.

Comme à chaque fois, elle ne s’interdit rien. La pathologie d’Albertine (le diabète) qui ne doit jamais au grand jamais se séparer de son sac banane banane (il y a un motif banane sur le sac banane), le harcèlement de Serena qui est vraiment détestable et très très odieuse avec notre héroïne, la famille recomposée d’Albertine avec ses deux frères (mention spéciale pour Barnabébé) de pères différents, le fait de grandir (notamment avec Pierrot qui devient ado et avec qui les relations changent), le respect de notre monde, de la nature, la difficulté financière, la mort aussi… C’est la vie et Emilie Chazerand la dépeint avec esprit, créativité et justesse.
C’est extrêmement riche. Bon décidément, il y a trop de choses dans ce livre, trop de trouvailles. Je ne peux pas tout dire. Il ne faut pas d’ailleurs.

Je m’arrête là.
Je suis emballée et j’espère que vous aussi désormais.
Vous l’aurez compris, c’est un roman que je vous conseille très très vivement sinon… Sinon quoi ? Oh-la-laaaaaaa !

Intérieur

#PourQui?

Pour ceux et celles qui aiment les aventures fantastiques.

Pour ceux et celles qui rêvent de mondes cachés et de magie.

Pour ceux et celles qui aiment la nature et les animaux.

Pour ceux et celles qui aiment les héroïnes courageuses et spécialement ordinaires.

Pour ceux et celles qui aiment l'humour et la fantaisie.

Pour tous et toutes à partir de 10-11 ans.

 

Intérieur

#Citations

(parce qu’Emilie Chazerand me donne le sourire à chaque page)

“Une odeur chaude et douillette comme une portée de chatons s’échappa aussitôt de la maison. Albertine, malgré ses onze ans révolus et alors qu’elle ne courait plus, eut envie d’y entrer au galop, pour inspecter chaque coin, chaque pièce, fouiller les tiroirs et les placards, soulever les tapis et secouer les rideaux.
Parce qu’elle le pressentait : cette maison avait un secret.”
 

“Mais tu sais, la vie, c’est pas comme tes cahiers de vacances : toutes les solutions ne sont pas fournies à la dernière page. Faut les chercher soi-même. C’est plus long et ça demande des efforts, mais après, qu’est-ce qu’on est fier !”
 

“Bon, ce n’était pas terrible, c’est vrai, mais les premières fois sont presque toujours ratées. Toutes les premières crêpes vous les diraient…”
 

“Est-ce qu’un paradis est toujours un paradis si on n’a pas le droit de le quitter ?”
 

“Je ne sais pas si vous l’avez déjà rencontrée, la Peur, mais ce n’est pas n’importe qui. Elle déboule toujours sans invitation, et occupe tout l’espace avec ses épaules carrées et ses gros souliers. Elle piétine vos certitudes, saute à pieds joints dans vos espoirs… En plus, elle est souvent accompagnée de sa meilleure copine, la Paralysie.”
 

“Coucou se rembrunit, ses yeux se remplir de larmes.
- Je veux aider, c’est tout ! Pas la peine de crier…
Elle se sentit comme le dernier trou de la flûte : négligée et inutile.”
 

 

Coup de cœur !
Illustrateur
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
384
Prix
16.90 €
Langue
Français

#VosCommentaires

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SWITCH SWITCH

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SWITCH SWITCH

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